reçu par mail / mercredi 29 juillet 2020
Le 12 juin 2020 a eu lieu la énième opération répressive anti-anarchiste menée par l’Etat italien, cette fois-ci appelée Opération « Bialystok » et orchestrée par le proc Michele Prestipino du Parquet de Rome. Cinq personnes ont été arrêtées et transférées en prison, trois sur le territoire italien et deux à l’étranger (France et Espagne), tandis que deux autres ont été assignées à résidence ; plusieurs habitations ont été perquisitionnées dont un espace anarchiste occupé à Rome, et du papier et du matériel informatique ont été saisis. Lors de l’audience de réexamen pour les personnes se trouvant sur le territoire italien, les inculpations ont été confirmées, sauf pour Paska qui a été libéré de son assignation à résidence.
L’habituelle association subversive à des fins terroristes est reprochée, ainsi qu’un certain nombre de fait spécifiques, notamment l’incendie de quelques voitures appartenant à la société d’autopartage Eni, une multinationale pétrolière italienne, et l’attentat à l’explosif contre la caserne des Carabiniers à Rome San Giovanni en décembre 2017 signé par la cellule « Santiago Maldonado » de la FAI/FRI. L’association terroriste subversive dont toustes sont accusé.e.s tourne autour de la solidarité exprimée (par des écrits, des mobilisations, des cortèges, etc.) aux anarchistes arrêté.e.s dans le cadre de l’opération « Panico » et en particulier à Paska qui a demandait le transfert dans une autre prison. L’enquête est encore en cours.
Dernières mises à jour
Le 14 juillet, Francesca a été extradée vers l’Italie. Au moment de son arrestation en Espagne, elle a été conduite à la prison d’Almeria, puis à la prison de Madrid où elle est restée quelques jours avant d’être extradée. Elle est actuellement à la prison de Latina en isolement pendant deux semaines pour des mesures de prévention contre le covid. Comme les autres personnes sous enquête, elle a été informée de la censure du courrier, ce qui signifie que le courrier entrant et sortant est lu et trié par les policiers. Vous pouvez écrire ou envoyer des livres en italien, anglais, français et espagnol :
Francesca Cerrone
Casa Circondariale di Latina
Via Aspromonte, 100
04100 Latina (Italie)
Nico a été transféré à la prison de Terni:
Nico Aurigemma
Casa Circondariale di Terni
Strada Delle Campore, 32
05100 Terni (Italie)
Le 28 juillet, Robi a été extradé vers l’Italie:
Roberto Cropo
C.C. di Roma Rebibbia
Via Raffaele Majetti, 70
00156 Roma (Italie)
Les adresses des autres personnes incarcérées dans le cadre de l’opération Bialystok restent inchangées :
Claudio Zaccone
Casa Circondariale di Siracusa
Strada Monasteri, 20
Contrada Cavadonna
96014 Siracusa (Italie)
Flavia Digiannantonio
C.C di Roma Rebibbia
Via Bartolo Longo, 72
00156 Roma (Italie)
Soutien économique
En ce moment, il est important d’empêcher l’isolement carcéral des prisonnier.e.s, avec tous les moyens possibles, entre autre par le courrier.
De plus, il faut faire face au côté économique, qui couvrira les dépenses liées à la défense légale ainsi que les mandats aux prisonnier.e.s. Pour quiconque veuille participer, un compte a été ouvert :
COD.IBAN: IT40B3608105138206892206896
INTESTATARIO: Pietro Rosetti
SWIFT/BIC: BPPIITRRXXX
MAIL: iakovlev@riseup.net
Vous trouverez ci-dessous quelques communiqués et affiches en solidarité :
Mort à l’État, mort au patriarcat…
Le matin du 12 juin 2020, le Ros a organisé une nouvelle opération de répression anti-anarchiste, cette fois-ci signée par le parquet de Rome. Deux compagnons se retrouvent assignés à résidence et cinq autres sont arrêté.e.s sur le territoire italien, français et espagnol. Parmi les accusations, comme c’est d’usage maintenant, celle de conspiration subversive à des fins de terrorisme et d’incitation à des crimes et délits. Une fois de plus, l’objectif est de frapper celles/ceux qui revendiquent la solidarité comme une pratique offensive et qui soutiennent activement les compagnons et compagnonnes anarchistes dans les mailles de la répression. Comme à Bologne le mois dernier, avec l’opération Ritrovo, les méthodes se répètent : policiers encagoulés, dans certains cas, armes à feu pointées et portes enfoncées, téléphones réquisitionnés, perquisitions et saisies de matériel informatique et papier.
L’État, à travers ces manifestations musclées, tente de nous effrayer et de nous faire sentir isolées, en accord avec cette société patriarcale qui voudrait nous rendre dociles, enfermées dans nos rôles de genre prédéfinis. Nous ne sommes pas surprises lorsque, comme dans le cas présent, les médias soulignent la présence des femmes dans les enquêtes, s’étonnant de ne pas nous retrouver relégués au deuxième rang. Nous rejetons ces logiques imprégnées de paternalisme, nous ne cherchons pas de protection mais la complicité dans l’attaque.
