de.indymedia.org / dimanche 8 décembre 2019
Dans une conspiration nocturne, nous avons participé aux attaques contre une banque et deux compagnies d’assurance, en ville. Nous nous sommes réuni.e.s et derrière nous restent les fissures qu’on vous a laissées. Des fissures dans les vitres des fenêtres, qui se graveront dans votre mémoire comme des cicatrices. Nous vous jetons de la terre dans les yeux. Nous sommes venu.e.s et nous réapparaîtrons. En tant que créatures de la nuit, nous ne cherchons pas le salut, maisc cherchons notre bonheur dans les attaques contre les banques, les flics et ce tout qui nous viendra à l’esprit !
Notre agressivité et notre rage étaient mues par une profonde hostilité contre l’État et les autorités capitalistes, ainsi que par un espoir une solidarité profond à l’encontre de nos compas en Grèce et dans le monde entier.
Remember, Remember, the 6th of December
Notre colère fait rage ces nuits-là. Onze ans après l’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos par le flic Epameinondas Korkoneas, nous n’avons toujours pas de paix. Et c’est pour ça qu’on ne vous en donne pas. Cette attaque veut exprimer la vitalité de notre chagrin et être un exutoire pour notre colère. Surtout après la libération anticipée de Korkoneas, cette année.
Pour un Décembre noir
En 2015 les compagnons Panagiotis Argriou (de la CCF) et Nikos Romanos ont appelé à un Décembre noir. Notre action veut partager leur colère. Notre colère entraîne leurs actions :
« Il y a des moments dans l’histoire quand le hasard des événements peut causer des dynamiques capables de paralyser presque entièrement l’espace et le temps de la société.
C’était un samedi soir, le 6 décembre 2008, quand le conflit entre deux mondes a trouvé son point culminant en quelques instants. D’un côté, jeune, enthousiaste, spontanée et impétueuse: la violence insurrectionnelle; de l’autre côté l’organisme institutionnel, officiel, de l’État qui,conformément à la loi, réclame le monopole de la violence à travers la répression.
Non, ce n’était pas un ado innocent et un flic parano qui se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment, mais plutôt un jeune compagnon rebelle qui a attaqué une voiture de flics, dans un quartier où les affrontements avec les forces répressives étaient monnaie courante, et un flic qui patrouillait dans le même secteur et, à partir d’une perception personnelle de l’honneur et de la réputation de la police, a décidé d’affronter seul les fauteurs de troubles. C’était un conflit entre deux forces opposées: l’une l’Insurrection, l’autre le Pouvoir, avec les protagonistes majeurs de ce conflit représentant chacun son camp.
L’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos de la part du flic Epameinondas Korkoneas et les importantes émeutes qui s’en sont suivies ont provoqué un puissant électrochoc social, puisque l’image de la «paix sociale» a volé en éclats et l’existence de l’opposition entre ces deux mondes a été montrée de la façon la plus évidente, déclenchant des situations d’où le retour à la normale n’était pas facile, ou du moins des événements que personne pouvait prétendre de n’avoir pas aperçu, pas vu, pas entendu, pas pris en compte.
La révolte de 2008 a secoué une société qui, dans sa majorité, profitait encore de la béatitude consumériste et du culte du style de vie occidental, ignorant les conséquences insupportables de la crise économique qui devait arriver. Cela a causé de l’embarras, de la léthargie et de la paralysie de la perception, puisque la majorité du corps social était incapable de comprendre d’où avaient surgi ces si nombreux milliers d’émeutiers créant des troubles d’un tel niveau.
Au lendemain de la révolte, de nombreux intellectuels, analystes politiques, professeurs,sociologues, psychologues, criminologues et même artistes, chacun tirant parti de son prestige professionnel et de sa renommée, ont rejoint le débat public, pas seulement pour interpréter Décembre 2008, mais aussi pour le priver de sa signification, le calomniant et condamnant la violence en soi, peu importe d’où elle vienne; ils ont ainsi montré clairement quel est leur vrai rôle social.
Il y a encore beaucoup à dire à propos de Décembre 2008 et son legs insurrectionnel, tel qu’il s’est manifesté par les dizaines de groupes d’action directe qui ont proliféré d’un coup à travers le pays, créant un front de menace intérieure. Une période pendant laquelle l’action directe anarchiste a sapé la normalité sociale presque quotidiennement. Mais ce que nous voulons par-dessus tout c’est de nous souvenir…
Nous souvenir de ce qui a été Décembre 2008 et de comment l’anarchie, qui a eu un rôle majeur, a participé à l’apparition de situations dynamiques, qui ont eu de la résonance dans le mouvement anarchiste international.
Nous souvenir du moment quand l’anarchie a dépassé la peur des arrestations, de la captivité et de la répression violente et a dès lors acquis une terrible confiance en soi, avançant vers des actions et des gestes qui jusque-là paraissaient impossibles; une confiance en soi qui était visible dans le panel entier de l’action anarchiste multiforme, de la simple intervention publique à toutes les formes d’occupation et des pratiques spontanées d’affrontement à des actions offensives plus organisées.
Nous voulons nous souvenir de notre jeune compagnon, coupable de sa spontanéité, qu’il a payé de sa vie. Dans d’autres circonstances, on aurait pu être à sa place, puisque le même enthousiasme insurrectionnel nous imprègne depuis lors, et du reste CHACUN.E doit se souvenir de ses débuts, au lieu de les exorciser.
Nous voulons nous souvenir de la beauté de paralyser l’espace et le temps de la société avec des court-circuits sociaux plus ou moins grands.
Nous voulons nous souvenir de ce que l’anarchie peut devenir, quand elle le veut… »
L’attaque contre Exarcheia
Notre attaque visait à causer le plus de dégâts matériaux possibles. Nous vous envoyons un reçu de caisse pour l’attaque de cette année, particulièrement violente, contre le quartier athénien d’Exarcheia. Ce sont les flics du MAT et d’autres terroristes d’État qui ont envahi Exarcheia, et notre haine ne connaît pas de frontières. Donc vous devez payer aussi. La gentrification d’Exarcheia sera plus chère que vous ne le pensez ! Notre participation à la conspiration nocturne est une contribution à une plus forte connexion des luttes, pour les mener au-delà des frontières nationales et attaquer massivement les autorités.
Vous ne pourrez pas arrêter les attaques, partout dans le monde. Tant que nos pensées et nos rêves vivent, ils prennent racine dans nos cœurs. Notre désir de libération trouve sa façon de s’exprimer dans nos attaques !
En mémoire d’Alexandros Grigoropoulos !
En hostilité mortelle contre les flics et surtout contre le flic Epameinondas Korkoneas !
Solidarité avec Exarcheia !
Vive l’anarchie !