Le Figaro / mardi 17 mars 2020
[…] de nombreux établissements étaient ce soir sous une extrême tension après l’épisode de ce matin, à la maison d’arrêt de Grasse. Les prisons de Maubeuge, Douai et Perpignan connaissent des incidents graves actuellement lors des remontées de promenade, obligeant pour les deux premiers établissements à faire intervenir les forces spéciales de la Pénitentiaire, les ERIS, tandis qu’à Perpignan, cette mutinerie concernerait une centaine de détenus.
A cela s’ajoutent des heurts plus maîtrisés dans les établissements de Nancy, Valence, Saint-Etienne, Angers et Toulon.
En cause, l’annonce de la suspension des parloirs. Une suspension de fait puisque les familles confinées, comme le reste des Français, ne pouvaient se rendre en maison d’arrêt pour visiter les détenus. […]
*****
Prison de Grasse (Alpes-Maritimes) : Début de mutinerie et répression
France Info / mardi 17 mars 2020
L’incident est clos à la prison de Grasse (Alpes-Maritimes), après un début de mutinerie dans la matinée du mardi 16 mars, a appris franceinfo auprès de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Marseille. D’après l’administration pénitentiaire, les détenus craignent notamment de ne plus pouvoir sortir en promenade ou de cantiner, après avoir vu des images de rayons vides dans les supermarchés.
Les parloirs sont par ailleurs suspendus dans les prisons et ce jusqu’au 31 mars, car la visite aux détenus ne fait pas partie des sorties autorisées, indique le ministère de la Justice.
Vers 10h mardi matin, une vingtaine de détenus ont cassé les grillages qui séparent les deux cours de promenade. Une soixantaine de détenus se sont alors rejoints, « le reste de la détention est resté calme », souligne la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Marseille. Un feu de guérite a eu lieu, mais n’a pas nécessité d’intervention des pompiers. Un groupe de six à sept hommes sont montés sur le toit d’un des bâtiments de la prison et ont jeté des projectiles sur les gardiens en contrebas, indiquent également des sources proches du dossier. La situation s’est calmée après l’intervention du Raid et d’une équipe régionale d’intervention et de sécurité de Marseille qui ont complété un important dispositif policier. Il n’y a pas eu de blessé.
La prison de Grasse accueille actuellement 673 détenus, pour 574 places.
*****
Prison de Perpignan : Ils refusent de rentrer en cellule
France 3 / mardi 17 mars 2020
Ce mardi après-midi, vers 15h30, une centaine de détenus en promenade dans la cour de la prison de Perpignan n’a pas voulu rentrer pour regagner les cellules. Les prisonniers voulaient montrer leur mécontentement car ils n’ont pas eu droit aux parloirs. Tous ont été annulés pour cause de coronavirus.
Tout est rentré dans l’ordre en début de soirée, après l’intervention des forces de l’ordre, des ERIS, les Équipes régionales d’intervention et de sécurité de l’administration pénitentiaire. Les prisonniers ne comprennent pas toujours les mesures de protection prises pour eux, leurs familles et le personnel.
Les revendications porteraient également sur les cantines où ils peuvent s’approvisionner en denrées alimentaires et produits d’hygiène mais dans le contexte actuel, ces moments de leur vie quotidienne sont suspendus. D’où leur colère.
*****
Prison d’Angers : « Remettez nos parloirs »
Ouest-France / mardi 17 mars 2020
« La situation est revenue à la normale », un peu avant 22 h ce mardi 17 mars, à la maison d’arrêt d’Angers. Depuis le milieu d’après-midi, un mouvement d’humeur a conduit 54 détenus à refuser de regagner leurs cellules, après la promenade.
Un peu plus tôt, vers 20 h 30, les 38 surveillants pénitentiaires spécialisés dans le maintien de l’ordre des équipes régionales d’intervention et de sécurité (Éris) ont commencé à reconduire, manu militari, les prisonniers dans leurs cellules. Depuis la fin d’après-midi, ces hommes protestaient contre la suppression des parloirs.
