De l’incarcération en Hongrie à la prison en Allemagne

de.indymedia.org / lundi 23 décembre 2024

De l’incarcération en Hongrie à la prison en Allemagne : la Cour fédérale impose la détention préventive pour Tobias E.

Après sa libération de prison en Hongrie, Tobias E., 29 ans, est de nouveau détenu. C’est le LKA [la police judiciaire ; NdAtt.] de Saxe qui est responsable de la suite de son incarcération*.

Le 10 décembre, le Berlinois Tobias E. aurait dû retrouver sa liberté : après presque deux ans de prison en Hongrie, son dernier jour de détention était en principe arrivé. Mais, peu avant sa libération de la prison municipale de Budapest, on lui a notifié un mandat d’arrêt européen qui, à la demande du LKA de Saxe, exigeait sa livraison aux autorités allemandes. Cette requête a été acceptée le 4 décembre par un tribunal hongrois, rapporte le Groupe de soutien aux accusé.es de l’ainsi-dite affaire des « antifas de Budapest ». Après que, le 20 décembre, il ait été livré à des fonctionnaires allemands, E. a finalement été présenté à un juge des libertés et de la détention de la Cour fédérale. Celui-ci a ordonné la poursuite de sa détention, préventive, en Allemagne.

Tobias E. a été arrêté à Budapest en février 2023, après avoir été mis en corrélation avec des attaques contre des extrémistes de droite, réelles ou supposés, dans le cadre des manifestations antifascistes à l’occasion du « Jour de l’honneur ». Le tribunal hongrois l’a d’abord condamné à trois ans de prison. Un procès en appel, après une déclaration au tribunal, a réduit sa peine à un an et dix mois, que E. a maintenant purgé.

Son refus de témoigner de manière exhaustive, dans le cadre d’un procès parallèle contre ses coaccusé.es, a provoqué d’autres problèmes à Tobias E., vis-à-vis des autorités hongroises. Appelé en tant que témoin, il a refusé de répondre à des questions qui auraient pu l’incriminer lui-même. Le tribunal a estimé qu’il s’agissait d’un manque de coopération.

D’autres antifascistes qui sont inculpé.es à Budapest en relation avec les manifestations contre le « Jour de l’honneur » subissent elles/eux aussi des pressions. Maja T., une personne transgenre, également mise ne cause, a été extradée vers la Hongrie l’été dernier. Là, elle se voit exposée à l’isolement, à des conditions insalubres, à un manque de soins et plus largement à de graves conditions de détention, que ses soutiens décrivent comme une « torture blanche ».

Hanna S., une autre inculpée dans l’affaire des « antifas de Budapest », est toujours en détention préventive, à Nuremberg, et sera jugée à partir de février, devant la Cour de protection de l’État du tribunal régional de Munich, pour tentative de meurtre, blessures graves et appartenance à une organisation criminelle. Ces accusations sont elles aussi en lien avec les événements de Budapest. S., en tant que membre d’un groupe d’ultragauche, aurait mené deux agressions contre trois personnes, considérées par le groupe comme « appartenant au milieu de l’extrême droite ».

Le fait que cette mis en état accusation soit acceptée est considéré par des observateurs comme une escalade politique. « Le tribunal semble délibérément exagérer les accusations, pour augmenter la pression sur les activistes », a déclaré Alex Schmidt, du groupe de soutien de Nuremberg. Le fait que S. ne soit pas extradée à Budapest, mais qu’elle soit jugée en Allemagne, contrairement à Tobias E. ou Maja T., a une raison simple : il n’y a pas eu de demande d’extradition, confirme la justice bavaroise.

 

* Note d’Attaque : selon la déclaration de son avocate, Tobias est inculpé en Allemagne dans l’affaire appelé « Antifa Ost », pour laquelle trois camarades ont déjà été condamné.es en juin 2023. Le parquet et la police saxonnes pensent que l’« association de malfaiteurs » dont les camarades feraient partie aurait participé aux attaques contre des néonazis, à Budapest, en février 2023.

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