Indymedia Lille / mercredi 11 mai 2022
Communiqué de prisonnier-e-s anarchistes et subversifs/ves
Unissant les volontés et les consciences pour la remise en liberté du compagnon Marcelo Villarroel Sepúlveda.
« Personne ne pourra effacer l’histoire de résistance offensive à l’extérieur et à l’intérieur des prisons chiliennes parce que des centaines de compagnon-ne-s et de complices du monde entier y mettent toute leur persévérance, luttant sans trêve ni repos jusqu’à voir tomber le dernier bastion de la société carcérale. »
-Clarifications nécessaires sur la prison politique dans le chili d’aujourd’hui…- divers réseaux affines. Février 2022.-
Il y a un an de cela, à la même date, nous étions en train de mener une grève de la faim qui a duré 50 jours pour exiger la dérogation des modifications du Décret-Loi 321, l’annulation des sentences du parquet militaire et par là même la remise en liberté de notre compagnon Marcelo Villarroel.
Aujourd’hui, nous donnons un nouvel élan à cette lutte, toujours d’actualité, en gardant comme priorité collective la libération de Marcelo, celui-ci concentrant en sa personne d’évidentes et inacceptables aberrations juridiques qui piétinent la légalité même du Pouvoir.
Marcelo a été arrêté en mars 2008 en Argentine où il a passé 22 mois en prison avant d’être expulsé au Chili, et aujourd’hui, alors qu’il lui reste un peu plus d’un an et demi à purger de sa peine de 14 ans pour deux braquages de banques réalisés en 2007, le compagnon est en outre incarcéré pour un ensemble de peines datant du début des années 90, prononcées par les parquets militaires de pinochet, et qui s’élèvent à plus de 46 ans de taule. Ce faisant, ils prétendent l’enterrer en prison à perpétuité dans l’inacceptable silence complice de toutes les structures représentant l’engrenage politique, juridique, policier, pénitentiaire de l’état chilien.
Actuellement, tandis que le gouvernement en place parle de la « fin de la transition », il semblerait que la justice militaire n’existe pas, se voyant remise en question au niveau international et par de larges secteurs politiques et sociaux dans ce pays, mais tout cela n’est que virtuel, puisque en réalité la botte militaire reste bien présente, comptant sur la complicité de beaucoup et gardant prisonniers des révolutionnaires, ce qui met en évidence dans les faits la continuité perverse de la dictature civique- militaire de l’époque.
Cela fait déjà 14 ans que Marcelo est emprisonné de manière ininterrompue et en prenant en compte ses peines précédentes, nous faisons le constat que le compagnon a déjà passé presque 27 années de sa vie en prison. Mais même ainsi, le Pouvoir, démontrant clairement sa volonté de vengeance, prétend prolonger son incarcération, en l’occurrence en utilisant la si mal famée et si néfaste justice militaire.
Malgré les conditions adverses marquées par des décennies d’enfermement en régimes de haute sécurité et de sécurité maximale, Marcelo Villarroel est toujours resté actif et présent dans les différents et changeants contextes de lutte.
Il a été un membre actif de l’organisation désormais disparue Mapu-Lautaro pour laquelle il traîne des peines aujourd’hui encore, pour des faits s’étant produits il y a plus de 30 ans. Il a ensuite fait partie du noyau fondateur du Kollektif Kamina Libre dans les prisons de la transition démocratique du capital qui a réalisé de manière collective de nombreuses grèves de la faim, mutineries et mobilisations, celles-ci se concluant par la sortie de la totalité des membres de Kamina Libre entre 2002 et 2004.
Ses multiples réflexions subversives, autonomes et anarchistes ont constitué un véritable apport pour le débat et les pratiques anti-carcérales aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la prison, démontrant que le la prisonnier-e est un-e compagnon-ne qui se trouve temporairement dans une situation d’enfermement à partir de laquelle il/elle participe et contribue à la lutte.