« Nous avons une cinquantaine de détenus sur une cour de promenade qui refuse de réintégrer les cellules », assurait en pleine « mutinerie » la directrice de la maison d’arrêt d’Angers, Delphine Cloarec. La situation se serait tendue vers 17 h 30 environs, quand un groupe de prisonniers a décidé de manifester son mécontentement.
Ils voulaient ainsi dénoncer la suspension des parloirs. « Remettez nos parloirs », auraient-ils scandé après avoir incendié une cabine téléphonique. La suspension des visites, « une mesure de précaution » dans le cadre du confinement général décidé dans la soirée de lundi 16 mars, par le Président de la République Emmanuel Macron pour lutter contre la propagation du coronavirus. Une mesure entrée en vigueur à 12 h ce mardi 17 mars, comme l’a expliqué le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui avait, dès son annonce, suscité une vague de protestation dans la maison d’arrêt.
[…]
*****
Les prisons en surchauffe à travers l’Hexagone
actupenit / mercredi 18 mars 2020
[…] Vers midi, refus de réintégrer des détenus de Bois-d’Arcy. Fin des opérations a 15h00. Puis en début d’après-midi, une mutinerie a éclaté au centre pénitentiaire de Réau. L’incident est maintenant clos. Le centre de détention de Val-de-Reuil a également subi un refus de réintégrer qui est maintenant clôturé.
Concernant les situations en cours. les prisons de Lyon-Corbas, Aiton, Grenoble, Villefranche, Saint-Quentin-Fallavier et Osny subissent des refus de réintégrer des détenus qui se trouvent dans les cours de promenade. Les ERIS sont surchargés et ne peuvent pas intervenir sur la totalité des établissements en même temps. Les agents sur place, parfois renforcés par les forces de l’ordre tentent de maîtriser la situation.
Ces mouvements collectifs font suite à la restriction des activités et des parloirs dans les prisons en conséquence de l’épidémie du coronavirus.
*****
Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy : Réfuse d’intégrer les cellules
toujours la voix des matons, aujourd’hui
Depuis hier et le début du confinement en France, de nombreux incidents surviennent dans les prisons. Ce mercredi, c’est la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy qui est touchée par un refus de réintégrer. Selon le syndicat Force Ouvrière, une cinquantaine de détenus refusent de réintégrer leur cellule à l’issue des promenades. […]
*****
Centre pénitentiaire sud Francilien de Réau : Ici aussi, début de mutinerie
La République de Seine-et-Marne / mercredi 18 mars 2020
Un début de mutinerie, rapidement maîtrisé, a eu lieu ce mercredi 18 mars, en début d’après-midi, dans l’aile de la prison de Réau dédiée au régime « portes ouvertes » durant la journée. Un régime plus souple qui s’applique aux détenus qui purgent une longue peine.
Une trentaine d’entre eux ont protesté contre la fermeture provisoires des parloirs, prononcée à ce jour pour réduire la propagation du coronavirus. Du matériel a été détruit.
Les Equipes régionales d’intervention et de sécurité sont intervenues et ont procédé à la réintégration des cellules. « Les meneurs qui ont été identifiés seront transférés dans d’autres établissements, indique l’administration pénitentiaire.[…]
*****
Prison de Reims : Les prisonniers restent dans la cour de promenade
extrait de France Info / mercredi 18 mars 2020
A la prison de Reims, 25 détenus refusent de réintégrer leurs cellules depuis le début de l’après-midi, ce mercredi 18 mars. Environ 12 policiers sont sur place, une équipe de renfort est arrivée vers 19h30.
Quelques cris perceptibles depuis la rue, ce mercredi 18 mars vers 19h30, près de la prison de Reims. Un mouvement est en cours depuis la fin de l’après-midi. […]
*****
Centre de rétention de Lille‐Lesquin : Les prisonnier.e.s en grève de la faim
mediacités / mardi 17 mars 2020
Depuis l’annonce, vendredi 14 mars, qu’au moins un cas de coronavirus a été détecté au Centre de rétention administrative Lesquin, les étrangers retenus refusent de s’alimenter pour demander leur remise en liberté.
