Macerie / dimanche 5 janvier 2020
Moins d’un mois après les dernières révoltes, hier soir les retenus ont commencé à nouveau leur travail de démolition du CPR [Centro di permanenza per i rimpatri, « centre de permanence pour les rapatriements », des camps pour sans-papiers, comme les CRA français; NdAtt.] de Corso Brunelleschi. Le feu démarre vers minuit dans les sections verte et rouge, puis il se propage aussi à la section blanche. La seule section non touchée est, donc, la bleue. Tandis que les flammes enveloppent les cages, les retenus sont dans la cour, entourés par les policiers. Tout à coup un groupe de personne solidaires arrive devant le centre et pendant quelques minutes, des deux côtés du mur, des cris de “Liberté” montent au ciel, avec la fumée. […]
Depuis quelques semaines, le CPR de Turin n’est plus le seul existant dans l’Italie du Nord. Un autre centre vient en effet d’ouvrir à Gradisca d’Isonzo. Le projet, tant vanté par le gouvernement, de construire un centre dans chaque région semble lentement se réaliser. L’obstacle principal sont toujours la rage et le courage des retenus : en plus des révoltes des derniers temps, des innombrables protestations et actes de résistance individuels ou par petits groupes marquent le temps dans le centre de Turin ; apparemment dans celui de Gradisca aussi, quelques jours à peine après son ouverture, les retenus ont protesté et il y a eu des épisodes de résistance.
La vengeance de ceux qui font marcher la machine des expulsions n’a pas tardé. Dimanche après-midi, quelques heures à peine après la révolte, après que les pompiers ont éteint les feux dans les sections incendiées, les forces anti-émeute sont entrées en force, d’abord dans la section verte, puis dans la rouge, ils ont tabassé les retenus et les ont fouillés. Après cette opération, sept gars ont été embarqués et arrêtés en tant que responsables des incendies.
La seule section qui a encore des chambres habitables est la bleue, dans les autres les retenus doivent passer la nuit dans la salle ou dans la cour, sans couvertures.
Samedi 11 janvier il y aura deux rassemblements, devant les CPR de Turin et de Gradisca.
La moindre des choses est de faire sentir notre solidarité à ceux qui continuent à se rebeller, avec détermination et courage, jusqu’à quand de ces centres ne resteront que des cendres…