La Voix du Nord / mardi 15 octobre 2019
Samedi, en fin de journée, plusieurs commerces et façades du boulevard La-Fayette, en centre-ville de Calais, ont été recouverts de tags. Des inscriptions comme « No Borders », « Anti-fa » et des symboles anarchistes, effacés ce mardi matin par la ville de Calais.
Ils ont été inscrits le long du boulevard La-Fayette, sur environ 700 m, sur une dizaine de façades du même trottoir. Samedi, un ou plusieurs individus ont fait une quinzaine de tags. Les riverains et les commerçants ont ainsi découvert des messages comme « No Borders », « Anti-fa », « Refugees welcome », des symboles anarchistes et des inscriptions à l’attention de la police, peints en bleu ou en noir. Ces tags ont déclenché la colère des commerçants. C’est le cas de Ruddy Dupont, propriétaire d’Ornela D., boutique taguée. « Il y en a marre, j’avais déjà été tagué une fois, j’avais payé 5 000 € pour refaire ma façade, la police avait retrouvé le fautif et je n’avais pas été remboursé d’un centime. Je suis très en colère et j’espère que les caméras de la ville vont fonctionner pour les retrouver », s’indigne le Calaisien, qui a porté plainte ce mardi. Quelques centaines de mètres plus loin, Sabrina, gérante du magasin La Magie du fil, a découvert, dépitée, deux graffitis sur sa façade qu’elle a refaite il y a à peine un an. Elle aussi a porté plainte. Laurent, son voisin, propriétaire du Point Gourmand qui a vu ces tags samedi au moment de fermer sa boutique, témoigne : « Ils ont agi entre 18 h 30 et 20 heures, alors qu’il y avait encore des clients chez moi ». Tous ces détails, Sabrina les a donnés à la police et elle espère, comme d’autres, que la caméra de surveillance installée à trois mètres de son magasin va permettre de retrouver le ou les auteurs.
Philippe Mignonet, adjoint à la maire en charge de la sécurité, ne souhaite pas faire de conclusion hâtive et préfère rester « dans l’attente des investigations de la police et des analyses des images de vidéosurveillance » avant de se prononcer sur l’origine de ces tags. Selon lui, « il pourrait s’agir d’un acte politique mais aussi de l’action d’un individu en mal d’identité ». À l’approche des élections municipales et du spectacle inaugural du Dragon de Calais, l’élu s’attend néanmoins à des tags à connotation politique, « inscrits pour détériorer l’image de la ville qui s’est améliorée ces derniers mois ». Coïncidence ou non, cet épisode intervient seulement deux jours après que « le mur de la honte », message à l’encontre de la gestion de l’État de la situation migratoire à Calais, a été écrit sur le mur anti-intrusion qui entoure, depuis mars, la station-essence Total, zone Marcel-Doret.
François Guennoc de l’association L’Auberge des migrants, qui vient en aide aux exilés depuis une dizaine d’années, ne sait pas qui pourrait être derrière ces tags. « Évidemment, ce ne sont pas nos bénévoles qui peuvent faire ça, on agit depuis toujours dans le cadre de la légalité et depuis plusieurs années, il n’y a plus trop d’activistes à Calais, souligne l’associatif. En revanche, c’est peut-être une personne qui est dans une démarche individuelle prête à prendre des risques pour faire entendre sa colère. » Selon le membre de l’Auberge des migrants, « des personnes en ont ras le bol de la situation qui dure depuis tant d’années et qui n’évolue pas. Des tentes sont données, puis retirées, etc. Certains sont dans l’exaspération. Il n’y a que le sous-préfet pour dire que tout va bien ». Ces tags interviennent, pour lui, dans un contexte bien précis, à quelques semaines des festivités liées à l’arrivée du Dragon de Calais, et « on pourrait s’attendre à des réactions face aux 27 millions d’euros dépensés ». Pour l’instant, aucun individu n’a été identifié ni interpellé.