Kontrapolis / mercredi 24 février 2021
« Maudite guerre. Nous ne voulions pas de cette guerre, elle nous a été imposée. Nous avons dit que nous nous battrons dans cette dernière guerre, pour une société sans injustice, sans l’exploitation qui donne naissance à la guerre. Pour que la guerre finisse une fois pour toutes. »
Depuis 46 jours, Dimitris Koufondinas, prisonnier révolutionnaire et membre du groupe 17 Novembre (17N), mène une grève de la faim pour protester contre le récent durcissement des conditions d’enfermement pour les prisonnier.e.s politiques. Entre-temps, il a commencé aussi une grève de la soif et se il trouve dans un état critique. Sa survie dans cet état est une question d’heures ou de jours.
Malgré le fait qu’en Grèce, à cause de sa situation, chaque jour il y a des attaques contre l’appareil d’État et ses fonctionnaires, les dirigeants politiques de ce pays ne donnent aucun signe du fait qu’ils veulent éviter la destruction de l’identité politique et du corps de Dimitris.
Le déroulement de la grève de la faim de Dimitris nous montre deux choses, sur les actuelles relations de pouvoir en Grèce : tout d’abord, il montre avec une clarté brutale que, pour un sujet révolutionnaire aux mains de l’État grec, les perspectives d’une action autodéterminée sont réduite au point d’être méconnaissables. Deuxièmement, il est maintenant clair à quel but meurtrier devaient conduire et conduiront les attaques, toujours plus fortes, de l’État grec contre les structures révolutionnaires, que l’on a pu observer ces dernières années. Les mouvements sociaux et révolutionnaires – qui, usés et désillusionnés après des années de régime de la Troïka, ont perdu une partie de leur influence et, sous le gouvernement de centre-gauche de Syriza, se sont, dans une certaine mesure, désarmés en termes de critique et de politique révolutionnaires – font face, depuis le premier jour de l’arrivée au pouvoir de Néa Dimokratía (ND), à une attaque généralisée contre leurs conquêtes sociales, territoriales et politiques :
les privatisations progressives, l’augmentation des dépenses de l’appareil militaire et policier alors que les hôpitaux et les écoles se voient réduits leurs financements, les interdictions de facto des assemblées, les innombrables expulsions de centres sociaux et de maisons squattées.
Même l’asile universitaire, réputé jusqu’à présent comme intouchable, car gagné après des dures batailles et finalement considéré pour acquis par la société grecque depuis la fin de la dictature militaire, n’a pas résisté aux forces réactionnaires proches de ND. Malgré un large rejet de la dictature militaire, dans la société grecque « démocratique », de nombreux fonctionnaires et collaborateurs de la Junte ont pu maintenir leur influence politique et économique, jusqu’à aujourd’hui. Néa Dimokratía était et reste leur parti (idéologiquement et dans sa composition) et fait maintenant tout ce qu’elle peut pour faire reculer les acquis sociaux, sans s’en cacher. Même les flics, qui, avec l’interdiction du parti Aube Dorée, ont brièvement perdu leurs guides spirituelles, voient maintenant leurs rêves les plus fous se réaliser avec le gouvernement de ND.
La 17N a lutté pendant 27 ans contre l’impérialisme et tous ceux qui ont profité de la Junte militaire grecque. Son histoire est celle de la guérilla urbaine et fait donc partie de l’histoire de tous les groupes et les individus qui luttent en Europe.
En plus des attaques contre des entreprises comme IBM, Siemens et Miele, et de l’attaque à la roquette contre la maison de l’ambassadeur allemand, pour contrer l’avancée de l’impérialisme et de la privatisation au profit du monde des entreprises, nous leur devons la reconnaissance de leur esprit révolutionnaire.
Même après ton arrestation, Dimitris, tu n’a jamais abandonné la lutte. Tu as gardé ta position politique cohérente, tu as raconté l’histoire de la 17N et tu l’as toujours insérée dans le contexte des conflits actuels contre l’État. Ta position politique, votre position politique est, jusqu’à présent, une partie de notre histoire révolutionnaire, qui ne s’arrêtera pas. En ce sens : la lutte continue !
Pour apporter au moins une petite contribution solidaire aux demandes du camarade en grève de la faim, ainsi qu’à notre besoin de perspectives révolutionnaires, nous avons mis le feu à une voiture de la société allemande ThyssenKrupp. ThyssenKrupp est le fournisseur d’un pilier fondamental de l’effort nationaliste grecque : sa flotte des sous-marins.
Si l’État assassine Dimitris, les rues brûleront à nouveau, en Grèce. Nous aimerions nous battre nous aussi sur place, aux côtés de nos compas. Mais même en Allemagne, les collaborateurs du militarisme grec, de la contre-insurrection et de l’appareil d’État sont partout. Ils devront payer pour cela !