Kontrapolis / lundi 19 octobre 2020
Ce qui suit est un aperçu des mesures policières et des accusations, dans le cadre des enquêtes sur la constitution d’une association de malfaiteurs. Le but de cette publication est avant tout de prévenir les spéculations et les ragots, mais aussi d’avoir une approche publique face aux tentatives de répression de l’État et de ses services de sécurité.
Une réflexion politique et de fond sur les faits reprochés et leur contexte devrait être publiée bientôt.
Le 7 février 2019, le Procureur général fédéral auprès de la Cour fédérale de justice a engagé une procédure en vertu de l’article 129a – c’est à dire la constitution d’une association terroriste – contre trois accusé.e.s, mais dès le début sept personnes se sont trouvées au centre des investigations.
Du coup, le 1er juin 2019, les autres [quatre ; NdAtt.] personnes aussi ont été inscrites comme accusés dans cette affaire et l’accusation a été déclassée de l’article §129a au paragraphe 1 de l’art. §129 – donc la constitution d’une association de malfaiteurs.
L’instruction de cette procédure montre de manière impressionnante la coopération des autorités les plus diverses : les Länder, le gouvernement fédéral, les services de sécurité, jusqu’au niveau international.
Comme cela a déjà été rendu public dans les textes des personnes concernées à Athènes (https://de.indymedia.org/node/104881) et du collectif Kalabal!k (https://de.indymedia.org/node/104312), le 16 septembre 2020, des agents de la police criminelle fédérale (BKA) et de la police criminelle de Berlin (LKA 5) ont fait des descentes dans plusieurs appartements de Berlin, tandis qu’au même moment à Athènes deux appartements étaient perquisitionnés par l’antiterrorisme grec, sous la direction de la police criminelle fédérale allemande.
À Berlin ont été visés 5 appartements, associés aux personnes inculpées, ainsi que 2 adresses supplémentaires, de personnes non inculpées. La bibliothèque anarchiste Kalabal!k a, elle aussi, été prise pour cible par des fonctionnaires du BKA et du LKA.
Les deux maisons de tierces personnes sont des lieux auxquels des personnes inculpées sont censées avoir accès : dans le premier cas, la personne inculpée serait un.e résident.e habituel.le, dans le deuxième cas une personne inculpée aurait un véhicule, qu’elle utiliserait, garé à cet endroit.
En plus des maisons de résidence ou des maisons de passage mentionnées ci-dessus, les véhicules utilisés par les personnes inculpées (pas seulement ceux qui leur appartiennent ou qui sont immatriculés à leurs noms) ont été fouillés. En outre, deux mandats supplémentaires ont été émis contre deux personnes non inculpées, qui ont également été touchées par les perquisitions et les saisies.
Ils ont cherché à peu près tout ce qui est imaginable :
a) instruments tels que les équipements de frappe et de protection, objets pouvant être utilisée pour se dissimuler le visage, gants, gilets de protection, spray lacrymos/au poivre, vêtements noirs, comme par exemple coupe-vent et pulls à capuche ; dispositifs de brouillage d’ondes et appareils de perturbation de fréquences, appareils radios, appareils pour détecter les dispositifs surveillance ; appareils photo et caméras, ainsi que les accessoires connexes ;
b) documents manuscrit, moyens de communication électroniques, supports de stockage de données, mémoires externes et appareils connectés à Internet, pouvant contenir des informations quant au délit, à la commission du délit de part de l’accusé.e, les coaccusé.e.s ou les coupables encore inconnu.e.s, – des données comme par exemple des plans de ville, des cartes routières et de listes de numéros d’immatriculation de véhicules de police (banalisés et sérigraphiés) ;
– d’autres endroits à perquisitionner, comme les caves, les abris de jardin ou autres locaux de stockage utilisées par l’inculpé.e,
– ce qui impliquerait une participation à des publications sur le site de.indymedia.org.
En conséquence, tout type de technologie dont l’invention est plus récente que le grille-pain a été saisie :
ont été emportés tous les dispositifs sur lesquels peuvent être stockées des données, comme les clefs USB, mais aussi les Playstations, les GPS, les RaspberryPi etc., les routeurs et les téléphones fixes ainsi que les téléphones portables et les appareils photo. Des vêtements, comme des pulls noirs à capuches, des pantalons, des vestes, des gants, des casquettes et des cache-cou, ont été emporté des appartements dans des boîtes, ainsi que des spray au poivre et des couteaux de poche, des outils multifonction et instruments similaires. Ils ont aussi cherchés et confisqué les sacs à dos et les sacoches. Des documents qui pourraient appuyer leur montage, des lettres et des notes destinées à révéler des connaissances personnelles ainsi que des liens politiques ; des factures et des répertoires téléphoniques ; des calendriers, des cartes routières, etc. ont été photographiés, copiés et confisqués à des nombreux endroits.
