La révolte se poursuit… jusqu’à la libération totale !

Ad Nihilo / samedi 25 mai 2019

Nous combattons pour la libération de l’individu.
Pour conquérir la vie.
Pour le Triomphe de nos idées.
Pour la réalisation de nos rêves.
Et si nos idées sont dangereuses, c’est parce que nous sommes de ceux qui aiment vivre dangereusement.
Et si nos rêves sont insensés, c’est parce que nous sommes fous.
Mais la folie est notre suprême sagesse. [1]

Elle était de nouveau là, la jeunesse avide, détruisant tout, érigeant des barricades, affrontant la police, rien ne pouvait l’arrêter…. Dans leurs cœurs, il y a du feu et de la passion, de l’amour et de la haine enfouis en eux, du courage et de la détermination. La beauté du chaos est revenue embellir les rues. Il n’y a pas seulement le feu qui orne l’asphalte, il y a également l’énergie de la jeunesse, l’abolition des sexes, tout le monde dans la lutte… Cette lutte portera-t-elle ses fruits ? Vouloir étudier juste pour être quelqu’un dans la vie ? L’individu qui part à la recherche du vrai bonheur, ne s’arrête pas en si bon chemin, il sait qu’il peut s’instruire par lui-même, et bien que ce chemin soit plus long, cela ne le rend pas moins intéressant, puisque tout le reste est interminable…

Raser l’école est possible aujourd’hui, comme ce fut le cas au Colegio Guillermo Cruz d’Estación Central, au Colegio Gabriel González Videla qui a mis à l’abri les élèves du Liceo Insuco 2 du tremblement de terre, et à l’école polytechnique d’Arica ; ces lieux enflammés intentionnellement par ces beaux pajarillas qui comprennent que cette destruction est un grand pas vers la conquête de la vie…

Le voyage est intense et difficile, il l’a toujours été, lorsque des individus lassés par leurs conditions misérables s’organisent et attaquent. On ne peut pas avoir peur de celleux qui s’organisent uniquement dans un but précis même si c’est seulement pour détruire, car nous savons maintenant que pour construire, nous devons détruire… Et toutes les prétendues réflexions que ces petits politiciens ont quand ils parlent du problème de l’éducation, ne changent rien pour personne, parce que le mécontentement augmente et progresse, même si les bureaucrates et les hommes d’affaires finissent presque toujours par gagner. Et ils croient que réprimer la passion est simple, qu’avec un peu de gaz lacrymogène et un peu d’eau ils l’éteindront, comme n’importe quelle autre flamme, il faut donc rappeler à ces idiots qu’ils ont tort, encore et encore. La nuit illumine toujours nos pas, tout comme l’amour libre nous permet un bonheur illimité. Nous retrouver avec le silence magnifique de l’obscurité, ou au pied des premières lueurs du soleil levant ; (lueurs qui ne caressent pas ces tristes travailleurs bavant aux vitres des bus et des métros), rencontrer la chaleur d’une barricade, c’est magique, comme quelque chose de suprême, à moins que Dieu seul puisse être suprême ? Nous brûlons les églises avec leurs prêtres pédophiles à l’intérieur, nous regardons ces lâches agresseurs en face pour leur cracher à la gueule… Un autre jour vient, mais il est parmi les plus beaux, car nous mêlerons le soleil qui nous caresse de sa chaleur avec un feu émancipateur plein de joie et d’espoir…

Voici encore les barricades, avec ces formes sensuelles, nous sommes attirés par le feu, qui un jour a atteint un entrepôt La Polar rempli de sales marchandises. Mais les gentils sont venus, les pompiers, ces êtres les plus méprisables, ces infâmes voyeurs, qui se plaignent d’avoir été caillassés lorsqu’ils éteignaient le feu. Cependant nous nous rappelons de la fois où ils ont donné leurs échelles à la police pour expulser les gens d’Andha Chile qui occupaient un pont du Mapocho pour une vie décente ; ce sont des lâches toujours au service de l’autorité.

