Italie : En souvenir de la compagnonne anarchiste Marilù Maschietto

Malacoda / jeudi 14 janvier 2021

Voici les mots par lesquels deux compagnons ont voulu rappeler la compagnonne Marilù Maschietto, décédée le 29 décembre 2020.

« Adieu Marilù, avec toi c’est un autre morceau de mon anarchie qui meurt.

Merci d’avoir toujours été un havre de paix, pour moi et pour les personnes que j’aimais.

Merci de m’avoir arraché à l’apathie et à la désillusion, quand, à 18 ans, je pensais que les anarchistes n’étaient rien d’autre qu’un tas de beaux parleurs et d’abrutis.

Et merci, surtout, de m’avoir appris à garder un esprit critique, que les anarchistes n’ont pas besoin de meneurs et que dans nos cœurs il ne doit pas y avoir de place pour le mépris et le sentiment de supériorité à l’encontre de celui qui est naïf et non averti.

J’aurais voulu te le dire en te regardant dans les yeux, mais j’en ai pas eu le temps… pardonne-moi.

Je te dois beaucoup, je t’aime, je ne t’oublierai pas. »

Alfredo
prison de Ferrara

***

« Excusez-moi si je lis un texte écrit au lieu d’improviser, comme le mériterait une compagnonne qui a vécu toute sa vie en donnant tout ce qu’elle pouvait – forces, moyens, idées – au mouvement anarchiste, avec le même naturel avec lequel elle bavardait, chez elle.

Marilù savait qu’elle était sur le point de nous quitter. Les derniers mots qu’elle m’a dit, il y quelques jours, ont été : « Rappelez-vous de moi, toujours ». Cependant, malgré le fait qu’elle sache sa fin fin proche, elle a continué à faire des projets, en essayant jusqu’au bout d’apporter sa contribution à la lutte pour l’anarchie.

Rappeler Marilù est difficile, très difficile, car la sienne n’est pas une simple histoire personnelle, mais c’est une partie du patrimoine historique des révolutionnaires. Son histoire est faite de liens, d’un entrelacement d’histoires, surtout d’histoires collectives, mais aussi d’affrontements. Elle nous a laissé, à travers des livres aussi, un témoignage de l’expérience d’Azione Rivoluzionaria, elle a participé à faire naître le Comitato Contro il Carcere e la Repressione « Gianfranco Faina », en se positionnant, pendant toute sa vie, aux côtés des prisonniers.

J’ai appris l’histoire du mouvement anarchiste de sa bouche, avant que dans les livres. On pourrait dire que c’est une histoire partisane. Oui, bien sûr. Parce que c’est l’histoire racontée par quelqu’une qui a toujours soutenu l’anarchisme d’action, sans se limiter à en rester une simple spectatrice, entre le plaisir d’un coup qui a fait mouche et la douleur de voir ses compagnons mourir, les armes à la main ou en prison, ou, pire encore, de les voir prendre leurs distances des pratiques révolutionnaires.

Du coup, grâce à ses récits, j’ai essayé de vivre avec la même passion, j’ai appris à défendre les mêmes principes et aussi à garder la même rancune.

Se rappeler de Marilù, comme elle nous l’a demandé, renvient alors à défendre l’hypothèse révolutionnaire, a la mettre en pratique, conscients qu’elle est remplie de choix à faire. Un certain caractère partisan est donc non seulement inévitable, mais obligé. Parce que, s’il faut qu’il y a un passage de témoin – comme c’est d’usage de dire dans des telles occasions – il faut donc que l’on saisisse et l’on reprenne l’histoire des révolutionnaires, avec tout ce qu’elle comporte. Il faut avoir le courage de choisir, de savoir être partisans. Partisans des exploités, mais encore plus partisans de ceux qui, parmi les exploités, ont abandonné toute hésitation, pour embrasser la lutte pour la liberté, sans compromis et surtout sans rien renier.

Pour toi, Marilù, pour les compagnons qui sont morts, mais qui ont pleinement vécu, pour ceux qui, encore aujourd’hui, payent le prix de leurs choix.
Vous ne méritez pas nos larmes à nous, mais bien celles, apeurées, des oppresseurs. »

Marco

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