Allemagne : Solidarité avec tou.tes les antifascistes incarcéré.es, recherché.es, en cavale et frappé.es par la répression

Kontrapolis / samedi 18 novembre 2023

Que s’est-il passé ?
Depuis 2019, le procureur général fédéral [compétent en matière de terrorisme ; NdAtt.] a ouvert une information judiciaire en vertu de l’article 129a du code pénal (association terroriste), contre un.e prévenu.e de Francfort-sur-le-Main. L’enquête porte sur une attaque contre la succursale de Leipzig de la Cour fédérale (Bundesgerichtshofs, BGH), dans la nuit de la Saint Silvestre, le 1er janvier 2019. Les résultats de l’enquête se font attendre

Les dépositions du traître Johannes Domhöver ont mené, en juin 2022, à plusieurs perquisitions domiciliaires et au fait que le cercle des inculpé.es dans cette procédure pour association terroriste s’est élargi à une personne de Berlin. En plus, les déclarations de Domhöver chargent l’inculpé.e berlinois.e aussi dans l’affaire Antifa Ost*, qui se fonde sur le chef d’inculpation défini par l’article 129 du code pénal (association de malfaiteurs). Nous nous sommes retrouvé.es en tant que comité de solidarité, pour soutenir la personne de Berlin inculpée dans la procédure pour association terroriste et accompagner politiquement la procédure, à l’avenir. Nous partageons cette tâche avec les comités de soutien des autres inculpé.es, de Francfort et de Leipzig [voir ici et ici], dans la procédure pour association terroriste. Nous les saluons chaleureusement, eux/elles et les inculpé.es !

Nous ne sommes pas les seul.es, malheureusement.
En mai de cette année, quatre antifascistes ont déjà été condamné.es à plusieurs années de prison dans le première procès Antifa Ost, au tribunal régional supérieur de Dresde ; des condamnations qui ont fait l’objet d’un appel. Pour la première fois, les autorités judiciaires ont utilisé avec succès l’article 129 du code pénal comme instrument juridique contre le mouvement antifasciste, car jusqu’ici les procédures contre des antifascistes fondées sur l’article 129 ont toujours été vaines. Les condamnations dans le procès Antifa Ost marquent un tournant. Il faut s’attendre à ce que, dans les prochaines années, l’État essaye de mettre en cause davantage d’antifascistes en vertu de l’article 129 du code pénal, association de malfaiteurs, et qu’il s’en prenne systématiquement à l’engagement antifasciste.

En sont un exemple les arrestations de plusieurs antifascistes par la police hongroise, à Budapest, en février 2023, à charge desquel.les les autorités judiciaires allemandes ont elles aussi ouvert une nouvelle enquête. Les interpellations ont eu lieu aux alentours du 11 février, lors de l’ainsi-dit « jour de l’honneur ». Depuis plus de six mois [neuf, maintenant ; NdAtt.], désormais, deux camarades, de Berlin et de Milan, sont en détention préventive à Budapest et il/elle risquent des longues peines de prison. D’autres camardes font l’objet d’un mandat d’arrêt en Hongrie et en Allemagne et la justice enquête sur d’autres camarades encore**. Entre-temps, les enquêtes de la police hongroise sont terminées.
Dans ce contexte, depuis février 2023, des nombreuses perquisitions domiciliaires ont eu lieu chez les inculpé.es et chez leurs proches. Les enquêtes menées par les autorités allemandes visent des jeunes à qui l’on reproche de faire partie d’un réseau qui aurait mené des actions militantes contre des nazis. Selon les enquêteurs, en ce moment ces camarades sont introuvables. Une partie de la presse mène une campagne de dénigrement et fantasme sur un « danger venant de la clandestinité » [voir ici]. En suivant les directives des LKA, du BKA et des VS***, la presse bourgeoise parle d’une cellule clandestine qui est en train de se radicaliser. Il nous semble évident que cela sert de justification pour leurs propres méthodes d’enquête. Enfin, ils ont lancé un avis de recherche publique à l’encontre d’un antifasciste, entre autre par le moyen de gros panneaux publicitaires, ce qui constitue une nouvelle dimension dans la répression contre le mouvement antifasciste [voir ici et ici].
Mais personne ne mentionne le fait que tou.tes les camarades qui sont sous enquête dans cette procédure risquent une extradition vers l’Hongrie. Et c’est là-bas qui auront lieu les détentions préventive, le procès et, dans le pire des cas, des peines de plusieurs années de prison.

Cependant, les autorités du Land de Saxe, avec le Soko LinX****, ne sont pas les seules à s’engager dans des mesures répressives de grande ampleur contre les antifascistes.
Deux camarades de Stuttgart purgent en ce moment des peines de plusieurs années de prison.
L’un.e des inculpé.e, désormais condamné.e, dans le procès pour la nuit d’émeutes de Stuttgart a décidé, selon sa propre déclaration, de se mettre au vert et de se soustraire à l’exécution de sa peine [voir ici].
À Nuremberg, le 11 octobre, il y a eu des perquisitions domiciliaires chez six antifascistes. Les flics enquêtent en vertu de l’article 129 du code pénal, à cause de tags qui « exaltent le mouvement antifasciste ».

On ne peut pas ignorer que l’engagement antifasciste est criminalisé peu importe la forme qu’il prend. À cela il faut opposer un engagement antifasciste et une solidarité conséquents. Nous envoyons de la force et des salutations résistantes à tou.tes les antifascistes incarcéré.es, recherché.es, en cavale et frappé.es par la répression. Que ce soit lors des perquisitions, en cavale, en exil ou derrière les barreaux, vous n’êtes pas seul.es !

Comité de soutien de l’inculpé.e berlinois.e
dans la procédure pour association de malfaiteurs/association terroriste

contact : soligruppe-berlin AT riseup.net

 

Notes d’Attaque :
* une affaire répressive par laquelle la justice du Land de Saxe (dans l’est du pays) accuse quatre antifas d’une série d’agressions contre des nazis, entre 2018 et 2020. Le procès en première instance s’est soldé en mai 2023 avec des peines allant de deux ans et demi à cinq ans et trois mois de prison.
** Le 21 novembre 2023, la police a arrêté un camarade italien, à Milan, suite à un mandat d’arrêt européen délivré par la justice hongroise, dans cette même procédure.
*** Respectivement les Landeskriminalämter (les services de police judiciaire de chaque Land), le Bundeskriminalamt (la police judiciaire fédérale) et les Verfassungsschutz (les différents services de renseignement, fédéral et de chaque Land).
**** Service du LKA de Saxe, crée en 2019 et chargé des enquêtes sur ce que politiciens, flics et journalistes appellent le « milieu extrémiste de gauche ».

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