L’individu qui tend vers le plus grand bonheur possible ne trébuchera jamais, son parcours est unique et sans égal, rien ne peut l’arrêter, ni les flics en rouge qui le frappent avec leurs bâtons, ni la moralité qui impose ses limites, ni les infiltrés de la police qui salissent son parcours, ni le vacarme de leurs sirènes pour le faire taire…

« Chassons complètement les mauvaises habitudes, comme des hommes méchants qui nous ont fait beaucoup de mal pendant longtemps » [2], qui ont imposé leurs normes, leur morale, leur discipline, leurs dieux et leurs doctrines stupides, nous oublions sans cesse la société et sa domination, et nous lançons nus dans une rencontre avec nos êtres intérieurs.

Il est aujourd’hui temps de tuer les flics qui sont dans nos têtes, et ceci est, pour sûr, une lutte difficile. Il est beaucoup plus facile de jeter une pierre sur un camion blindé et croire que, par cet acte, la liberté suit de près. Il est bien plus facile de passer des heures et des heures à parler de révolution et d’organisation. Il est bien plus facile de croire que fréquenter une université gratuite changera le monde. Étudiants, ne vous leurrez pas, rappelez-vous que ceux qui contrôlent le monde sont également allés à l’université, et à leur grand déshonneur, certains ont étudié gratuitement. Et que sont-ils devenus ? Des êtres impitoyables capables de torture dans leurs prisons et de meurtre pour quelques centimes, et que dites-vous désormais ? Que vous serez différents ? Cela reste à voir…

La liberté est une force vitale et absolue, elle doit être ce qui nous unit, quelles que soient les autres exigences qui s’estompent avec le temps, mais si nous parvenons à comprendre la vitalité de la conquête de la vie de l’individu, aucune loi ne pourra l’arrêter, aucune peur ne la paralysera, aucune chaîne ne la bridera, aucun dieu ne la punira alors qu’elle progresse résolument vers l’émancipation totale ! Il y a ceux qui croient encore en la révolution, et à ceux-là, nous disons que la nôtre a commencé il y a longtemps, à ce moment-là nous avons décidé de cesser d’être des moutons et nous sommes devenus des anarchistes individualistes et nihilistes.

Nous n’avons donc pas peur de leur dire qu’aujourd’hui, la révolution sociale est impossible, parce que cette société est dans son essence même pourrie, en conséquence de quoi l’individu a été progressivement doté de valeurs et d’un moralisme qui l’anéantit complètement… Comment ? Un peu de fouet et de sa punition, d’éducation militarisée, d’opus dei du catholicisme surnuméraire, et de tradition démocratique chrétienne bourgeoise, etc… En gros, du système. Et le pire, c’est que ces gens sont fiers d’être des humains et non des animaux, et comme si cela ne suffisait pas, ils asservissent et exploitent indifféremment les animaux pour prolonger leur misérable vie. Ainsi, nous méprisons l’humanité, simplement parce que leurs comportements soumis et aliénés qui font d’eux des esclaves modernes, ne sont pas en nous.

Dans ce monde malade, « se sentir vivre, c’est vibrer, tressaillir, frissonner aux parfums des fleurs, aux chants des oiseaux, aux bruits des vagues, aux hurlements du vent, au silence de la solitude » [3], se sentir vivre, c’est trembler à la chaleur du feu, à la caresse du chaos, aux nuits de révolte…

Nous solitaires, ne sommes pas les chantres du sein où gisent les morts, mais auditeurs, auditeurs de ces voix qui hurlent sous la terre [4], de ceux qui sont morts avec les armes à la main et d’immenses étoiles dorées dans les yeux, de ceux qui sont immortels comme El Punky Mauri, comme Claudia Lopez, qui une nuit ont fait si gracieusement face à la mort. Oui, car ceux d’entre nous qui choisissent de vivre une intense et dangereuse vie, la mort les reçoit les bras ouverts, les caresse et les embrasse… Pourquoi ne craignons-nous pas la mort ? Car nous pensons que « La mort n’est rien pour nous, puisqu’il n’y a de bien et de mal que dans la sensation et la mort est absence de sensation. […] la mort, n’est rien pour nous, puisque lorsque nous existons la mort n’est pas là et lorsque la mort est là nous n’existons pas. » [5]

« Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre ». [6] C’est vrai, nous voulons tout, nous rêvons d’immenses banquets et évitons d’être au pain sec et à l’eau, nous voulons de grandes orgies et rejetons la monogamie. Nous croyons à l’amour libre car nous savons que « la jalousie, l’accaparement corporel, l’exclusivisme amoureux, la fidélité conjugale » éliminent une partie de soi, appauvrissent la personnalité sentimentale, resserrent entre autre les horizons analytiques (?). De plus « en amour, comme dans tous les autres domaines, c’est l’abondance qui annihile la jalousie et l’envie ». [7] Nous voulons courir avec les animaux dans les champs et les forêts, nous voulons nous baigner nus à la plage, dans les rivières et les lacs et ne pas finir au commissariat pour outrage public à la pudeur. « Revendiquer la faculté de vivre nu, de se mettre nu, de déambuler nu, de s’associer entre nudistes, sans avoir d’autre souci, en découvrant son corps, que celui des possibilités de résistance à la température, c’est affirmer son droit à l’entière disposition de son individualité corporelle… ». [8]

S’il y en a qui dénigrent notre belle solitude, nous leur proposons la libre-association, au lieu d’une société (société = association forcée). Nous sommes égoïstes, mais notre égoïsme est généreux. Qu’est ce que cela signifie ? Que nous pouvons donner à, et nous préoccupons de, quelqu’un que nous considérons comme notre ami, seulement parce que c’est une émotion choisie, ce qui n’est pas le cas avec les camarades, parce que la plupart du temps tu ne les choisis pas, tu ne fais que les rencontrer dans certains conflits globaux ou particuliers et de ce fait, tu ne peux rien attendre d’eux.

La société chilienne est prise de convulsions, elle sait qu’il y a un conflit et elle ne sait pas comment il finira, il y a des étudiants blessés, deux morts et quelques uns sont en prison, d’autres font la grève de la faim. La tension monte, elle est visible dans les rues à chaque fois qu’il y a une journée d’action et de manifestation. Les confrontations entre les pacifistes et les manifestants violents ne cessent d’augmenter, à tel point qu’ils ont frappé et arraché les masques de certains encagoulés. Attention, citoyens, la guerre civile ne nous fait pas peur… La violence libératrice est le seul moyen de mettre fin aux souffrances quotidiennes de l’individu et aux tragédies cruelles qui frappent les humains et les animaux de cette terre.

La violence n’est justifiable que lorsqu’il est nécessaire de se défendre soi, ou si tu veux, les autres, de la violence. Les opprimés et les pauvres étant constamment en état de légitime défense, leur violence contre leurs exploiteurs et oppresseurs est alors toujours justifiée. De plus, pour que les deux vivent en paix, ils doivent tous les deux le désirer ; si l’un persiste à vouloir forcer l’autre (par la faim) à travailler, étudier, ou à suivre ses lois, les opprimés, s’ils veulent préserver leur dignité en tant qu’individus et ne pas être réduits à l’esclavage le plus abject – malgré tout l’amour qu’ils ont pour la paix et l’harmonie – n’auront d’autres choix que de résister par la force avec des moyens adaptés aux circonstances…

Tout réel changement sera nécessairement violent, même si la violence en elle-même peut être nocive. Il doit être violent car il serait absurde d’espérer que les privilégiés reconnaissent la souffrance et l’injustice qu’ils causent et décident d’y renoncer volontairement. Il doit être violent car la violence révolutionnaire temporaire est le seul moyen de mettre fin à la plus grande et perpétuelle violence qui ait asservi l’immense majorité des humains et des animaux…

Nous voulons aujourd’hui exposer le point de vue anarchiste individualiste et nihiliste de ce conflit, ainsi que réanimer les idées capturées sur papier que certaines personnes ont rendues marginales. Notre intention ne sera jamais de parler en tant qu’autorités ou de diriger un troupeau.

Nous sommes la négation de la négation, nous sommes le cauchemar de ceux qui aspirent à l’hégémonie sur l’anarchisme ou qui perpétuent le vieux concept pourri de guerre des classes. Nous sommes clairs sur ce que nous désirons et croyons, nous nous fichons de faire bonne impression aux gens, pour nous la guerre des classes est morte. Les pauvres volent aux pauvres. Dans les rues, c’est le prolétariat qui réprime le prolétaire insurgé, ce sont les esclaves modernes qui chaque jour ajoutent un maillon à leurs chaînes, qui se soumettent au consumérisme.

