Act for freedom now! / mardi 11 août 2020
« Même si nous ne gagnons jamais, nous nous battrons toujours. »
Peur et désespoir. Ce sentiment social prévaut en ces jours de dystopie. Face à la profondeur de la crise capitaliste mondiale, les administrateurs de l’État, après avoir géré militairement les foules et les avoir mises en quarantaine, leur instillent un terreur continu, par la répression et une restriction des libertés acquises et des salaires. Derrière la faim et la misère qui se propagent, les désespéré.e.s restent marginalisé.e.s, comme les communautés de migrant.e.s, tandis que les privilégiés renforcent leurs privilèges, comme les mafieux du gouvernement de Néa Dimokratía et les forces de sécurité.
Le 16 juillet, à 3h20, nous avons mené une attaque incendiaire contre la National Bank de la rue V. Sofias, dans le centre de Maroussi [ville de la banlieue nord d’Athènes ; NdAtt.]. Le distributeur automatique de billets a été complètement détruit et la façade a subi des dommages importants, la fumée et les flammes ayant atteint l’intérieur du bâtiment. Le choix de la cible n’a pas été un hasard. La National Bank a participé à des ventes aux enchères, comme le montre l’exemple récent de l’expulsion d’une vieille dame dans le quartier de Petralona [quartier du sud-est d’Athènes ; NdAtt.]. Pour nous, le rôle des banques dans les ventes aux enchères est la continuation de l’attaque et du déracinement des personnes opprimée de la part l’État et des patrons.
La ville est constamment réaménagée en termes d’une architecture chirurgicale visant au déplacement des marginaux.ales. Ils veulent une ambiance commerciale stérile, où certain.e.s sont laissé.e.s de côté parce qu’elles/ils gâchent la fête de la gentrification. En même temps, les espaces naturels et publics sont privatisés selon des tactiques et des méthodes « accélérées » et mafieuses (voir la colline Filopappou) et d’autres sont détruits par les éoliennes. Le marché immobilier dans le centre d’Athènes détermine financièrement qui pourra vivre et où. La situation rappelle celle d’une ville dans un chaudron en ébullition. Notre étouffement actuel. À une époque où l’État prévoit des prisons avec une surveillance encore plus grande, pour les ennemis intérieurs.
Pendant que l’espace de chacun.e se réduit, l’État donne un spectacle de répression. Une junte libérale qui s’attaque aux manifestations, aux squats et aux espaces publics. En plus des DIAS, des MAT et des DELTA [unités de la police grecque, correspondant grosso modo aux CRS et aux voltigeurs français ; NdAtt.], les flics municipaux et la municipalité d’Athènes ont joué un rôle très insidieux dans la répression des squats. Ils méritent le pire. En même temps, le gouvernement promulgue des lois pour empêcher les manifestations politiques. Au-delà du déplacement, un des éléments de la guerre qu’ils mènent est donné par la violence et la terreur psychologique. Ils veulent imposer le silence, sans effusion de sang, par un État terroriste. Par la la peur, ils veulent, en quelques mois, effacer la mémoire elle-même. Ce qu’ils ne pigent pas, c’est qu’ils ne sont pas invulnérables et qu’ils ne peuvent pas toujours jouer à leurs propres conditions.
La nouvelle que des flics ont été brûlés lors des récentes manifestations en centre-ville nous a donné un immense sourire. Le même sourire nous a été donné par leur anxiété à sauver une banque des flammes, en bons partisans des patrons. On peut dire beaucoup de choses sur ces salauds. Nous insistons sur le fait que leur jeu dans les rues doit être vaincu et cela nécessite le dévouement de ceux/celles qui ont encore l’intention de rester debout. Nous n’aimons pas la terreur, le bavardage défaitiste et la mauvaise organisation, dans la rue devant, les soldats en uniforme. Nous devons expérimenter la rue en dehors des limites du spectacle des réseaux sociaux et prendre soin, vraiment, de notre militantisme. En même temps, nous considérons que toute manifestation qui a, à son centre un caractère funéraire et stérile, enfonce nos forces et notre moral.
Pour finir, nous pensons que la mort de Vassilis Maggos est un assassinat d’État. Face à une explosion de violence extrême de la part des MAT et des DELTA cette fois nous ne sommes pas convaincu.e.s par aucun récit médical d’aucun médecin légiste. Notre position politique est de lire ce fait comme une violence constante avec une extension psychologique. Pour se venger.
P.S. : Nous pensons que, avec la présence dans la rue, les interventions et les manifestations combatives, les actions nocturnes sont un terrain très utile pour semer la panique au sein de l’État. Pour celles/ceux qui partagent cette idée : avec un peu de soin, d’organisation et de flexibilité, il est facile de s’approprier les moyens les plus simples pour propager le feu à la domination et à l’oppression. Surprenons-les comme il se doit dans une situation historique de pauvreté généralisée. Laissez les théories et la micropolitique et, pour l’instant, prenez le feu entre vos mains pour l’instant. Nous faisons appel à vous tou.te.s afin que vous gagniez votre peur et de preniez les rues, quand le soleil se couche, transformant ainsi la nuit en jour.
Vasilis Maggons paraîtra un honnête punk à côté de notre feu.
Solidarité avec le squat Dervenion56 et avec les squats politiques et de migrant.e.s ayant été visés par la répression.
Ne nous habituons pas à la mort et à la peur.
Arrêtons la gestion profondément fasciste de notre ville par les Bakoyannis* et Chryssohoïdis**.
Contre le spécisme, le patriarcat, l’État et les patrons.
Luttons pour la terre et pour la liberté.
Brûlons-le comme mille soleil brûlent,
vive l’anarchie !
Des milliers de soleils de la nuit
Notes d’Attaque :
* Kostas Bakoyannis, politicien de Néa Dimokratía, maire d’Athènes. Sa mère, Dora Bakoyannis, née Mitsotakis (son frère Kyriakos est l’actuel Premier ministre), a été ministre des Affaires étrangères et maire d’Athènes.
** Michalis Chrisochoidis, déjà encarté au PASOK, est l’actuel ministre de la Protection du citoyen.