athens.indymedia.org / mercredi 8 décembre 2021
Nous vivons dans une période où ce n’est pas facile de faire des manifestations sans être attaqué.e.s par les flics. La raison est qu’ils ne veulent pas fermer les rues au flux des intérêts commerciaux, mais ils veulent aussi répandre la peur à travers la société, briser la solidarité qui pourrait se développer à partir des moments collectifs de lutte et faire de nous des cibles impuissantes de leur soif de pouvoir. Les raisons à l’origine d’une manifestation n’ont pas d’importance. Il peut s’agir d’enseignant.e.s, de pompier.e.s, d’anarchistes. Nous vivons dans une période où il pourrait être dangereux de faire une manifestation. Parce que nous sommes peu nombreux.ses et les escadrons en uniforme du régime de la mort sont nombreux.
À Exarchia, les attaques constantes contre la police antiémeute ont cessé quand nous avons perdu le Polytechnique et les flics à moto des unités Delta ont refait leur apparition dans les rues. La ville d’Athènes semble pleine de flics et de caméras. Mais notre désir de voir la façade démocratique s’effondrer est toujours vivant.
A la fin d’une autre année meurtrière, pendant laquelle nous avons vu des nombreuses exécutions de migrant.e.s aux frontières, maritimes et terrestres, des exécutions dans les rues de la part de la police, des mort.e.s dans les prisons, des mort.e.s de Covid parce que le régime préfère employer tout son argent pour acheter de nouveaux jouets pour ses forces en uniforme, nous avons décidé de riposter, avec le peu de moyens que nous avons.
Le matin du 3 décembre, nous avons brisé à coups de pierres la façade de la police municipale, dans le quartier Pagkrati, rue Vinkelman. Nous espérons que les ordures à l’intérieur ressentiront un peu de la peur qu’ils répandent partout. L’une des raisons pour lesquelles nous avons choisi la Police municipale est un meurtre. Le 1er février 2013, des vendeur.euse.s ambulant.e.s immigré.e.s du quartier de Thissio ont été pris.e.s en chasse par la police municipale d’Athènes. Les flics ont piégé l’un d’eux dans un coin, au-dessus des rails du métro. Quand les policiers ont essayé de voler la marchandise du travailleur, Babakar Ndiaye (38 ans, originaire du Sénégal) est tombé sur les rails du métro, 7 mètres plus bas, et il est mort sur le coup. Nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas. Nous voulons nous souvenir de Babakar Ndiaye vivant et nous ne laisserons pas ses meurtriers oublier ce qu’ils lui ont fait. Les agents de la Police municipale peuvent tuer eux aussi et ce n’est qu’une question de temps avant que l’État leur donne des armes, comme dans tous les pays.
La nouvelle loi sur les cocktails Molotov ne nous fait pas peur, parce que l’utilisation de cocktails Molotov était de toute façon un crime et quand nous les avons nous les utilisons ou faisons en sorte que la police ne les trouve pas. Nous n’avons jamais pensé que c’est un crime très grave, lorsque nous transportons de cocktails Molotov.
L’action que nous avons mené veut faire passer un message. En plus des cocktails Molotov et des armes à feu, vous pouvez trouver des moyens plus faciles, pour attaquer des cibles faciles. Les pierres, trouvées dans la rue et lancées vers des cibles, sont très bien si vous ne laissez pas votre ADN dessus. Vous n’avez pas besoin de les porter, vous n’avez pas besoin d’être très proches de la cible et en plus parfois elles provoquent plus de dégâts aux flics et aux matériaux que des cocktails Molotov. Du coup, agissons comme nous le pouvons et utilisons les moyens appropriés et les meilleurs possible, mais sans perdre l’occasion d’agir dès que possible. La ville est grande et les cibles sont partout.
