reçu par mail / mercredi 14 juillet 2021
Des cibles qui se trouvent partout.
Une proposition stratégique pour construire un front commun contre ceux qui profitent de la guerre et de la répression.
Le temps passe vite, nous sommes déjà dans la 2ème année d’état d’urgence suite à la pandémie de Covid-19 et, sachant qu’aucun pouvoir ne renoncera jamais volontairement à ses nouveaux mécanismes de contrôle, les anarchistes et les autres mouvements libertaires à travers le monde cherchent des stratégies et des moyens pratiques pour s’y opposer. Des tensions sociales ont récemment explosé, dans certaines régions, et elles ont donné des émeutes. Ailleurs, il y a des flambées de courte durée, connues comme des « émeutes du coronavirus ». En tant qu’anarchistes, nous sommes souvent surpris.e. par ces dynamiques, nous nous retrouvant parfois dans la foule lors des affrontements de rue ou bien en tant que spectateur.trice.s perplexes, au marges. Presque tous les États ont affaire à nous, petits groupes ou individus qui sabotent, s’agitent et errent, remuant.e.s, à travers les villes.
Avec le désir de franchir enfin le seuil d’une résistance symbolique, afin de causer des dommages matériels aux infrastructures de l’ennemi et à ses outils de pouvoir. En plus de la confrontation directe avec les flics, il semble nécessaire d’identifier et de démonter les rouages individuels de leur machine. Il n’y a pas d’autre moyen pour gagner le rapport de force ; les métropoles qui ont été fréquemment dévastées par des luttes sociales, des grèves générales et des émeutes, ces dernières années, ont récupéré relativement vite leur arrogance. Mais encore trop souvent nous nous laissons glisser dans le hasard, au lieu de réduire en morceaux les maillons les plus faibles de la chaîne de l’oppression et de ceux qui en profitent.
Couvre-feu, meurtres policiers, gentrification, terrorisme écologique, guerre contre sa propre population et contre des pays étrangers – le système nous donne quotidiennement des occasions pour chercher des cibles dont la destruction constante pourrait, à un moment donné, devenir plus qu’un chiffre dans un bilan ou une nouvelle dans la presse.
Dans de nombreux centres urbains, des formes d’action, désormais traditionnelles, ont émergé au fil des années et, au-delà de leurs raisons locales, elles pourraient être évaluées du point de vue de comment elles aident au fait que les groupes/individus de la nouvelle guérilla urbaine anarchiste puissent se rapporter entre eux, afin de surmonter les frontières du capital, que d’ailleurs le capital n’a jamais respecté.
À Santiago, des bus du transport en commun brûlent presque à chaque occasion, à Athènes ce sont les distributeurs automatiques de billets, dans les banlieues françaises ce sont des voitures de presque tout type, mais souvent aussi celles d’entreprises bien précises. À Berlin aussi, les voitures d’entreprises ou de luxe sont incendiées presque à chaque occasion. A travers l’Europe, des antennes et des stations relais de fournisseurs de télécommunications sont incendiées.
Quel serait l’impact, si les attaques contre des cibles spécifiques étaient intensifiées ? Nous connaissons les dégâts causés par des lignes de données détruites et des antennes-relais de téléphonie mobile brûlées, mais de telles attaques ne peuvent pas être répétées partout à volonté. Les flottes automobiles de nos ennemis, elles aussi, sont plus difficiles d’accès que nous le voudrions.
Certaines installations sont bien sécurisées dans les grandes villes, mais elle ne sont pas gardées dans les petits villages. Néanmoins, il y a toujours suffisamment de cibles connues et moins connues, autour de nous. Et, en fait, qui fournit à la police et à l’armée leurs équipements ? Qui construit quoi ? Qui travaille avec les entreprises d’approvisionnement ou se cache derrière un consortium d’entreprises ? Qui surveille tout cela ?
Le marché est en évolution constante, les grandes sociétés absorbent leurs concurrents, se cachent derrière d’autres noms, externalisent certaines activités. Elles collectent nos données et nous font face, avec leurs logos, partout dans la ville, qu’elles considèrent comme leur propriété.
Puisque il ne devrait pas nous suffire de suivre de loin les vagues de soulèvements qui parcourent le monde et de chercher à chaque fois de nouvelles actions solidaires qui soient adaptées, nous proposons de collecter des informations sur les ennemis de la liberté et de les diffuser, de façon qu’elles soient largement connues. Cela signifie utiliser non seulement les publications du milieu militant, mais tous les moyens, tels que les graffitis, les affiches, les vidéos, les rassemblements et autres moyens de communication accessibles, afin de dénoncer ces acteurs de la barbarie capitaliste.
Afin de les attaquer, ensuite, dans le monde entier, que ce soit dans le cadre de campagnes ou à l’improviste et sans cause apparente. On pourrait ainsi essayer de voir si des entreprises évitent certaines régions ou certaines commandes, parce que les dégâts seraient trop importants pour elles. Il s’agirait d’une ligne stratégique déjà développée, à l’échelle européenne, lors d’actions de sabotage contre la compagnie pétrolière et gazière Shell, de la fin des années 1980 au milieu des années 1990, pour démontrer entre autres de la solidarité avec la résistance de la population Ogoni au Nigeria.
Ou bien, s’il y a le besoin de faire quelque chose contre le système judiciaire d’un pays donné et les institutions en question sont difficiles à frapper, pourquoi ne pas s’en prendre à Sodexo, un acteur du secteur carcéral, même s’il se cache derrière le nom GA Tec ?
Avec une continuité accrue dans nos interventions et une focalisation sur des acteurs planétaires, les délais de réponse des autorités et les délais de livraison de biens et d’informations pourraient être rallongés, à un certain degré. Ce qui ouvrira de nouveaux espaces pour d’autres attaques. Cette proposition ne vise pas à remplacer la participation à des émeutes ou leur provocation et elle ne s’oppose pas à l’attaque spontanée et chaotique contre d’autres cibles.
Cette brochure contient des revendications d’attaques qui répondent à ces critères. Afin de pouvoir intervenir dans tout conflit, en tout lieu, elles diffusent des suggestions de cibles, de ceux qui sont responsables de s’être partagé ce monde. Vous trouverez en annexe une proposition organisationnelle pour la violence révolutionnaire, venant de Grèce.
Alors, du feu pour les ennemis de la liberté !