Anarquia.info / dimanche 18 août 2019
Note d’Attaque : le 3 août, une fille de 17 ans a été violée par des policiers dans leur voiture de service, à Azcapotzalco, dans le nord de la capitale mexicaine. Quelques jours auparavant, un autre flic avaient violé une fille de 16 ans dans le musée de la photographie, dans le centre-ville.
En réponse, des femmes prennent la rue. L’entrée du bureau du Procureur général de Mexico est détruite par les manifestantes enragées, qui taguent aussi le Ministère de l’Intérieur. Vendredi 16, une grosse manifestation de femmes traverse la capitale mexicaine; en font les frais des nombreuses vitrines et une gare routière, ainsi que le poste de police de Florencia, qui est en partie incendié.
Communiqué des Féminas Brujas e Insurreccionalistas
Nous sommes mauvaises et nous pouvons être pires. Nous sommes votre pire cauchemar
« Provocation » et « illégalité » sont toutes les actions qui ne sont pas accomplies par l’État et qui dépassent ses lois et ses normes ; c’est pourquoi les autorités insistent pour présenter la guerre anarchiste contre le système de domination comme une « provocation » qui vise à déclencher la répression. Mais la réalité nous enseigne que la répression est ici et maintenant et que le pouvoir l’emploie chaque jour, soit de manière voilée, soit de manière brutale.
L’État continue à exercer son monopole de la violence et n’est disposé à partager celle-ci qu’avec des groupes appelés « criminalité organisée », avec lesquels il a en comun son ADN ; cela démontre qu’il n’y a rien de nouveau dans sa « Cuarta Transformación » [« quatrième transformation, reforme de l’État mexicain, leitmotiv de la campagne électorale de l’actuel président Andrés Manuel López Obrador, « AMLO » ; NdAtt.]. Comme nous l’avons toujours dit, il s’agit encore des mêmes chiens misogynes, maintenant avec le collier couleur cerise. Finalement, la rage à l’encontre du système a réussi à contaminer avec sa fureur de larges fractions du nommé « mouvement féministe », malheureusement endormi jusqu’à hier après-midi. Elles/Ils ont enfin compris que le pacifisme est le complice le plus actif du pouvoir patriarcal et de la domination.
Nous avons toujours déclaré que nous ne sommes pas féministes. NOUS SOMMES ANARCHISTES et c’est pourquoi nous luttons contre le patriarcat, pas pour féminisme. Nous connaissons l’idéologie féministe et nous la voyons « en action » chaque jour, occupant des sièges et des fonctions publiques, se hissant au dessus de nos vies et de nos corps, afin de propager la « Patrie féministe », comme l’a déclaré une sénateure du MORENA [parti mexicain de gauche, crée par l’actuel président mexicain, « AMLO » ; NdAtt.], oubliant (par conséquent) que la patrie est le territoire du patriarche.
Ni Martha Lucia Michel, ni Marta Lamas, ni Marilú Razo, ni aucune des féministe apprenantes au système (politiciennes, universitaires ou porte-paroles) ne nous représentent. Leur réaction contre la violence pourpre et noire, leurs étroites relations avec la Sheimbaum [Claudia Sheinbaum maire de la ville de Mexico, encartée au MORENA; NdAtt.], ne font que renforcer leur nature d’opportunistes à la recherche d’occasions, c’est pourquoi elles lui lèchent les bottes et sucent les boules de son président. Le meilleur exemple de leur complicité est le hashtag #ellesnenousreprésententpas, en affirmant qu’avec la violence contre le système nous ternissons « la défense des droits des femmes », en favorisant la passivité complice et imposant la conduite politiquement correcte du « bon peuple ».
Nous, nous ne sommes pas le Peuple. Être « le peuple », c’est déléguer notre réalité de femmes, notre liberté et notre autonomie à quelqu’un d’Autre, c’est nier notre individualité et notre essence. NOUS SOMMES DES GUERRIERS ANARCHISTES EN LUTTE CONTRE LE PATRIARCAT.
Nous sommes conscientes que nous sommes en guerre et nous savons qui sont nos ennemi.e.s. Nous savons à quoi nous sommes confrontées, tout comme nous savons qui sont les allié.e.s du système et qui sont nos complices.
Nous reconnaissons ce que d’autres ne disent pas : la présence au Palais présidentiel d’un fasciste misogyne, sexiste, pro-vie, ultraconservateur et évangéliste, auquel la gauche s’est alliée, dans son perpétuel opportunisme, pour « prendre le pouvoir » à tout prix.
Pour cette raison, nous ne demandons pas justice à nos bourreaux, ni la destitution et la punition de leurs porcs violeurs. Cela reviendrait à faire la distinction entre des bons et des mauvais flics. Pour nous, le meilleur flic est le flic est mort.
Nous ne voulons pas de dialogue, c’est pourquoi nous ne fixons pas de limites à la révolte. Nos désirs de destruction et nos envies de liberté ne s’enliseront pas dans des attrape-rêves : nous serons leur pire cauchemar !
Si un jour nous ne rentrons pas à la maison, n’allumez pas de bougies, allumez des barricades !
Pas de Dieu, pas d’État, pas de Maître, pas de Mari !
L’État-Capital, avec ou sans AMLO, c’est le patriarcat qui en est la trame !
Détruisons tout ce qui nous domine et nous conditionne !
Solidarité anarchiste avec tous les compas emprisonnés à travers le monde !
Contre la civilisation patriarcale !
Pour le contrôle de nos vies !
Pour la destruction du genre ! Pour la tension insurrectionnelle anarchique !
Pour l’anarchie !
Feu à l’existant !
Féminas Brujas e Insurreccionalistas (F.B.I)
[Femmes Sorcières et Insurrectionnalistes]
Mexico, 17 août 2019