Rome (Italie) : Un gros pétard contre l’ambassade de Biélorussie

Il Rovescio / vendredi 25 mars 2022

Lors d’une froide nuit de mars, nous avons lancé un gros pétard contre l’ambassade de Biélorussie, via delle Alpi Apuane, dans le quartier de Montesacro.

Nous savons que les agences de presse ont avancé l’hypothèse que ce geste puisse être lié à la connivence du régime biélorusse avec celui au pouvoir en Russie, dans la guerre en cours en Ukraine. Il ne s’agit pas seulement de ça. Le servilisme de Loukachenko, dictateur de ce pays depuis 1994, vis-à-vis de son ami Poutine est indéniable ; mais malgré cela il nous semble évident que cette guerre, comme c’est toujours le cas lors d’affrontements entre États, avec leurs intérêts respectifs, est une guerre entre grandes puissances, qui a pour but de redéfinir de nouveaux équilibres géopolitiques, pour se partager d’anciennes/nouvelles sphères d’influence économique, militaire et politique. La responsabilité de cette guerre imbibée de sang et porteuse de mort incombe autant à la Biélorussie qu’à l’Europe, à l’OTAN, à la Russie et au gouvernement ukrainien lui-même. Il n’y a aucune possibilité de choisir un camp, dans ce genre de guerre, si ce n’est aux côtés de ceux qui désertent, de ceux qui résistent et contre-attaquent les véritables ennemis.

Le régime autoritaire de Loukachenko s’est rendu responsable, entre autres, de la brutale répression des révoltes qui ont éclaté en Biélorussie, de façon spontanée et décentralisée, au lendemain de son énième « réélection », en août 2020. Après des milliers d’arrestations, les passages à tabac, les viols, quelques assassinats, quand bon nombre des révolté.e.s les plus actif.ve.s étaient déjà en prison ou obligé.e.s de s’enfuir à l’étranger, le régime a changé de stratégie, en laissant la possibilité de tenir des grandes manifestations hebdomadaires, mais dans la seule capitale, Minsk, tandis qu’il écrasait les exemples d’auto-organisation en province. Le mythe de la protestation pacifique et les sirènes récupératrices de la non-violence ont fait le reste : la conviction que des cortèges de masse auraient contraint Loukachenko à abdiquer son trône ont fini par éteindre l’étincelle qui avait allumé la rage de beaucoup de monde.

Depuis des nombreuses années déjà, les milieux anarchistes biélorusses étaient dans le viseur de la répression du régime et quand les révoltes ont commencé, des nombreux.ses compas en cavale à l’étranger ont décidé de revenir et de lutter, en formant leurs groupes. Parmi eux Igor Olinevich, Dmitry Rezanovich, Segej Romanov et Dmitry Dubovsky, quatre compagnons qui ont été arrêtés à l’automne 2020, près de la frontière avec l’Ukraine, sur ordre du KGB biélorusse, et qui ont été torturés pour qu’ils signent des confessions. Après un procès-farce, ils ont été condamnés à des peines allant de 18 à 20 ans de prison pour possession d’armes et actes de terrorisme, suite à des attaques incendiaires contre des voitures et des bureaux appartenant aux forces de la répression. Il s’agit des peines les plus lourdes jamais prononcées dans la Biélorussie post-sovietique.

Notre action est dédiée à eux, ainsi qu’à tou.te.s les compas qui continuent à lutter à l’intérieur et à l’extérieur des prisons.

Pour les prisonniers tués pendant les révoltes de mars 2020 dans les taules italiennes, qui crient encore vengeance.

Pour la solidarité internationale !
Pour l’anarchie !

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