Étant donné que le mandat de perquisition indiquait que certain.e.s accusé.e.s se familiarisaient avec les structures policières, de façon à pouvoir agir de manière encore plus subversive contre « l’ordre démocratique libéral », une formule utilisée depuis longtemps par le LKA Berlin pour retarder l’accès aux dossiers et aux informations de la procédure, dans au moins un cas les dossiers d’enquête et le courrier avec les avocats de la défense ont été confisqués.
La compétence du LKA de Berlin se limitait uniquement à l’assistance lors des perquisitions et à traiter des éventuelles découvertes dues au hasard.
Selon les mandats de perquisition, émis entre fin août et début septembre, le Procureur général fédéral (GBA) construit son accusation par une série d’enquêtes qui ont été menées ces dernières années, contre les personnes concernées, par le Service de protection de l’État du LKA de Berlin (LKA 5). À l’exception de quelques procédures contre certaines personnes, aucune des procédures citées n’a abouti à une condamnation, et une partie se sont même soldées par des acquittements. Malgré tout cela, ils supposent maintenant que tous ces délits viennent d’une planification générale due à l’association de malfaiteurs en question.
Il faut noter qu’une grande partie des textes de la résolution est presque une citation mot par mot des déclaration du Servie de protection de l’État de la police criminelle de Berlin (LKA 52). Beaucoup de ces montages ont été publiquement réfutées ou analysées dans le passé, et on peut lire entre autre ici : https://gefaehrlich.noblogs.org. Mais elles ont également été réfutées dans certaines décisions de justice, par exemple à propos d’une manifestation à vélo qui a eu lieu en 2016 (https://de.indymedia.org/node/68706), mais aussi dans d’autres cas, par exemple à propos de la Rigaer Straße (voir : Gefährder-Leaks : montage du LKA Berlin, ici: https://de.indymedia.org/comment/122923).
Au centre des enquêtes paraît y avoir un incident survenu à Hambourg en 2017 [lors du G20; NdAtt.] (voir: https://unitedwestand.blackblogs.org/neues-vom-winterdienst-von-dna-abga…).
A cette occasion, deux personnes avaient été trouvées dans un véhicule et, dans une camionnette garée à proximité, ont également été trouvés différents objets « suspects ». Au cours de l’enquête, diverses traces d’ADN et d’empreintes digitales ont conduit à d’autres personnes qui, elles aussi, sont maintenant accusées à nouveau.
Le Procureur général fédéral affirme maintenant que cela était un acte préparatoire aux émeutes qui ont eu lieu plus tard sur la Elbchaussee.
Des mesures policière, dont certaines ont été remarquées par le passé, sont exposée dans cette ordonnancière.
Il y a eu des filatures, tant à Berlin qu’à l’étranger. Des écoutes auraient également été ordonnées : les personnes concernées ont trouvé une balise GPS et un dispositif d’écoute dans un véhicule peu avant les perquisitions.
Au total, deux véhicules ont été « mis sur écoute » [pour les mouchards retrouvés dans l’un des deux, voir ici ; NdAtt.] et les entrées d’au moins deux immeubles ont été surveillées par des caméras, pendant plus d’un an. En outre, il y a eu une surveillance à grande échelle des télécommunications : mails, connexions à Internet et conversations téléphoniques ont été écoutées et enregistrées. Des enquêtes financières, comme la surveillance des comptes bancaires et la lecture des comptes auprès de sociétés de vente par correspondance et de transport, ont eu lieu.
Afin que tout ce théâtre puisse être propagé comme il se doit, le jour même des perquisitions les flics ont passé aux journaliste au moins l’ordonnance de la Cour fédérale.
Toutes les mesures décrites semblent avoir été conçues pour que les autorités obtiennent le plus d’informations possible. Pour que leurs connaissances n’augmentent davantage, mais aussi pour assurer l’autodétermination, quant aux informations, des personnes concernées et des personnes solidaires, interdisons nous toute forme de spéculation.
On emmerde l’article 129 !
A bas l’État, le Capital, leurs patrons et leurs flics !
Dans ce sens : pas de ragots, pas de spéculations !