Quelques nouvelles des compas emprisonné.e.s
Round Robin / vendredi 15 mai 2020
Aujourd’hui, vendredi 15, les compas ont été interrogé.e.s par le juge en charge des enquêtes, en visioconférence.
Les avocats ont pu rencontrer tout le monde et les compas ont pu se voir entre eux. Ils sont en isolement pour quarantaine. […] Guido et Duccio sont aux arrivants (de la prison de Ferrara) et ont pu sortir à la promenade, seuls. Probablement Leo et Zip sont eux aussi aux arrivants (à Alessandria), mais ils n’ont pas eu le droit d’aller à la promenade. On ne sait pas encore pour les filles (enfermées à Vigevano et Piacenza). Aujourd’hui les avocats ont été à Ferrara et les prochains jours ils iront voir les autres compas.
Caisse de solidarité
Pour les personnes qui veulent porter de la solidarité aussi par le soutien économique, on pourra faire des virements sur ce compte. L’argent récolté sera utilisé comme caisse de solidarité pour les compas emprisonné.e.s et pour les frais de la défense.
On remercie les nombreuses personnes solidaires qui ont déjà dit vouloir participer au soutien économique des compas.
Dans l’attente de se « retrouver » bientôt, dans les rues !
IBAN: IT82E0100503246100082077927
BIC swift: BNLIITRRXXX
Titulaire : Marcello Salvati
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Sur l’opération « j’essaye encore »*
Round Robin / samedi 16 mai 2020
Peu après 2 heures du matin du 13 mai, est déclenchée à Bologne l’énième opération contre des anarchistes. Cette fois aussi, on les accuse d’association subversive (art. 270bis du Code pénal).
Sept compas finissent en taule, cinq autres auront l’interdiction de sortir de Bologne et de sortir de chez eux/elles la nuit, quatre d’entr’elles/eux doivent aussi pointer au commissariat chaque jour.
Le local anarchiste « Il Tribolo » et des nombreuses habitations sont perquisitionnées par
200 entre Carabinieri et agents du ROS [Raggruppamento Operativo Speciale des Carabinieri, qui s’occupe de criminalité organisée et de terrorisme ; NdAtt.].
L’enquête, chapeautée par le Procureur Dambruoso, est commencée suite à l’incendie d’une antenne-relais, accompagné par le tag « Éteindre les antennes, allumer les consciences. Solidaires avec les anarchistes détenus et sous contrôle judiciaire », qui a eu lieu sur une colline dans les environs de Bologne en décembre 2018. Le dossier reste oublié dans un tiroir du Parquet de juillet 2019, jusqu’à mai 2020.
La raison de cela est avoué sans pudeur par les enquêteurs : dans une époque où les prisons brûlent, l’État doit se débarrasser des personnes qui ont toujours manifesté leur soutien aux détenus en lutte. Et pas qu’avec des mots. Et il doit le faire parce qu’avec les temps qui viennent, il vaut mieux qu’il se prépare. Arrêter de façon préventive.
Du coup, pour l’Administration pénitentiaire, les révoltes dans les prisons (pendant lesquelles 14 détenus sont morts rien qu’en Italie) sont le fruit de « l’instigation anarcho-insurrectionaliste » ou, en alternative, « l’œuvre de la mafia », sûrement pas le fruit des conditions invivables où se trouvent les personnes emprisonnées.
Pour les Carabinieri et ceux qui ont signé les ordres, les mobilisations qui on porté familles et personnes solidaires devant les prisons, pendant le confinement, ne seraient rien d’autre qu’une « instrumentalisation anarchiste destinée à la perpétration de délits ». L’existence de cœurs déterminés à briser le voile d’indifférence derrière lequel, dans la seule prison de Bologne, deux prisonniers sont morts de coronavirus, est une option inimaginable pour un serviteur de l’État.
Ce ne sont pas les injustices et les inégalités d’une société fondée sur l’oppression qui donnent naissance à luttes et rébellion, mais l’œuvre de prosélytisme de quelques blog.
