Bristol (UK) : « Burn Baby Burn! »

Note d’Attaque : derrière le slogan « Kill the bill », des milliers de personnes ont manifesté, samedi 20 mars, à Bristol, contre la proposition d’une loi (bill) qui limiterait le droit de manifester et augmenterait les pouvoirs de la police. La manif a tourné à l’émeute, avec 21 flics blessés (dont un bras et une côté cassés), un poste de police attaqué et des véhicules des flics incendiés.

325 / lundi 22 mars 2021

« Burn Baby Burn! ». Le slogan s’élève dans les airs tandis que les flammes du fourgon de police montent de plus en plus haut, en effaçant par le feu une pression qui s’est accumulée depuis bien trop longtemps.
A la grande joie de la foule, les fenêtres du poste de police sont brisées, des jeunes qui occupent une partie de son toit font pleuvoir des pierres sur les flics antiémeute. Les attaques répétées contre les lignes de flics sont visiblement en train de leur mettre la trouille. Des bouteilles pleuvent sur l’unité cynophile, après leur tentative ratée d’attaquer la foule par derrière. Des boucliers antiémeute et des matraques arrachés aux flics sont utilisés pour riposter, un retour de leur propre bâton. D’autres personnes soignent les manifestant.e.s aspergé.e.s de gaz lacrymogène, tandis que les sonos retentissent. Une autre voiture de flics brûle au coin de la rue, c’est du jamais vu…

C’est ce qui se passe à Bristol en 2021, dix ans après les émeutes de Stokes Croft et d’août 2011. L’émeute qui a éclaté la nuit dernière a été une continuation de nos souvenirs combatifs, mais à la vue de tant de nouveaux.lles jeunes incontrôlables, on dirait que c’est le début d’une nouvelle vague. Depuis 2011, les choses n’ont pas beaucoup changé sur cette île-prison, si ce n’est que les conditions qui ont conduit à ces jours-là sont toujours présentes, plus répressives que jamais. Nous sommes poussé.e.s à bout, puisque le système de contrôle exige soit qu’on lèche des bottes soit que notre mode de vie s’éteigne.

Cette fois-ci, l’étincelle est la même que par le passé. Le projet de loi Police, Crime, Sentencing and Courts Bill [Loi sur la police, la criminalité, les peines et les tribunaux ; NdAtt.], qui criminalise des groupes sociaux, les indésirables, ainsi que le récent meurtre d’une jeune femme par un policier [à Londres, début mars ; NdAtt.] ne sont que la partie émergée de l’iceberg. La répression qui s’exerce non seulement ici mais dans le monde entier est un signe du pire à venir, car nous vivons dans un présent où la « crise » est toujours là, qu’elle soit le « Covid-19 », « économique » ou même « écologique ». Il est clair que tout cela va dans le sens d’une société carcérale plus oppressive encore qu’elle ne l’a jamais été. Rien que cette année, Mohamed Mohammed Heisman, un jeune homme de 24 ans, est mort, visiblement après avoir été tabassé par des flics au poste de police de Cardiff Bay, tandis qu’un autre jeune de 29 ans, Moyied Bashir, est mort entre les mains de policiers de Newport, alors qu’il était manifestement malade. Des milliers de personnes ont participé aux manifestations « Black Lives Matter », l’année dernière, à cause du meurtre de George Floyd. Mis à part le renversement d’une statue, nous n’avons pas vu les mêmes milliers de personnes se mobiliser pour ces deux hommes. Certain.e.s d’entre nous n’ont pas oublié, et n’oublieront jamais, que cela devait arriver, à cause des flics qui sont partout, mais aussi à cause de l’État et de sa « primauté de la loi » oppressive.

Certain.e.s d’entre nous sentent que notre mode de vie est menacé par cette loi, les Gitans, les Roms et les Voyageurs irlandais sont réprimé.e.s sur des bases raciales, ce qui n’était plus le cas depuis longtemps ! Quand l’émeute a commencé à s’enflammer, la nuit dernière, nos souvenirs sont allés aussi à l’expulsion de Dale Farm, en 2011. Personne n’est autorisé à vivre librement dans cette nouvelle dystopie fasciste voulue par Priti Patel [l’actuelle ministre de l’Intérieur britannique ; NdAtt.] (une aspirante Thatcher !) et Boris Johnson (qui joue le clown mais qui est aussi à droite que possible !), non seulement le projet de loi donne le pouvoir aux « citoyens victimes » et aux flics de littéralement repousser les voyageur.euse.s, même un seul véhicule, à la moindre plainte venant d’un public obéissant, mais il leur donne également la possibilité de saisir les véhicules et les biens des gens. En plus d’une attaque contre les habitant.e.s de camionnettes et des caravanes, il s’agit d’une attaque raciste du gouvernement conservateur contre les Roms, les Gitans et les Voyageurs irlandais, un groupe qui a toujours été attaqué dans le « pays de la tolérance apparente ».

Dans tout cela, il faut voir la situation dans son ensemble pour y croire. Avec la destruction de la planète et, des écosystèmes, l’extinction d’espèces, avec l’eau, l’air et même les fœtus pollués par le plastique, la fermeture des frontières, les migrant.e.s qui meurent à cause de leur simple tentative d’arriver ici, trop de nos ami.e.s en prison juste à cause de la couleur de leur peau ou parce qu’originaires d’un quartier populaire ; nous sommes jeté.e.s dans l’ascension de la société technologique, avec ses centaines de machinations conçues pour nous contrôler, des villes intelligentes à l’intelligence artificielle, en passant par la surveillance de masse, la réalité artificielle, les robots et les drones, tout cela suffit pour comprendre qu’un changement monumental est en train de se produire à époque, et qu’il ne fait que commencer.

Ce qui a commencé la nuit dernière fermente depuis un certain temps. Ce n’est pas le moment de se cacher derrière des rideaux, de se plaindre pour le bien commun ou de combattre le Covid-19, cela n’est que le symptôme d’une planète déjà mourante. En dehors de cette île, le monde brûle déjà. Les politiciens, locaux et nationaux, qui nous condamnent ne nous arrêteront pas : nous ne les avons jamais écoutés ! Apparemment, nous sommes « inacceptables », mais c’est vous qui êtes INACCEPTABLES !
Ils ne comprendront jamais la rage brûlante que nous ressentons envers le futur cauchemardesque qu’ils nous promettent.

« Rien ne brûle tout seul
Chaque feu a besoin d’un peu d’aide »

Des anarchistes, des jeunes, des voyageur.euse.s, des inconnu.e.s, des EXCLU.E.S !

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