Berlin (Allemagne) : Ils ont essayé de nous enterrer mais ils ont oublié que nous sommes des graines

Rigaer94 / samedi 11 juillet 2020

[Note d’Attaque : le 9 juillet, un appartement squatté au rez-de-chaussée de Rigaerstrasse 94, à Berlin, a été expulsé]

Dernières mises à jour :

Du vendredi au samedi soir, il y avait des vigiles devant notre maison, qui n’a plus de portes à son entrée. Hier matin, vers 6h30, les flics ont tenté d’entrer à nouveau dans le bâtiment de devant de la maison. Le prétendu « syndic de l’immeuble » Torsten Luschnat est arrivé à 7 heures du matin, afin d’entrer dans les appartements du 4ème étage. Bien entendu, le propriétaire de la maison n’est toujours pas connu, mais les flics et leurs amis du Sénat de la ville de Berlin ont décidé de faire confiance au nouveau syndic, qui prétend être légalement autorisés à entrer. L’entreprise Luschnat Immobilien n’a même pas respecté le cadre légal et a essayé d’entrer par la force dans des appartements pour les expulser.

La tentative d’expulsion a commencé avec une équipe de maçons, (protégés par les flics) qui ont essayé de défoncer une porte condamnée, en blessant les personnes qui se trouvaient derrière. Les personnes derrière les barricades se sont défendues, de façon que leurs plans n’a pas réussi. Il était donc impossible pour les ouvriers d’entrer. Du coup, maçons et flics sont allés au grenier et ont fait un trou dans le sol, pour arriver dans les appartements du 4ème étage. Malheureusement pour eux, les habitant.e.s ont encore une fois réussi à les empêcher d’entrer. Les flics, craignant de sortir du cadre légal, n’ont pas voulu continuer et ont arrêté la procédure. Après ces tentatives infructueuses d’entrer dans nos appartements, flics et vigiles se sont placés devant notre porte. Au même moment, les maçons ont commencé à jeter à la poubelle toutes les affaires de l’appartement du rez-de-chaussée, qui avait été expulsé vendredi dernier. Ils utilisaient cet appartement comme leur toilette, cuisine, etc. Dès qu’ils ont réalisé qu’il y avait un contrat de location encore valable, avec une personne présente pouvant le montrer, les portes de l’appartement ont été condamnées.
Pour démontrer leur pouvoir, les flics ont décidé, de temps en temps, d’empêcher les personnes non enregistrées comme domiciliées à Rigaerstrasse 94 d’entrer à l’intérieur. Dans l’après-midi, les flics ont quitté leur position devant notre maison. Avant l’arrivée de la manifestation à notre maison, les vigiles sont également parti, sous protection policière. Des centaines de personnes solidaires se sont rassemblées le soir pour une manif. Celle-ci s’est terminée devant notre maison et les gens sont restés jusqu’à tard dans la nuit.

Quelle est la stratégie de l’État derrière cette attaque

Nous constatons que dans le monde entier les États réagissent de façon très autoritaire aux luttes sociales pour l’égalité et la solidarité. Mais des personnes se révoltent et se défendent. Si nous regardons les espaces auto-organisés à Berlin, la tactique de la police est évidente : ils veulent se débarrasser de nous parce qu’ils craignent notre cohésion et notre résistance commune. Ils essaient de plus en plus d’utiliser la stratégie des « expulsions à froid » [sans procédure judiciaire ; NdAtt.] comme ils l’ont fait avec le G17a, la Teppichfabrik, le SabotGarden etc. Pour Rigaer94, il y a à nouveau une stratégie planifiée à long terme, comme en 2016. Geisel [Andreas Geisel ministre de l’Intérieur de Berlin, du SPD ; NdAtt.] utilise désormais une tactique similaire à celle de Henkel [l’ancien ministre de l’Intérieur, conservateur (CDU) ; NdAtt.]. Cela faisait partie de leur stratégie, de placer, depuis janvier, l’unité de police BPE devant notre porte ou sur la Dorfplatz voisine et de contrôler les personnes qui veulent entrer, sortir ou passer devant la maison. Même en période de Coronavirus, ces mesures de police se sont intensifiées.

Cette fois, ils avaient prévu d’utiliser comme prétexte des perquisitions, afin d’expulser les gens de leurs appartements, de se débarrasser de nos portes et de prendre le contrôle de la maison. Il est évident que tout cela est lié à la tentative d’expulsion de nos voisines du Liebig34.
D’une part, il est possible que des vigiles privés, qui ont dit qu’ils resteraient pendant des semaines, réapparaissent et restent jusqu’à l’expulsion de Liebig34. D’autre part, on ne sait pas si les flics veulent nous obliger à rester dans notre maison ou pas, dans les prochaines semaines. Leur but est d’immobiliser les gens de la maison et d’éviter que la maison ne soit une épine dans le pied de l’ennemi dans la bataille à venir. C’était une tentative de choquer, d’affaiblir et d’isoler le mouvement qui lutte contre l’État et le capital.

Ils sont pleinement conscients de notre lien étroit et de notre rapport de solidarité avec Liebig34. Cela arrive également à une époque où nos liens avec le voisinage sont devenus plus forts et plus étroits (sauf avec les personnes du quartier qui aspirent à la paix avec ce système, dans l’un des pays les plus riches du monde, comme dans le film Bambiland). Chaque jour, nous mettons en œuvre notre politique d’en bas, dans les rues, et nous nous positionnons afin de reconquérir des espaces et de construire un quartier rebelle.

Cette attaque de l’État contre nos idées et nos structures est certainement une tentative de gagner plus de contrôle sur notre maison, notre quartier, ses luttes et tou.te.s celles/ceux qui en faire partie. L’État connaît la force de notre solidarité et de notre lutte commune contre ce système meurtrier.

Une période d’expulsions a déjà commencé. Elle n’est pas fixée autour d’un jour J précis, elle a lieu maintenant et demain !

Les maisons pour celles/ceux qui en ont besoin !
Une attaque contre un projet d’habitation, est une attaque contre nous tou.te.s !
N’oubliez pas la manifestation en soutien aux projets menacés le 1er août à 20 heures (départ Herrfurthplatz) et la manifestation spontanée à 21h le jour d’une éventuelle expulsion.
Nous appelons à des actions décentralisées. Soyez créatif.ve.s dans les rues et prenez soin les un.e.s les autres.
Toute attaque étatique, toute expulsion, trouvera sa réponse!

Avec la rage dans nos cœurs,
Rigaer 94

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