Indymedia Lille / samedi 12 mars 2022
Dans la nuit du 11 mars, anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon en 2011, nous avons fait une série de graffiti/tags le long de la voie ferrée désaffectée Bar-le-Duc / Ligny / Gondrecourt, qui fait partie du projet d’enfouissement nucléaire CIGÉO. Dans le village au nom ironique « Les Castors », près de Ligny-en-Barrois, nous avons saboté la voie avec des crics pour contrer les travaux prévus pour sa réaffectation. Notre action est une petite contribution dans le cadre de la journée nationale d’action contre la relance du nucléaire et pour la fin immédiate du nucléaire, journée à laquelle nos amies de Golfech ont appelé ce 13 mars.
Le nucléaire ne sauvera pas le climat !
Fin 2021, 10 ans après Fukushima, le gouvernement Castex/Macron a présenté le programme de transition énergétique « France 2030 ». Au delà de l’annonce pro-industrielle en mode greenwashing sur la mobilité électrique ou la création de parcs éoliens industriels, « France 2030 » est avant tout une chose : l’annonce du renforcement massif du programme électronucléaire français. Il s’agit de la construction d’au moins 6 nouveaux EPR, de l’investissement dans de dits mini réacteurs – qui sont en ce moment développés, entre autres, par le constructeur d’automobiles et d’armement Rolls Royce – et du lancement de la construction de CIGÉO d’ici 2030.
Dans le même temps, la commission européenne a présenté un projet de loi pour le renouvellement de la « taxonomie verte », suite notamment à la pression de l’État français. Cela voudrait dire que le nucléaire serait désormais considéré comme une énergie verte. Une ratification de cette proposition, signifierait que le fonds d’investissement pour la neutralité climatique pourrait à l’avenir subventionner le nucléaire. L’une des conditions à cela serait de démontrer que le stockage des déchets nucléaires est une option qui fonctionne. Une décision rapide à ce sujet est improbable suite à l’annonce de recours juridiques faits par plusieurs états européens.
Nous le disons de manière claire : une transition énergétique qui continue de garder comme boussole la croissance économique et les profits des industriels ne vaut même pas le papier sur lequel elle sera écrite. Il est complètement égal pour nous de savoir si la planète est détruite par l’émission de CO2, l’empoisonnement atomique ou la guerre, l’intoxication de l’eau potable ou d’autres misères que le système capitaliste engendre.
Nous nous opposons à la tentative d’opposer le mouvement pour le climat et le mouvement antinucléaire. Les buts des mouvements écologistes sont inséparables ! Un compromis avec les structures du pouvoir économique tendant à « rendre la Terre juste un petit peu moins inhabitable » n’est pas acceptable.
Le mensonge du nucléaire écologique est aussi vieux que le programme nucléaire et a été contré par les scientifiques à mille reprises. Même si l’utilisation de l’uranium comme source d’énergie n’émet pas beaucoup de CO2, cela n’est pas vrai pour son extraction qui est faite dans des mines et à l’aide de charbon. C’est faux également pour son transport par bateau avec des carburants fossiles. Pour considérer l’uranium « vert », il faut mettre de côtés tous les effets de son extraction, l’empoisonnement radioactif du sol et de l’eau, la radiation permanente émise par les réacteurs et autres fabriques nucléaires en temps dits normaux et les suites d’un possible accident. Un autre angle mort de ce calcul est bien sûr l’impossible gestion des déchets de la filière : le stockage de déchets radioactifs pour des milliers d’années !
Nous nous sentons obligé·es de dire aux habitant·es du sud Meuse : « Non, vous n’êtes pas les heureux·ses élu.es, choisi·es pour héberger CIGÉO, le cœur d’une transition écologique. Vous êtes d’acceptables dommages collatéraux de la catastrophe nucléaire en cours. Vos vies sont les pertes acceptables des intérêts de la politique économique. Ce n’est pas la première fois que vous avez été choisi·es dans l’histoire pour servir de poubelle de la nation. »
SNCF = collaborateur du désastre nucléaire !
Contexte global :
La chaîne entière de la production de l’uranium, son enrichissement, son utilisation civile et militaire et jusqu’à son entreposage rend nécessaire le transport constant de l’atome. Des attaques sur l’entreprise étatique de voies ferrées SNCF sont politiquement pertinentes car elle remplit un rôle central dans le fonctionnement du programme nucléaire. C’est stratégiquement pertinent car le transport est le maillon le plus faible de la chaîne de production nucléaire et offre beaucoup de possibilités au mouvement, au delà des sites qui, pour la plupart, sont sécurisés de façon militaire.
Contexte local :
Alors que les compagnies de chemins de fer s’efforcent de supprimer progressivement les trajets non rentables, c’est dans le sud meusien, dans la région la moins peuplée du pays, que la ligne Bar-le-Duc / Ligny / Gondecourt sera remise en service. Avec l’aide des acteurs politiques locaux, cela est vendu à la population comme une sorte de renforcement de l’infrastructure de transport public. La seule vraie raison de cette remise en service est pourtant le futur projet CIGÉO. Depuis la plateforme logistique de Gondrecourt, l’ANDRA planifie de démarrer les travaux de raccordement au centre d’enfouissement de Bure d’ici 2024. La section de raccord géré par la SNCF est une base centrale pour le transport des déchets radioactifs par le rail. Si la voie est un jour ouverte aux usages civiles, ce sera avant tout pour augmenter l’acceptation de la population locale et la lier encore plus au projet CIGÉO.
Nous appelons à attaquer les chantiers de ce raccordement dès le début et en amont des travaux ! Nous appelons à des actions décentralisées le jour J, jour du début des travaux physiques sur le tronçon, actions qui viseraient le matériel de la SNCF et de ses succursales ainsi que les entreprises participant aux travaux, les désignant ainsi pour ce qu’ils sont : des acteurs de l industrie atomique.
Les trois brigantes