Enfouissons-Poma / jeudi 26 novembre 2020
Pour régler son problème de trop plein de déchets radioactifs dont il ne sait plus que faire [1], l’état nucléaire français a décidé – par le biais de son agence nationale en charge de leur pseudo « gestion », l’ANDRA – d’enfouir ses déchets les plus dangereux à 500 mètres sous terre. L’enfouissement est présenté comme LA solution au problème des déchets, alors qu’il ne vise qu’au renouvellement du parc nucléaire français [2], ainsi qu’à l’exportation de ce modèle sur le marché mondial de la pseudo-gestion des déchets nucléaires.
L’ANDRA planche aujourd’hui sur la réalisation technique de ce projet pharaonique et hautement risqué, le projet Cigéo. Pour cela, elle s’associe avec les pires entreprises d’ingénieure, de aéronautique ou du BTP, pour tenter d’inventer les innovations technologiques miraculeuses qui résoudraient ses problèmes.
C’est le cas d’une des pièces maîtresses du projet : la “descenderie”. Comment faire descendre les colis hautement radioactifs à 500m sous terre, part un tunnel gigantesque incliné sur plus de 5km ? Pour tenter de répondre à cette épineuse question, l’ANDRA a conclu un marché avec une entreprise encore inconnue dans le milieu du business nucléaire : POMA [3]
Mieux connue dans les Alpes et en Rhône-Alpes, POMA aime se présenter comme une petite entreprise familiale, locale, qui aurait permis au plus grand nombre d’accéder à la montagne grâce à ses remontées mécaniques. La réalité est autre : POMA c’est un géant mondial du transport par câble qui réalise quasi 80% de ses ventes à l’exportation. Que ce soit dans le transport d’humains pour le tourisme de masse ou le transport de matériaux dans les mines et pour les cimenteries du monde entier, POMA se passionne pour les projets démesurés et les innovations technologiques. Elle est détenue depuis mai 2000 par l’industriel italien Michael Seeber, par le biais d’une holding hollandaise HTI BV qui est son seul actionnaire.
Après avoir défiguré les montagnes, POMA veut empoissonner le sous-sol. Et tous les moyens sont « bons » pour y parvenir. A la demande de l’ANDRA, POMA s’est installé à Froncles, en Haute Marne, à 40km de Bure pour y construire une “maquette”, à l’échelle 1:1 de son projet de descenderie. C’est le démonstrateur. Cette maquette et les tests – notamment de freinage – qui y seront réalisés sont cruciaux, car à travers eux POMA souhaite démontrer la faisabilité technique de son aberration scientiste. Mais si la faisabilité de cette technologie à l’échelle industrielle n’est pas démontrée, le projet de descenderie – qui est une des pierres angulaires du projet CIGEO – ne pourra pas être réalisé !
Sa mégalomanie et sa passion pour les défis technologiques ont emmené POMA dans le business du nucléaire. Faisons lui comprendre que sa collaboration au délire nucléariste ne restera pas sans conséquence.
POMA et ses filiales doivent se désengager immédiatement du projet CIGEO. Tant qu’elles n’auront pas annoncé leur retrait, nous ne les lâcherons pas !
Ceci est un appel à actions décentralisées et déterminées de tous types contre les locaux, les infrastructures ou les chantiers de l’entreprise POMA. Ne lui laissons jamais de répit, attaquons partout, tout le temps. De l’action symbolique, à l’action directe, de la pédagogie à l’intimidation, c’est par la répétition et la diversité que nous les ferons plier.
POMA va s’faire enfouir !