Face à la tentative de nous retirer l’utilisation de la violence comme réponse à ce qui nous opprime nous nous sommes toujours rebellées et nous nous rebellerons toujours.
Nous ne voulons pas que l’on nous concède une place dans cette société patriarcale, qui se maintient et se reproduit aussi à travers la distribution du pouvoir au genre socialisé au féminin, mais seulement danser sur ses décombres.
Nous ne sommes pas intéressés par les technicités juridiques et les concepts dichotomiques de culpabilité et d’innocence. En tant que féministes et anarchistes, nous ne pouvons que revendiquer la solidarité avec celles et ceux qui s’attaquent au système patriarcal sous toutes les formes avec lesquelles il s’exprime.
Nous transformons la peur en colère et la colère en force. Et cela nous rend dangereuses.
Mort à l’État
Mort au patriarcat
Pour l’anarchie
Complices et solidaires des personnes arreté.e.e dans l’opération Bialystock
TOUS ET TOUTES LIBRES
Quelques anarchistes féministes
Source : https://roundrobin.info/2020/06/morte-allo-stato-morte-al-patriarcato/
Messine – Affiche en solidarité avec les prisonniers de l’Op. Bialystock
Le soulèvement est inextirpable
Vendredi 12 juin, à 5h30 du matin, les ROS (ndt. littéralement « Regroupement opératif spécial », département des carabiniers) ont fait irruption dans des habitations et des maisons occupées pour arrêter ce que les organes chargés de l’enquête appellent une cellule terroriste anarchiste. Les pages des quotidiens nationaux et locaux rapportent la nouvelle avec beaucoup de clameur et des articles photocopiés, émettant un verdict de culpabilité avant même tout procès auquel nos compagnons devront faire face, dans une énième démonstration d’inconvenance et de soumission au pouvoir.
Mais de quoi nos compagnons sont-ils accusés dans l’opération Bialystok ?
Deux faits spécifiques méritent d’être soulignés : la bombe à la caserne de Caramba et l’incendie de certains véhicules de l’ENI.
En dépit des annonces bombardées par les hommes en uniforme – Cela aurait pu être un massacre ! – personne n’a été blessé dans l’explosion du thermos devant la caserne San Giovanni : pourtant, en tant que forces armées, membres d’une armée, les victimes, bombes et morts, ils devraient connaître : cela ne vaut même pas la peine de faire une liste, en suivraient trop de mots et trop de douleur. Leur rendre une partie de leur fracas, est le moins que l’on puisse faire.
La tragédie des voitures brûlées est tout aussi grotesque : il faut vraiment être d’ignobles criminels pour saboter la propriété d’une compagnie pétrolière qui affame des communautés entières depuis des décennies en empoisonnant leurs territoires, en pillant les ressources énergétiques, en causant mort et souffrance au nom de sa marge de profit. Pauvre ENI, victime de ces canailles. Mais au-delà des deux événements les plus spectaculaires, ce dont les sept sont accusés est quelque chose de plus profond : le désir de subvertir le monde ; sur cette accusation, nous voudrions clarifier et vous rassurer tout de suite : vous ne vous trompez pas.
Nous vous faisons des aveux complets et vous donnons un Scoop : nous sommes tous coupables, les sept arrêtés et tous les autres individus, derrière les barreaux ou en « liberté », qui éprouvent du dégoût pour ce système d’oppression et agissent pour s’en débarrasser. Chaque jour dans le monde, petits et grands sabotages, actions plus ou moins violentes, chants et pensées, témoignent de la volonté de mettre fin à ce monde qui nous asphyxie. Nous sommes tous coupables.
Ainsi, cette hyperbole trouve son accomplissement, de sorte que ce basculement opprimé/bourreaux devient manifeste : ceux qui passent leur vie à commander et à obéir, appliquent la vision de leur serviteur à tout ce qu’ils observent.
De cette façon, les relations d’amitié, d’affinité, de confiance deviennent une organisation avec un leader et des subordonnés : une cellule subversive ; la solidarité exprimée à ceux qui sont en prison en Italie ou même tués à l’autre bout du monde, est une conspiration internationale, pour ceux qui sont si myopes qu’ils ne voient que leur carrière et leurs intérêts personnels ; avoir une cause à cœur est incompréhensible et punissable seulement pour ceux qui n’ont pas de cœur.
C’est pourquoi ils nous enferment en écrivant ces absurdités.
C’est pourquoi ils ont tort de penser qu’en supprimant une « cellule », comme ils l’appellent, ils peuvent arrêter la lutte contre l’oppression du capitalisme et des États.
C’est pourquoi un millier de fleurs de solidarité fleurissent déjà.
Liberté pour Claudio, Flavia, Nico, Robi, Fra, Daniele, Paska ! La liberté pour tous !
Source: https://roundrobin.info/2020/07/messina-manifesto-in-solidarieta-ai-prigionieri-dellop-bialystock/