« Soit on meurt de faim, soit on meurt du coronavirus, résume Ahmed, 35 ans, enfermé depuis 14 jours au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Lesquin, au sud de Lille. On a tous très peur, ce sont nos vies qui sont en jeu. Ici, c’est la panique et tout le monde s’en fout : on s’est adressés à plein de gens et personne ne nous répond. Pour qu’on nous écoute, je ne vois pas d’autre moyen que la grève de la faim… » Cet Algérien, père de deux enfants, vit en France depuis une dizaine d’années. Comme les autres personnes retenues près de l’aéroport de l’agglomération lilloise, il attend avec angoisse d’être fixé sur son sort.
« La personne infectée a d’abord été placée à l’isolement, puis évacuée en ambulance la semaine dernière, raconte Kheir‐Eddine, 26 ans. Depuis, les policiers ont des masques, des gants, du gel. Nous, rien du tout à part du savon : on ne peut pas vraiment se protéger. Le stress nous rend malades, on ne sort plus de nos chambres. » Le jeune homme, né en Algérie lui aussi, attend depuis 35 jours sur le site de Lesquin, après cinq ans passés en France sans papiers.
« Tout est fermé : il n’y a plus d’activités, nous ne pouvons plus recevoir de visites de nos proches, ni des associations pour l’assistance juridique. Les audiences avec le juge ont lieu par visioconférence, c’est compliqué. Le centre n’a même pas été désinfecté. Tout ce que nous pouvons faire, pour éviter d’être malades, c’est de ne plus aller dans les espaces collectifs. Je n’ai pas mangé depuis quatre jours. Et tant que je ne serai pas libéré, je vais continuer », poursuit‐il.
Ouvert en novembre 2006, le CRA de Lille‐Lesquin peut retenir jusqu’à 86 personnes. Selon nos informations, 70 hommes environ y seraient actuellement enfermés. Dans un communiqué commun rédigé lundi, ceux‐ci déplorent notamment le report de nombreuses audiences du juge des libertés et de la détention. « C’est à l’occasion de ces audiences que nous pouvons être libérés. Et nous ne pouvons pas rester enfermés sans autorisation du juge, écrivent‐ils. La plupart des liaisons internationales en avion sont annulées. Si dans tous les cas nous ne pouvons pas être expulsés, à quoi bon nous garder ? »
« Les seules infos que nous avons, c’est à la télé. Les policiers ne nous disent rien, ils sont sympas mais ne peuvent rien faire pour nous. Il faut qu’une décision soit prise. Nous avons tous signé une demande de remise en liberté, envoyée au juge. A l’extérieur, nous avons des logements, on pourrait se confiner. Ici, des gens continuent d’arriver, nous ne sommes pas en sécurité », déplore Kheir‐Eddine.
Jointe par Mediacités, la direction du CRA ne s’est pas encore exprimée sur la situation. Dans les centres de Vincennes (Val‐de‐Marne), du Mesnil‐Amelot (Seine‐et‐Marne) ou de Lyon (Rhône), d’autres actions (grèves de la faim, blocages, tentatives d’évasions collectives, départs de feu) sont également menées.
La durée de rétention maximum dans les CRA est de 90 jours. D’après un rapport publié en 2018 par plusieurs associations (la Cimade, France terre d’asile, Ordre de Malte France notamment), la durée moyenne de rétention au CRA de Lille‐Lesquin est de 10,1 jours. Avec la pandémie, des associations multiplient les appels à vider les centres de rétention, dans lesquels le virus pourrait rapidement se propager. Elles évoquent notamment une mise en danger liée à la promiscuité.
« Plusieurs personnes ont été libérées du CRA aujourd’hui, note Sophie Danset, avocate au barreau de Lille, coordinatrice de la permanence étrangers cette semaine. Deux moyens ont été retenus : l’incompatibilité de la rétention, compte tenu de la crise sanitaire, et l’absence de perspective d’éloignement avec la fermeture des frontières. » A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle : dans les prochains jours, le centre de rétention administrative de Lille‐Lesquin pourrait bien être amené à se vider. Selon nos confrères de Mediapart, ceux de Nîmes, Sète et Nice commencent à l’être dès aujourd’hui.