Contra Info / mercredi 2 septembre 2020
Dans un contexte local et mondial fortement répressif, il est urgent d’approfondir la lutte anti-carcérale. La pandémie actuelle a accentué ce qui va en s’aggravant depuis des années, c’est à dire la violence constamment exercée à l’intérieur des prisons, les personnes privées de liberté étant l’une des parties de la population les plus touchées par ce qui se passe. De même, on a vu, partout dan le monde, des États criminels profiter de la situation pour renforcer leurs mesures de contrôle social, politique et militaire, en privilégiant comme toujours les intérêts capitalistes face à la vie des gens. On ne peut pas nier que la majorité des gens a intériorisé les attitudes policières induites par la mise en place de cette supposée « nouvelle normalité ».
Nous savons que la reconfiguration actuelle du système ne fera qu’accentuer les inégalités économiques et que, par conséquent, face aux luttes populaires pour la dignité et la vie, les États et la classe politique dominante réagiront en renforçant leurs stratégies de répression et de contrôle. Parmi ces stratégies, il y aura bien sûr le renforcement des infrastructures et de la société carcérale : comme négation de la pauvreté structurelle, comme perpétuation de la violence raciste, sexiste et xénophobe contre des populations historiquement opprimées, comme menace contre celles/ceux qui rompent les normes du comportement citoyen et remettent en question cette réalité injuste.
De la région colombienne, nous nous joignons à la Semaine internationale de solidarité avec les compas anarchistes prisonnier.e.s, partout dans le monde, en reconnaissant et en rendant visible leur lutte, leur dignité qui ne s’arrête pas lors de leur emprisonnement, mais dépasse tous les murs et reste active et constante ; à eux/elles tou.te.s vont notre amour et notre complicité. Nous saluons également les dynamiques, les collectifs et les compas individuels qui soutiennent activement celles/ceux qui sont enfermé.e.s, ainsi que ceux/celles qui agissent constamment contre toutes les cages.
Nous appelons les compas de la région colombienne à reprendre et à favoriser les rencontres, les réseaux et les actions nécessaires à une lutte anti-carcerale et anarchiste. Au moment où nous publions ce communiqué, ont également lieu, en parallèle, les Journées d’Agitation Indéfinie pour la dignité des personnes privées de liberté par l’État colombien ; nous vous invitons donc à suivre, diffuser et soutenir activement cette initiative.
Multiplions également nos efforts pour repenser nos vies, nos relations et nos communautés, sans prisons ni institutions punitives pour résoudre les conflits. Reconnaissons les expériences communautaires qui traversent Abya Yala [nom choisi par les nations indigènes, en 1992, pour appeler le continent américain ; NdAtt.] et d’autres territoires contestés, afin d’apprendre ce que nous pouvons. Renforçons nos réseaux d’échange d’informations pour construire collectivement, de manière autonome et horizontale, d’autres mondes libres.
Liberté pour les prisonnier.e.s anarchistes !
Liberté pour les prisonniers politiques et de la guerre sociale !
Que brûlent les prisons et les sociétés qui en ont besoin !
Territoire dominé par l’État colombien
août 2020