Act for freedom now ! / vendredi 1er mai 2020
Nous déclarons, de façon responsable, que nous sommes irresponsables
nous nous déplaçons de manière insubordonnée
nous ne laisserons pas le combat pour plus tard.
Alors, jouons.
La nuit tombe sur la métropole.
Les rôles se sont consolidés, car, après u bon bout de temps, la situation de confinement construit une nouvelle routine. Une routine qui est contrôlée et qui, en même temps, nous contrôle.
Les citoyen.ne.s sont enfermé.e.s dans leurs maisons, elles/ils allument leurs téléviseurs pour le programme du soir. La question est de savoir s’ils/elles les ont jamais éteintes, de toute la journée. Quelques un.e.s d’entre eux/elles, se rappelant les jours glorieux de leur « liberté », prennent un position combative depuis leur balcon ; ce sont les protecteur.trice.s volontaires, celles/ceux qui vérifient qui se déplace et qui ne se déplace pas. Elles/ils ne se limitent pas à regarder, ils/elles nourrissent leur soif de contrôle et d’inspection policière de leur quartiers. Des mouchards, des citoyen.e.s responsables, de bonnes ménagères, de partisan.ne.s de la junte militaire, des mâles alpha ; ils/elles dégagent l’odeur dégoûtante qui flotte dans la ville, qui, elle, est vide de monde et pleine de flics.
Et bien sûr, les flics ont encore une fois un rôle de protagonistes. Disséminés dans les rues, errant comme des êtres imposants, ils dominent les quartiers et contrôlent fièrement les gens. Parfois, ils n’ont même pas besoin de le faire, car ils prennent leur plaisir à voir les regards et les pas anxieux des passant.e.s, même s’ils ne les contrôlent pas tou.te.s.
La routine de confinement imposée que nous vivons depuis plus d’un mois nous a procuré des sensations sans précédents. Des choses qui jusqu’ici étaient considérées comme dystopiques (attestations de déplacement, contrôle du champ social dans des formes militarisées, flics dans les rues, drones), maintenant sont simplement la réalité et d’autres choses (comme les manifestations, les collages d’affiches, les rassemblements) sont en train d’être criminalisées.
Notre haine de l’autorité et du système de pouvoir dans lequel nous survivons ne s’est pas interrompue. Nous devons inventer de nouvelles pratiques, à la fois pour réaliser les choses normales d’avant le confinement et aussi pour continuer à causer des blessures ouvertes et des fêlures à l’existant. Nous essayons, en restant proches les un.e.s des autres, de ne pas être saisi.e.s par la peur, d’où qu’elle vienne. Nous trouvons des cibles à attaquer, pour ne pas mourir d’ennui ou devant un écran et au même temps pour susciter des sourires complices et clandestins à nos compas.
Et quand tout cela finira-t-il ?
Probablement ça sera décidé par ceux qui fixent les règles du jeu.
Quand tout cela s’effondre-t-il ?
Lorsque certaines personnes choisissent de ramener avec elles du matériel inflammable, lors d’une promenade sans but.
Un incendie peut perturber les règles, perturber ceux qui les fixent, parce qu’apparemment certains individus n’ont pas l’intention d’obéir ni de se soumettre. Et peut-être que ce feu est l’élément le plus thérapeutique qui peut être répandu dans les rues de la ville-fantôme et à travers les yeux des gens tristes et presque sans vie qui la composent.
Vendredi 10 avril, nous avons mis le feu à deux véhicules d’ELTA (la poste grecque), dans la rue Papanastasiou, en face de l’hôpital Ippokratio.
Mercredi 15 avril, nous avons placé un dispositif incendiaire sous un véhicule d’une entreprise de sécurité, dans le quartier de Sykies.
Nous envoyons un signal de solidarité à tou.te.s celles/ceux qui, même incarcéré.e.s et directement affecté.e.s par l’état d’exception, continuent à garder une position digne et combative.
Nos salutations incendiaires à tou.te.s les migrant.e.s qui se révoltent dans les centres de rétention, à tou.te.s les prisonnier.e.s dans les geôles grecques, qui subissent des transferts punitifs ou des fouilles répressives dans leur cellules, de la part des ordures de la police grecque.
Avec bonheur et plaisir débordant de nos yeux, nous déclarons que rien ne restera sans réponse, nous reviendrons, armé.e.s de plus de colère, plus enragé.e.s et plus dangereux.ses.
De Corinthe à Malandrino, Thèbe, Domokos, et de Paranesti à Corfou, Koridallos, La Canée et Grevena : feu et flammes pour chaque cellule/cage.
Rage et conscience, négation et violence, répandons le chaos et l’anarchie.
une association toujours fluide