Russie : Résistance radicale (15-22 novembre 2022)

Dark Nights / vendredi 25 novembre 2022

Vladivostok

Le 16 novembre, un colonel qui travaillait avec les hommes mobilisés a été trouvé dans son bureau, tué par balle.

Des témoins ont entendu cinq tirs. La première personne qui est accourue dans le bureau a été l’officier de permanence, qui a vu le cadavre du colonel avec des blessures de balles à la poitrine. Les enquêteurs ont trouvé cinq douilles et quatre pistolets Makarov. Aucune lettre de suicide n’a été trouvée.

Le colonel Vadim Boyko était le directeur adjoint de l’Haute École Navale du Pacifique, chef du département de soutien technique.

 

Rostov-sur-le-Don

17 novembre. Pendant la nuit, un.e guérillero.a non identifié.e a endommagé huit voitures de la police, dans le quartier de Zheleznozhozhny. Toutes les voitures ont eu les vitres brisées.

 

Novossibirsk

Le 18 novembre, des anarchistes ont détruit une camera de surveillance
extérieure, à Novossibirsk.

 

Moscou

Le 21 novembre, un entrepôt du Ministère de l’Intérieur a brûlé à la gare de Moscou-Leningradskaya. L’entrepôt se trouvait à 10 mètres d’un bâtiment appartenant au Ministère de l’Intérieur. Quand le feu a commencé à se propager, les employé.es se sont enfui.es, mais il y a eu des dégâts matériaux énormes : des dizaines d’imprimantes et de scanners, 50 chaises, 20 fauteuils, 10 tables et deux climatiseurs (et aussi tout un simulateur sportif et un tas de gants et de masques) ont brûlé. Une enquête criminelle a été ouverte.

Groznyj

Le 21 novembre, un homme téméraire a attaqué un inspecteur de police avec un couteau, pendant la prière. Le partisan l’a attaqué par derrière, alors que le serviteur du régime faisait ses ablutions, et l’a envoyé chez Allah à coups de couteau.

Ensuite, l’assaillant a saisi l’arme de service du policier, mais il n’a pas pu l’utiliser parce qu’il a été frappé à mort par des tirs des collègues du flic. La mort de l’assaillant a été reportée par Ramzan Kadyrov [le « boucher de Groznyj », qui dirige cette république de la Fédération Russe ; NdT] lui même. L’identité de l’assaillant n’a pas été établie et il a très probablement agi seul.

Ce n’est pas la première attaque contre des fonctionnaires de police, à Groznyj. En particulier, le 28 décembre 2020, deux policiers ont été pris par cible, dans le centre de la ville, par des individus armés de couteaux, qui ont essayé de leur dérober leurs armes. En conséquence de cette attaque, l’un des policiers est mort et un autre à été blessé et ensuite hospitalisé. Les deux attaquants ont été tués.

Le 17 décembre 2020, la commission d’investigation a ouvert une autre enquête, pour une attaque contre des policiers dans le district de Kurchaloysky, en Tchétchénie. Selon les premières éléments de l’enquête, l’attaque a eu lieu vers 1 heure du matin, le 17 décembre, après que deux hommes dans une voiture VAZ-2114 [de la marque Lada ; NdT] ont fait un refus d’obtempérer. Pendant la course-poursuite, les fuyards ont ouvert le feu sur les policiers avec un fusils d’assaut ; ils ont été tués par le feu de riposte.

 

Représailles

Irkutsk

Un partisan de la guerre du rail a été incarcéré à Irkutsk. On rapporte qu’il avait relié deux rails avec du fil en cuivre, dans le but d’interrompre la circulation ferroviaire. Il avait aussi attaché aux rails des feuilles d’un cahier d’écolier, avec un message au « contenu extrémiste ».
Apparemment, c’est la raison pour laquelle ils l’ont retrouvé. Le guérillero s’est révélé être Ilya Podkamenny, 18 ans, qui travaille pour la chaîne Subway. Il risque quatre ans de prison pour « appel public à une activité extrémiste ».