Ce qui est ouvertement mis sous accusation, dans l’opération des ROS, ce sont les idées anti-autoritaires, la défense des pratiques d’attaque, le soutien aux prisonniers anarchistes, le manque de dissociation de la violence révolutionnaire, la participation à des manifestations, l’écriture d’affiches, l’impression de journaux muraux, mais, paradoxalement, aussi la volonté d’éviter qu’une manifestation à laquelle on participe soit chargée par la police, le faut de se débrouiller pour trouver une maison où des compagnons puissent purger leurs arrestation domiciliaires, le fait de se voir ou d’habiter ensemble.
Établir des responsabilités individuelles est pour les Carabinieri quelque chose de superflu et il le disent ouvertement.
Ils participent à une manifestation pendant laquelle sont détériorés les distributeurs de billet d’une banque qui est la propriétaire du bâtiment qui aurait dû héberger le CRA de Modena. Peu importe s’ils ont participé aux dégradations ou pas, il s’agit d’individus qui s’opposent à ces structures, mais il y a plus : certains auraient même dit préférer l’action directe au simple témoignage d’idée, et a donc acheté des fumis.
Dans ce bordel où seulement les Carabinieri peuvent se retrouver, tout raisonnement logique nous paraît hors lieu…
Ce qui est clair, cependant, est la volonté de frapper les luttes et la solidarité. C’est à nous tou.te.s et à chacun.e de nous de leur en empêcher.
Complices et solidaires avec Elena, Duccio, Nicole, Zipeppe, Stefi, Guido et Leo.
Anarchistes et solidaires
Note d’Attaque : « Ritrovo », le nom donné par les Carabinieri à leur opération répressive, signifie « point de rencontre » (ou « je trouve à nouveau »). Dans ce titre, le jeu de mot est avec « Ci riprovo » : j’essaye encore.
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C’est dans les rues que vous allez nous « retrouver » – toujours aux côtés de ceux/celles qui luttent et se rebellent
Round Robin / vendredi 15 mai 2020
A Bologne, en fin d’après-midi du 14 mai, une manifestation d’environs une centaine de personnes a traversé le quartier Bolognina, pour porter dans les rues, avec des discours à l’haut-parleur, des slogans criés en chœur, des tracts et des banderoles, des messages de solidarité avec les compas anarchistes arrêté.e.s pendant la nuit du 13.
Après plusieurs mois d’isolement à la sauce « urgence coronavirus », notre présence solidaire dans les rues, hier, démontre qu’une telle enquête des ROS, qui, même si esquissée de façon ridicule, a porté à l’emprisonnement des compas et à l’application de mesures répressives pour d’autres compas, n’arrive pas à arrêter la solidarité avec celles/ceux qui se rebellent à cet état de choses. Ni, encore moins, les luttes de ceux/celles qui se défendent de ceux qui contrôlent nos vies, contre l’exploitation aux dépenses de la santé d’autrui, contre toute sale prison.
Liberté pour Elena, Nocole, Stefi, Duccio, Guido, Leo et Zipeppe !
Nous vous voulons avec nous, tout de suite !
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Vigevano : Une salutation solidaire pour Stefania
Round Robin / dimanche 17 mai 2020
Le 14 mai, un groupe de compagnons et compagnonnes est allé devant les murs de la prison de Vigevano pour faire une salutation solidaire à Stefania, arrêtée la veille lors de l’opération « Ritrovo », terminée avec l’arrestation de 7 compas et d’autres 5 mesures de surveillance.
Nous avons réussi à communiquer avec les détenus et leur avons expliqué parce que nous étions là devant.
Depuis l’intérieur, on nous a répondu avec des slogans et en frappant sur les barreaux.
Nous ne savons pas si Stefania nous a entendu : nous avons essayé de nous déplacer le plus près possible de la section pour femmes et heureusement des détenus nous ont assuré qu’ils essayeront de lui faire parvenir notre message.
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Rovereto : Des lignes de télécommunication sabotées
Il Rovescio / samedi 16 mai 2020
On apprend des journaux locaux que dans la nuit de jeudi à vendredi, une action anonyme a mis hors service 5 armoires de câbles téléphoniques et internet. Le résultat a été le « blackout » d’une partie de la ville (on parle de 2000 lignes). Sur les lieux il y avait des tags : « Libérons-nous des cages technologiques » « Solidarité aux compagnons de Bologne » et « Liberté pour les détenus ».