Round Robin / mercredi 6 mars 2019
Le 19 février, le même jour des arrestations et des perquisitions, à Trente il y a eu une petite manifestation en solidarité, avec des prises de parole et des tags.
Le lendemain, le rassemblement devant le local de la Lega Nord de Trente lors de la journée nationale contre le gouvernement et en solidarité avec les compagnons arrêtés à Turin, organisé auparavant, a vu la participation d’une grosse centaine de compagnons et de solidaires. Le rassemblement s’est transformé en manifestation : prises de parole, tags et, vers la fin, une banque dégradée à coups de marteau. Le même soir, à Rovereto, la conférence de Pietro Basso sur les causes structurelles des migrations internationales et sur le racisme d’État est l’occasion pour le local Circolo Cabana (qui a été perquisitionné) d’exprimer avec un tract sa solidarité avec les personnes arrêtées ; un compagnon prend la parole pour parler de ce qui s’est passé.
Vendredi, dans une salle de la faculté de Sociologie de Trente, il y a une assemblée solidare, avec beaucoup de monde, pour échanger des nouvelles et réfléchir sur différentes initiatives. Les élus locaux de la Lega gueulent que la police devrait empêcher avec la force des telles assemblées, puisqu’on y défend ouvertement des « actes de terrorisme ». Le lendemain, dans une place de Rovereto, il y a un « apéritif avec finalité de terrorisme » qui dure quelques heures, avec des prises de parole et des diffusions de tracts. On y raconte les méfaits de Digos et ROS pendant les perquisitions et les arrestations. Le dimanche, il y a une première tournée pour passer le bonjour aux prisonniers, devant les prisons de Brescia, Verona et Vicenza.
Mercredi 27 février, toujours à Rovereto, il y a une conférence anarchiste : qui sont les anarchistes ? Qu’est ce qu’ils veulent ? Pourquoi font-ils peurs ? C’est la première fois qu’on raconte en public du flingue pointé à la tête d’un compagnon pendant son arrestation. On ajoute que la politique délègue la répression à des « spécialistes », mais qu’elle aussi est responsable. D’autant plus que les arrestations sont arrivées quelques jours après que le Comité pour l’ordre et la sécurité (avec les maires de Trente et de Rovereto, le Préfet, le préfet de police et les dirigeants de police et Carabinieri) s’est réuni à Rovereto pour discuter du « problème anarchiste » et que les maires ont par la suite fait leurs compliments à Justice et forces de l’ordre pour leur œuvre. A la fin de la conférence, une quarantaine de personnes (compagnons et solidaires) est allée interrompre la réunion du Conseil municipal, en demandant de façon provocatrice au maire si dans ses compliments sont compris aussi les flingues pointées sur les compagnons et en lui rappelant que si les flics touchent aux compagnons ça sera à lui aussi d’en répondre. Pendant qu’il bafouille, embarrassé et embarrassant, on répond avec les slogans criés en cœur « le terroriste c’est l’État » et « Liberté pour Sasha, Agnese, Rupert, Nico, Giulio, Stecco, Poza ». Quand flics et Carabinieri arrivent, compagnons et solidaires sont déjà partis. Le Comité pour l’ordre et la sécurité n’avait pas promis que les sièges des institutions auraient été constamment surveillées ?
Le vendredi il y a un autre rendez-vous à la fac’ de Sociologie, pour un échange des nouvelles et des propositions (dont la manifestation de solidarité avec les compagnons arrêtés dans les différentes villes, le samedi 16 mars, à Trente). Samedi et dimanche, rassemblements solidaires devant les prisons de Tolmezzo, Vicenza, Verona, Brescia, Ferrara et Rome.
Comme on peut le voir, on est en train de donner beaucoup d’importance à la prise de parole en public, afin de défendre les actions dont les compagnons sont accusés, de réfléchir sur l’époque que nous traversons, de pousser les luttes et l’utopie pour laquelle nous luttons. En plus de la solidarité de ceux à côté desquels on a lutté ces années, il nous semble qu’autour de nous il y a de l’attention pour ce qui s’est passé. On ne va pas se faire enfermer dans un coin si facilement que ça.
Les initiatives et les actions qui ont lieu un peu partout en solidarité avec les différents compagnons arrêtes nous réchauffent le cœur, mais elles démontrent aussi que la volonté affichée d’en finir avec le « problème anarchiste » en Italie peut être une étincelle de rescousse pour ceux qui aiment la liberté.
On vit une époque difficile, il n’y a pas de doute. Mais est-ce qu’on a jamais pensé que ça serait facile ?
Il nous faut des idées, des vitamines, du cœur.
compagnonnes et compagnons du Trentino