AMWEnglish / lundi 4 novembre 2019
Note d’Attaque : Viktor Filinkov a été arrêté fin janvier 2018, lors de la deuxième vague de l’opération répressive « Réseau », lancée par la police de la ville de Penza. Selon un article d’Anarchy Today (lu avec google translate), le 5 novembre, à son sixième jour de grève de la faim, il a été transféré dans la section des maladies contagieuses d’un hôpital de Saint-Pétersbourg.
La particularité de cette grève de la faim par rapport à beaucoup d’autres est le simple fait de l’absence de toute demande liée à sa situation personnelle. Viktor a clairement indiqué qu’il ne se plaignait pas à cause du centre de détention préventive et qu’il « ne jeûnait pas pour soi-même ».
Cette grève de la faim est un acte de solidarité. Il ne veut pas demander la « liberté pour les prisonniers politiques », car ce concept est trop étroit : il n’inclut pas la répression administrative et les passages à tabac de la part de la police lors des rassemblements. Et aussi, parce que toutes ses demandes seraient considérées comme extrémistes et terroristes, dans les conditions de la Russie d’aujourd’hui.
Il s’agit d’un geste de solidarité avec tou.te.s celles/ceux qui sont de l’autre côté du mur par rapport à la liberté. Solidarité avec les personnes impliquées dans l’« affaire 212 », avec Konstantin Kotov, avec ceux/celles qui ont été jugé.e.s dans l’affaire « Nouvelle grandeur »*, ceux/celles qui ont été blessé.e.s par les forces spéciales de la Garde russe et bien d’autres. De la part d’une personne enfermée, c’est un geste d’indignation face au système actuel et les bâtards qui le servent (que ce soit le FSB, la Garde russe, la Commission d’enquête, le Parquet, le ministère de l’Intérieur ou d’autres).
Viktor a été transporté aller-retour le long de la route Saint-Pétersbourg-Penza-Saint-Pétersbourg. Puis, pendant le transfert à Iaroslavl, Viktor est resté temporairement paralysé ; par la suite, le médecin lui a dit : « Ta vie coûte 5000 roubles [environ 14 euros ; NdAtt.]. Si tu meurs, je vais perdre cette récompense ». Par conséquent, il est pleinement conscient du fait que que le système ne se soucie nullement de lui.
Je sais que Viktor est une personne forte et résolue, prête à aller jusqu’au bout. Tout ce que Viktor attend de nous, c’est l’engagement maximal de chacun.e. d’entre nous pour la libération de tou.te.s les prisonnier.e.s, en attirant l’attention sur ce problème et en diffusant des informations non seulement à propos de l’affaire Réseau, mais aussi sur les autres affaires répressives.
Alexandra, épouse de Viktor Filinkov
* NdAtt. : série d’affaires répressives qui ont frappée l’opposition démocratique au gouvernement de Poutine. L’affaire « 212 » (l’article du Code pénal russe qui punit les émeutes) concerne treize personnes arrêtées car accusée d’avoir participé à la manifestation du 27 juillet 2019, pour demander des élections libres au Conseil de la ville de Moscou. Konstantin Kotov a été condamné en septembre dernier, grâce à une loi particulièrement controversée, à 4 ans de prison, pour avoir pris partie à des manifestations. Le groupe « Nouvelle grandeur » semble être une machination policière pour condamner à des dizaines de mois de prison dix jeunes moscovites, accusé.e.s d’ « extrémisme ».