 

Krasnoobsk

Des le 30 septembre, des guérillero.as non identifié.es ont mis le feu à une banderole de propagande à Krasnoobsk, dans la région de Novossibirsk. Deux semaine après, des hommes masqués non identifiés ont saisi Dmitry Karimov, 22 ans, alors qu’il allait à l’université, l’ont fait monter dans une voiture et l’ont amené dans un bois. La, ils l’ont frappé avec un taser et l’ont menacé de « lui tirer dessus, selon les lois de temps de guerre » s’il n’avouait pas d’avoir mis le feu à la banderole. Après cette « conversation », l’étudiant s’est retrouvé avec des bleus, des abrasions et des brûlures. Sous la pression des menaces, le jeune a confessé cet incendie et d’autres, au cours des mois d’août et de septembre. Une procédure pénale a été ouverte contre Karimov, sur la base de ce « témoignage ». Le jeune homme a un handicap, à cause
d’une perte de l’ouïe, et souffre depuis l’enfance d’altérations des
fonctions du système nerveux central.

 

Krasnodar

Les enquêtes à Krasnodar ont mené à des accusations de terrorisme contre
Oleg Vazhdaev, un partisan qui, dans la nuit du 25 septembre, a essayé de mettre le feu, avec deux cocktails Molotov, au bureau d’enregistrement et d’enrôlement de l’armée, dans la rue Yana Poluyan. Au début, l’incendie a été défini comme une destruction qualifiée et préméditée de biens privés (art. 167 du Code pénal), mais entretemps, sur demande du FSB, et à huis clos, l’acte de ce héros du peuple a été ré-classifié comme « attaque terroriste » (part. 1 de l’article 205 du Code pénal). Le tribunal a aussi renouvelé la détention de Vazhdaev, en isolement à cause de l’enquête en cours.

Le combattant de la guérilla lui-même ne nie pas avoir essayé de mettre le feu au bureau d’enregistrement militaire : il voulait sauver des membres de sa famille et des amis de la mobilisation. Hélas, une des bouteilles qu’il a lancé s’est enflammée devant le bâtiment et l’autre ne s’est pas cassée. L’homme a été effrayé par une patrouille de cosaques et le 29 septembre Vazhdayev a été arrêté et ensuite emprisonné.

 

L’affaire de Ruslan Zinin

Maria Savkina, juge du tribunal de Oust-Ilimsk dans le district de Kirovsky, a prolongé jusqu’au 26 février la période de détention préventive de Ruslan Zinin.

Ruslan et son avocat, Roman Razvozzhayev, ont demandé qu’il soit placé
aux arrestations domiciliaires.

On rappelle que, le 26 septembre, Ruslan Zinin est allé au bureau d’enregistrement et d’enrôlement de l’armée de Oust-Ilimsk avec un fusil à canon scié, après que son cousin a été mobilisé. Après avoir parlé à l’officier du bureau d’enregistrement de son ami qui était tombé début mars, Ruslan lui a tiré dessus à deux reprises.

Ruslan est mis en cause en vertu de l’article 317 du Code pénal : « Atteinte à la vie d’un agent de police ». Nous considérons que cette accusation est privé de fondement, puisque cet article peut concerner aussi les atteintes contre des militaires, mais seulement quand ils sont engagés dans des tâches d’ordre public. En ce cas, l’officier militaire était évidemment engagé en tout autre chose.

En vertu de l’article 317, Ruslan risque de 12 à 20 ans de prison, ou même la perpétuité.
Peu importe que l’officier blessé, Yeliseyev, ait survécu.

Un extrait d’une lettre de Ruslan :
« Ce jour là (le 26 septembre) je suis allé au bureau d’enregistrement militaire avec la certitude que je pouvais empêcher que mon jeune frère soit mobilisé, comme le voulait l’appel qu’il avait reçu la veille. J’étais aussi, jusqu’à la fin, absolument sûr que je n’aurais blessé personne. Depuis que j’étais un petit garçon, je suis catégoriquement contre la violence. […]

J’avoue aussi que j’ai encore des cauchemars où je vois la photo posthume de mon camarade d’école, un soldat appelé, de 18 ans, mobilisé en novembre 2021 et tué en mars 2022, le premier jour de l’invasion. En imaginant pour un instant que je pourrais un jour, Dieu ne le veuille pas, voire quelqu’un de ma famille dans la même situation, j’ai compris que je ne pouvais pas continuer à vivre sachant que je n’avais rien fait pour l’éviter et j’étais prêt à me jeter sous un char d’assaut à mains nues, pour chacun de mes frères. J’en ai trois. Simplement pour ne pas voir le deuil et les larmes de ma famille […] ».

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