Notes
[1] https://reporterre.net/Dechets-nucleaires-les-piscines-de-La-Hague-vont-deborder
[2] https://reporterre.net/En-coulisses-l-Etat-prepare-le-financement-de-six-nouveaux-reacteurs-EPR?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne
[3] www.poma.net
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En savoir plus sur POMAtomique
Enfouissons-Poma / mercredi 25 novembre 2020
POMA, en bref c’est
– une entreprise créée il y a environ 70 ans au statut de société par actions simplifiée
– dont le siège se situe à Voreppe à côté de Grenoble (38) et qui a pour président Jean Souchal depuis 2010
– spécialisée dans le secteur de la fabrication des matériels de levage, de transports par cables et de manutention
– 1500 « collaborateurs » dans le monde
– qui aime se présenter comme une entreprise familiale proposant des solutions qui » répondent aux enjeux environnementaux en limitant l’impact sur l’écosystème dans lequel elles s’inscrivent »
– mais qui a fait fortune en surfant sur le développement du tourisme en montagne et en y construisant des rémontées mécaniques à tout va`
– un chiffre d’affaire de 450M€ en 2018
– des dizaines de filiales en France et à l’étranger
– 19 marques déposées et en vigueur
Un groupe international aux nombreuses filiales
POMA et ses filiales en France :
Siège de POMA à Voreppe
109 rue Aristide Berge
Les filiales françaises sont installées dans le bassin Rhône-Alpes, berceau des origines du Groupe :
Le site de Gilly-sur-Isère, avec la COMAG et SACMI
COMAG, réalise les travaux d’installation et de maintenance des appareils de transport par câble.
SACMI, à Gilly-sur-Isère, fabrique les éléments de remontées mécaniques (mécano soudage) et pré-monte les sous-ensemble d’équipements de remontées mécaniques.
SEMER, à Passy, est spécialisée dans l’ingénierie et la réalisation d’équipements électriques et d’automatismes industriels.
SIGMA, à Veyrins, conçoit et fabrique les cabines destinées au transport par câble
Les filiales à l’international :
LEITNER POMA of America est en charge du marché nord-américain et de l’Océanie. POMA Beijing est en charge du marché chinois. POMA Colombia est en charge de l’Amérique latine (hors Brésil). POMA Brasil est en charge du marché brésilien. POMA Russia est en charge du marché russe et de la zone CEI. BACO est en charge du marché suisse POMA Korea est en charge du marché coréen.
Un poids lourd industriel à l’implantation mondiale qui n’a plus rien de l’entreprise locale et familiale
L’entreprise a construit et gère notamment plus d’un millier d’installations dans les stations de ski des Alpes et 8000 installations dans 90 pays. Après avoir fait fortune en industrialisant les montagnes françaises, elle a accentué ces derniers années son développement à l’étranger et réalise désormais près de 80% de ses ventes et de son chiffre d’affaire à l’exportation.
Outre Rhin, ce n’est pas à proprement parler une filiale de POMA qui a fait main basse sur les marchés de transport par câble mais son homologue Leitner qui fait parti du même groupe industriel. Une cible toute choisie pour nos compagnon.e.s de lutte allemand.es pour faire pression à nos côtés et obtenir l’abandon du projet.
POMA est en effet détenue depuis le 31 mai 2000 par l’industriel italien Seeber, par le biais de HTI BV, réunissant notamment le groupe Poma et le groupe Leitner, formant ainsi un des plus gros leader mondial du transport par câble. Bien loin de l’entreprise locale et familiale, Poma est donc contrôlée par une holding étrangère qui en est le seul actionnaire….
Une entreprise mégalo à mille lieux d’être écolo
Si POMA ne se vente pas sur son site de son implication dans Cigéo, elle mise beaucoup de sa communication publique sur son côté prétendument écolo.
Morceaux choisis :
« Le Développement Durable est inscrit dans l’ADN de POMA. Ses solutions répondent aux enjeux environnementaux en limitant l’impact sur l’écosystème dans lequel elles s’inscrivent. »
Ben voyons ! Même si ce n’est pas le lieu ici de s’adonner à une réflexion critique sur le tourisme, on ne peut pas s’empêcher de s’étouffer quand on connaît l’impact des activités touristiques et du ski sur l’écosystème fragile des montagnes.
“Dans le respect le plus optimal de l’environnement, Zlatibor, aux côtés de POMA, s’est engagé à respecter particulièrement l’environnement local lors de la conception et la construction de la télécabine. La municipalité de Čajetina œuvre pour devenir d’ici 2020 la première municipalité de Serbie à atteindre des standards écologiques européens.”
Dans ses actualités, Poma aime affirmer sa “démarche écologique” dans le transport urbain. Un bel exemple de greenwashing pour faire oublier la réalité de ses activités.
Que ce soit dans le transport d’humains pour le tourisme de masse ou le transport de matériaux dans les mines et pour les cimenteries du monde entier, POMA se passionne pour les projets démesurés et les innovations technologiques et participe partout dans le monde à d’énormes chantiers polluants et destructeurs de l’environnement, imposés aux communautés locales bien souvent opposées à ce prétendu développement par le progrès.