C’est dans ce sens que s’est créée une solidarité combative entendue comme une relation réciproque qui comprend aussi bien le/la prisonnier-e que les milieux solidaires dans la rue, et où le compagnon a été et reste partie prenante de cette construction constante qui combat les pratiques victimistes et assistentialistes tellement dommageables pour diverses initiatives de lutte pour la libération des prisionnier-e-s politiques de la guerre sociale, de la révolte et mapuche.
Dans ces temps où le Pouvoir se restructure en prétendant montrer son visage aimable, nous poursuivons et nous fortifions ce chemin de confrontation en ayant collectivement pour objectif, en tant que prisonnier-e-s anarchistes et subversifs/ves, la libération de notre compagnon Marcelo Villarroel.
Nous reconnaissons et nous considérons comme l’une des principales contradictions politico-judiciaires actuelles, le maintien et l’application des sentences de la justice militaire, c’est pourquoi nos efforts, en utilisant toutes les formes de lutte, se concentrent aujourd’hui sur l’annulation de ces condamnations, ce qui permettrait la sortie immédiate de prison de Marcelo. C’est en outre effectivement le prisonnier politique qui a purgé le plus d’années dans les prisons de l’état chilien et cela ne peut être laissé de côté.
En partant de la base que nos prisonnier-e-s sont les compagnon-ne-s qui nous manquent dehors, nous lançons un appel à mettre en pratique la solidarité combative et sur tous les plans pour permettre de sortir Marcelo de ce déjà long enfermement, en utilisant toute notre imagination et les moyens à notre portée pour éliminer une fois pour toute la néfaste justice militaire, ses sentences et son legs terrifiant dans l’histoire récente de ce territoire.
Nous en appelons fermement et avec une complicité fraternelle à toutes celles et ceux qui ont encore clairement conscience du caractère juste de cette lutte nécessaire faisant partie de la bataille pour combattre la perpétuité vengeresse des peines imposées par le pouvoir à nos compagnon-ne-s de lutte.
Nous saluons avec une joie profonde la récente remise en liberté du Compagnon Pablo Bahamondez, « Oso », et l’annulation de la procédure judiciaire à son encontre qui met en évidence la manière dont le pouvoir maintient des compagnon-ne-s en prison des années durant pour ensuite prononcer des non-lieux dans des procédures complètement illégales dont personne n’assume la responsabilité y compris avec les années d’incarcération qu’elles impliquent.
À tous les espaces anti-carcéraux, à nos réseaux proches, aux radios et plateformes de diffusion et de contre-information, aux collectifs, cellules et noyaux affines, aux bibliothèques, éditions, publications et aux espaces okuppés, aux brigades de peintures murales, ateliers, groupes de musique et créateurs/trices multiformes, aux compagnon-ne-s et frères et sœurs de lutte et rebelles et de tous les territoires, nous vous invitons à affronter ensemble cette bataille urgente et inévitable.
– ANNULATION DES SENTENCES DU PARQUET MILITAIRE POUR MARCELO VILLARROEL !
LIBÉRATION IMMÉDIATE !
– UNISSANT LES VOLONTÉS ET LES CONSCIENCES POUR LA REMISE EN LIBERTÉ DU COMPAGNON MARCELO VILLARROEL !
– PRISIONNIER-E-S SUVERSIFS/VES, ANARCHISTES ET MAPUCHE HORS DES PRISONS MAINTENANT !
– MORT À L’ÉTAT ET VIVE L’ANARCHIE !
– TANT QU’IL Y AURA DE LA MISÈRE, IL Y AURA DE LA RÉBELLION
Mónica Caballero Sepúlveda
Prison pour femmes de san Miguel, Santiago.
Francisco Solar Domínguez
Module 2 de sécurité maximale de la prison-entreprise de Rancagua.
Joaquín García Chancks
Juan Aliste Vega
Marcelo Villarroel Sepúlveda
Module 1 de haute sécurité de la prison-entreprise de Rancagua.
1er mai 2022
Mois de lutte jusqu’à détruire le dernier bastion de la société carcérale !
En mémoire de Mauricio Morales !