Que feraient les gens si nous fermions tous leurs fast food ?
Que feraient les gens si nous foutions le feu à tous leurs magasins ?
Que feraient les étudiants si nous détruisions leurs écoles et universités ?
Que ferait la société s’ils détruisaient leurs bien-aimés antennes-relais ?
Pour résumer, que feraient les prolétaires si nous leurs rendions leur vie ? Nous pensons qu’ils partiraient à notre recherche jusqu’à ce qu’ils nous trouvent et nous tuent, mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que nous sommes déjà morts, et malheureusement, les morts ne peuvent être tués.

La révolte est là, nous devons participer davantage, notre généreux égoïsme doit contribuer, pour l’instant, à la lutte, pour nous réunir et nous organiser pour des buts spécifiques tels que la destruction, la joie, la camaraderie amoureuse, les confrontations au chaos, avançant vers l’aube (ou l’éveil) du néant créateur, puis retournant dans nos planques, pour se réjouir et danser avec les oiseaux, se nourrir de l’énergie des arbres, sentir la brise océane, entendre la charmante mélodie du vent…

Nous l’avons déjà dit, et nous le répéterons : Notre révolution a déjà commencé, nous la faisons au jour-le-jour, en pratiquant l’amour libre, en nous déclarant contre tout dieu et religion, en déconstruisant le langage dominant qui nous est imposé, en nous opposant ouvertement à toute société, nous la faisons lorsque nous cessons d’être des hommes et des femmes et devenons des êtres humains uniques.

Ils se plaignent, à raison, que les anarchistes individualistes et nihilistes n’ont pas de programme ou n’offrent de projet pseudo-révolutionnaire, ni ne sont intéressés à s’intégrer dans quelque société que ce soit. Pour le dire autrement : parmi la myriade de passe-temps, les nôtres sont la recherche d’une satisfaction totale, la joie infinie, le plaisir, le bonheur éternel, la révolution individuelle ici et maintenant. Après tout, nous leur dirons : seul le temps dira qui atteindra ses buts…

C’est l’heure de la tragédie sociale !
Nous détruirons en riant.
Nous incendierons en riant.
Nous tuerons en riant.
Nous exproprierons en riant.
Et la société s’écroulera.
La patrie s’écroulera.
La famille s’écroulera
Tout s’écroulera, parce que l’Homme libre est né.
[…]
Il est arrivé le temps de noyer l’ennemi dans le sang…
Pour une Union Internationale des Égoïstes. A l’aube, la nuit s’écroulera !
[9]

Cellule individualiste des oiseaux de feu

 

Bibliographie :

[1] et [9]. Renzo Novatore. Vers le néant créateur.
[2], [5], et [6]. Epicure. Divers textes.
[3] E. Armand. Se sentir vivre
[4] NdT: Le texte original renvoie à Vers le néant créateur de Renzo Novatore, mais aucune phrase dans le texte en anglais ne correspond à cette citation. Les guillemets ont donc été enlevés.
[7] E. Armand. Amour libre et liberté sexuelle
[8] E. Armand. Le nudisme révolutionnaire

Note : Si nous avons décidé d’utiliser certaines citations littéralement et d’autres seulement partiellement, c’est uniquement pour évoquer des individus qui ont donné leur vie en pensée et en acte à un idéal : La liberté individuelle !
Note 2 : Une énorme accolade à la Conspiration de Cellule de feu, et en particulier à leurs membres emprisonnés, pour leur énorme contribution à la lutte individualiste-nihiliste.
Note 3 : Salutations à toutes celles et ceux de la Fédération Anarchiste Informelle.
Note 4 : Notre amour à tous les prisonniers.
Notre 5 : A notre frère défunt Luciano : nous ne te rendrons hommage qu’à travers l’action directe violente, nos mains sont maintenant aussi les tiennes, et elles sont très fortes.

 

[Repris de Writerror | Traduit de l’anglais | Ce texte comporte sûrement des erreurs de traduction, toute personne peut donc proposer des améliorations en contactant (adnihilo[at]riseup.net), cette version est donc en permanence susceptible d’être modifiée.]

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