Paris : Un cocktail Molotov sur le centre culturel russe

Le Parisien / lundi 7 mars 2022

La Maison russe des sciences et de la culture, une entité culturelle considérée proche du pouvoir russe de Vladimir Poutine, a été la cible de cocktail molotov, « un engin incendiaire », précise une source proche du dossier. Les faits ont eu lieu cette nuit de dimanche à lundi, à 2h45 du matin.
Un ou des individus ont visé les panneaux et la grille de l’entrée du centre, situé au 61, rue Boissière (XVIe), dans le quartier Victor-Hugo, sorte de bel hôtel particulier, au statut diplomatique.

C’est un agent de sécurité du centre qui a donné l’alerte et appelé la police. « Des morceaux de verre et du liquide ont été retrouvés sur le sol, précise cette source policière. Un panneau d’affichage d’environ 40 cm a été légèrement fondu et noirci sur la partie haute. »

Une poubelle à côté a été également incendiée. L’enquête de dégradations volontaires commises par jet de projectiles, confiée au Service de nuit du 1e district a été reprise par le commissariat du XVIe. Les images de vidéo surveillance de la rue devaient être visionnées.

Il n’y a pas eu de blessés, pas non plus d’interpellations. L’un des porte-parole de la diplomatie russe a dénoncé ces dégradations. Ce n’est pas la première fois que la communauté russe, ses bâtiments emblématiques de Paris, sont visés.

La semaine dernière, dans la nuit de mercredi à jeudi, les murs du conservatoire russe Alexandre Scriabine et de représentations militaires et diplomatiques ont été également dégradés. Dimanche 27 février, des tags anti-Poutine ont été retrouvés sur la façade de la grande église russe de Paris, quai Jacques-Chirac (VIIe). La veille, le bâtiment avait déjà été tagué d’un « Poutine criminel », aussitôt effacé.

 

Et le corps diplomatique se cache derrière la police

Le Parisien / mardi 8 mars 2022

Les consignes ont été rappelées aux directeurs de la police de l’agglomération parisienne lundi matin lors de la réunion hebdomadaire. Quelques heures après le jet d’un cocktail molotov sur la Maison russe des sciences et de la culture à Paris (XVIe), il faut plus que jamais surveiller et faire remonter tout incident lié aux sites concernant de près ou de loin la Russie ou l’Ukraine.

Selon nos informations, près de 70 bâtiments (principalement russes) font l’objet d’une attention particulière à Paris, dans les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis depuis l’invasion de l’Ukraine. Des bâtiments diplomatiques, évidemment, mais aussi culturels, scolaires, cultuels, médiatiques, commerciaux…

Les services spécialisés de la préfecture de police et l’ensemble des commissariats sont mobilisés. Les ordres sont simples : patrouiller, se montrer et prendre contact éventuellement avec les responsables. Chaque véhicule stationné à proximité d’un site sensible fera l’objet d’une attention particulière. « Il y a un risque sérieux, confie un responsable de la police parisienne. Nous ne prenons pas du tout la situation à la légère. »

[…] Au-delà de l’aspect policier, certains sites concernés prennent déjà des précautions pour augmenter le niveau de sécurisation. C’est le cas notamment à l’ambassade de Russie, un bâtiment aux proportions monumentales qui s’étend sur 150 mètres de long. À Paris, l’édifice, qui rappelle le style soviétique, est situé boulevard Lannes (XVIe) juste devant le périphérique, entre le stade de la Muette et la piscine Montherlant.

De la peinture bleue, jaune et rouge a été jetée sur l’une des façades du bâtiment en milieu de semaine dernière, selon plusieurs riverains. Encore visibles, « les taches ont été en grande partie nettoyées », explique Chloé. Un dessin anti-Poutine a également été inscrit sur un compteur de gaz en face du site.

Si les dégradations restent légères, le phénomène est en tout cas pris au sérieux. Dans ce quartier très calme du XVIe, le dispositif de sécurité a été renforcé dès le lendemain de la manifestation du 24 février qui avait réuni quelques centaines de personnes, d’après les habitants.

Des barrières ont été installées tout autour du bâtiment et de l’autre côté du boulevard Lannes. Sur le trottoir qui longe l’ambassade, l’accès est lui complètement interdit. Alors qu’un arrêt de bus du PC est situé à cet endroit-là, les usagers doivent passer par la route pour l’emprunter.

Deux voitures de police sont postées de chaque côté et les forces de l’ordre contrôlent les accès. « On fait attention à cause des événements en ce moment », indique une policière sur place. La rue Gérard-Philipe et les avenues du Maréchal Fayolle et Chantemesse qui encerclent le bâtiment sont également fermées aux piétons et aux voitures.

Selon Édouard qui réside juste en face du site, « les policiers n’étaient pas là avant, ça fait une dizaine de jours qu’ils sont présents de jour comme de nuit ». Il a également aperçu « d’autres personnes venues dénoncer l’invasion russe mais elles ont été empêchées par les forces de l’ordre ». Tout s’est déroulé dans le calme selon le jeune homme, « juste quelques tags ont été inscrits sur des panneaux mais tout a disparu ». Toutefois, il n’est pas inquiet, « le quartier est toujours aussi calme ».

L’ambassade russe à Paris

La cathedrale de la Sainte-Trinité de Paris (orthodoxe russe)

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