Le Dauphiné Libéré / mercredi 26 juin 2024
Des canalisations protégeant des câbles électriques de 20 000 volts ont été sabotées par incendie dans la nuit de lundi à mardi en bordure de la RD 1532, à Noyarey. Des tags hostiles à la société voisine Lynred [entreprise qui fabrique des détecteurs infrarouges, notamment pour des systèmes d’armement ; NdAtt.] et évoquant la Palestine et la “Kanaky libre” ont été retrouvés à proximité.
Une nouvelle opération de sabotage d’installation électrique a été commise dans la nuit dans la région grenobloise au cours de la nuit de lundi à mardi, a appris Le Dauphiné Libéré de sources concordantes mercredi matin : sur la commune de Noyarey, des câbles électriques de 20 000 volts ont été incendiés en bordure de la RD 1532, les faits n’étant semble-t-il découverts que mardi en fin d’après-midi. Dans la nuit du 12 au 13 juin derniers, deux transformateurs électriques de 20 000 volts avaient été incendiés avenue du Grand Sablons à La Tronche et avenue de l’Europe à Grenoble, les sinistres privant de courant 2 000 particuliers et entreprises.
Selon nos informations, l’acte de sabotage ne fait aucun doute, d’autant plus qu’à quelques mètres des câbles endommagés ont été découvertes des inscriptions signant une forme de revendication sur un panneau de la Métropole souhaitant la bienvenue aux visiteurs du parc d’activité Actipole. Sous le mot Lynred barré d’une croix figurent les termes “Palestine Kanaky libre”. Si la défense de la Palestine et de la Kanakie (“Kanaky” étant le nom donné à la Nouvelle-Calédonie par les indépendantistes) sont des causes habituellement défendues par de nombreuses organisations de gauche et d’extrême gauche, Lynred fait référence à une société dont le siège se trouve à environ 1,5 kilomètre au nord du petit pont de la RD 1532, sur la commune de Veurey-Voroize.
En mars 2022, cette société fournissant des composants électroniques – le spécialiste européen de détecteurs infrarouges – avait été épinglée par le média en ligne Disclose, qui avait révélé que la France avait continué à livrer des technologies militaires de très haut niveau à la Russie entre 2015 et 2020. Parmi les bénéficiaires de ces contrats, Lynred, société soutenue par des fonds publics. Sollicitée par Le Dauphiné Libéré, la société avait indiqué qu’« aucun nouveau contrat n’a été passé avec la Russie depuis l’embargo de 2014. En matière d’exportations, Lynred se conforme strictement aux règles du ministère de la Défense ».
Il est probable que les auteurs du sabotage, qui avaient connaissance de l’accès aisé à cette ligne de 20 000 volts protégée par d’épais tubes, aient ainsi tenté de nuire à Lynred en s’attaquant à son alimentation électrique. Cependant, aucun élément d’information ne permettait d’affirmer ce mercredi que la société ait été touchée par une rupture d’approvisionnement.
Les enquêteurs de la gendarmerie ne vont pas manquer d’effectuer des rapprochements avec les attaques d’avril 2022 dans le Grésivaudan. Il y a deux ans en effet, une série d’actions de sabotage d’installation électriques attribuée à des groupuscules libertaires avait visé un poste RTE à Froges, des lignes électriques sous le pont de Brignoud qui traverse l’Isère entre Villard-Bonnot et Crolles, puis un poste source haute tension d’Enedis à Meylan. Les grandes entreprises de haute technologie du bassin de Crolles et Inovallée, l’un des principaux parcs technologiques de la région grenobloise, semblaient être les cibles principales des activistes.
Il est probable que ce nouveau dossier aille rejoindre l’information judiciaire ouverte à Grenoble sur ces différents faits ainsi que sur d’autres actions antérieures, qui n’ont jamais été élucidées. Selon nos informations, en cette période de très grande instabilité politique, ces attaques sont prises très au sérieux par les autorités ainsi que par les services de renseignements, qui craignent une multiplication d’actions de ce type au cours des prochaines semaines et des prochains mois.