Anarhija.info / lundi 24 décembre 2018
Aux premières heures du 24 décembre nous avons attaqué l’Institut italien de technologie [Iit, Istituto italiano di technologia, centre de recherche situé à Gênes – selon les média locaux, un local technique a été incendié ; NdAtt.].
La surveillance 24 heures sur 24 à l’accueil et les vigiles en voiture n’ont pas été un bon moyen de dissuasion ; nous étions décidés à vous attaquer et nous l’avons fait !
L’Iit est le fleuron de l’État italien : c’est une fondation qui a pour but le développement technologique et les politiques nationales en faveur de la science et de la technologie. On y travaille à l’amélioration des marchés et des politiques de pillage et de dévastation qui sont mises en œuvre chaque jour par le capital et les gouvernements.
On y développe des études en neuroscience, « brain technologies » et des recherches génétiques pour la manipulation du vivant. Actif aussi dans le secteur des nanotechnologies, l’Iit mène des recherches sur les nanomatériaux et leur utilisation, ainsi que sur le développement de matériaux pour convertir et stocker l’énergie, dont l’actuel système de production a besoin dans des quantités énormes, pour maintenir la vitesse de la folle course en avant du progrès.
En plus des Icub [un robot humanoïde, construit justement à l’Iit ; NdAtt.], dans le secteur de la robotique et de l’intelligence artificielle, à l’Iit on perfectionne des robots pour la production industrielle.
Au service du capital et de l’État policier qui veille à sa protection, l’Iit est engagé dans la réalisation de systèmes de « computer vision » pour des systèmes utilisables dans l’identification et le contrôle social.
En lien avec cela, dans la recherche sur les sciences numériques, on y développe l’étude des « big data », avec des logiciels et des structures pour ces vastes collectes de données (vidéos, audios et images), nécessaires pour la société techno-industrielle. Ces algorithmes produisent la richesse des grands lobbys qui dominent le monde capitaliste, puisqu’ils sont appliqués à l’informatique, à l’intelligence artificielle, aux biotechnologies, à l’industrie de guerre et à la recherche militaire ; ils donnent des possibilités exponentiellement accrues à cet ordre mortifère de domination et d’exploitation, de pillage des territoires pour les ressources, payées avec le sang qui coule dans la Méditerranée et celui de tous les exploités.
Nous n’avons aucune fois dans la doctrine technoscientifique, au contraire, en mettant en lumière ses applications oppressives, nous avons décidé de l’attaquer. Le domaine technologique, toujours plus fluide et inséré dans la vie quotidienne et dans la vie sous toutes ses formes, avance constamment. Cela va des biens dont nous sommes dépendants à l’industrie civile, militaire et aérospatiale, du transhumanisme à l’intelligence artificielle, du développement des télécommunications aux maisons intelligentes, dans des villes intelligentes, aux guerres intelligentes et à une humanité toujours plus stupide. Les conséquences en sont dévastatrices, sur les territoires pillés et sur les vies de si nombreux exploités, dont l’existence garantit la richesse de si nombreux oppresseurs.
Cette société reçoit toutes les décisions d’en haut, ensuite c’est au tour de la gestion de l’opinion de masse de créer le consensus. Le consensus ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse c’est combattre l’oppression. C’est la conscience que nous opposons à la science.
Beaucoup de mots ont été dits contre les technologies et les atrocités de la société techno-industrielle. En ce qui nous concerne, ceux qui la produisent, ceux qui la financent, ceux qui la développent, tous cela ne sont pas des sujet d’opinions, mais des objectifs à frapper.
Les opinions et le consensus sont les armes de la démocratie. Contre l’État, maître dans la gestion violente des nécessités du capital, la seule réponse possible est la démarche révolutionnaire.
La technologie n’est pas neutre. D’ailleurs, derrière les façades « vertes » et les propositions du marché écologique, qui arrive à récupérer aussi la dissidence, les gouvernements, de droite comme de gauche ouvrent les robinets des financements pour les laboratoires et les centres de recherche, maintenus par les ministères de l’économie et des finances et mis en réseau entre instituts privés et universités. Avec ses brevets et ses projets, la recherche est entrée depuis longtemps dans le secteur public de l’État et dans celui économique du capital. Présidents, ministres et savants bras dessus bras dessous dans les « programmes de développement » et dans les manœuvres financières.
La technologie est profit. Son niveau est un des pivots qui règlent les rapports globaux entre les États. Dans l’intérêt du pouvoir peu importe les antipathies supposées et les menaces réelles de guerre nucléaire. Les récentes « guerres commerciales » en sont une démonstration.
La critique de la technologie et ses prophètes passe par l’action qui la prend pour cible. Ce concept peut être élargi à toutes les situations de lutte où l’on veut réaliser de la conflictualité.
L’offensive contre l’État et le capital est dans l’action révolutionnaire qui essaye de les abattre.
Nous avons attaqué.
À ce geste nous joignons cette revendication, parce que nous ressentons la nécessité que nos mots trouvent des espaces pour ne pas être censurés, déviés, leur sens estropié, tout comme pour nos actes. Dans l’époque de la libre opinion de l’ignorance, la propagande anarchiste, que la démocratie réprime, censure, contrôle et frappe, doit s’exprimer aussi à travers l’action. L’attaque est une constante qui, si laissée de côté, revient à capituler, revient à s’enliser dans la seule analyse, dans la réflexion, dans la théorie. Sans l’action l’anarchisme perd de sa force.
Avec ces mots accompagnés par les faits, nous lançons un appel à l’offensive.
Tant que nous ne renforcerons pas l’union indissoluble entre pensée et action nous ne saurons pas à quoi l’ont fait face.
Nous n’aurons pas la « meilleure possibilité de vie » tant qu’il n’y aura pas devant nous les ruines de ce monde d’oppresseurs.
Ceci n’est rien d’autre qu’un bon point de départ.
F.A.I./F.R.I
Groupe d’action immédiate