Argentine : Ni Victimes, Ni Bourreaux

Anarquista / novembre 2018

Nous ne parlons pas de répression, ni même de persécution ou de « chasse aux sorcières » comme nous avons pu le lire par ici. Nous ne considérons pas non plus les livres ou les journaux comme des « armes », et nous n’utilisons pas une rhétorique romantique sur la lutte anarchiste. Être anarchiste n’est pas quelque chose de facile, et il ne s’agit pas de choisir simplement une idéologie et avancer dans la vie sans aucun changement. Être anarchiste est un fardeau lourd à porter.

Nous sommes ennemi-e-s déclaré-e-s de l’État, nous sommes les exploité-e-s, les opprimé-e-s qui ne demandent rien, ceux/celles qui ne veulent ni charité ni réformes, ceux/celles qui ne veulent pas de lois. Nous sommes des anarchistes qui nous battons comme nous le pouvons, toujours en se basant sur nos valeurs.

C’est pour cela que nous n’attendons pas non plus que l’État agisse de façon différente à ce qu’il fait. Nous ne sommes victimes de rien, et une chose est très claire pour nous, c’est que nous ne sommes pas non plus des soldats, et si nous ne reculons pas, les choses qui se passent et que nous voyons nous touchent, car nous n’avons pas une trempe de fer ni un cœur froid. Bien au contraire, nous avons des valeurs et des pratiques qui tentent d’être les plus conséquentes possibles avec cela et un cœur enragé qui nous pousse chaque jour dans cette lutte qui veut tout changer.

Malheureusement, une partie de cette société qui se construit en soutenant des relations autoritaires a oublié l’empathie, et cela lui est impossible de se mettre à la place des autres, ou seulement de comprendre comment une autre personne peut agir d’une façon différente de ce qu’on attend d’elle. Nous voyons, avec douleur, comment les réseaux sociaux se sont remplis de Mèmes, de blagues et de discussions où l’on parle, depuis la plus grande ignorance, avec des airs de grandeur de cette situation. C’est les gens qui y « voient très clair », qui savent ce qui se passe. Ils parlent d’une personne qui se débat entre la vie et la mort, et de bien d’autres qui font face, peut-être, à un long moment en prison. Cette prison où eurent lieu presque la moitié des assassinats par l’État depuis le retour à la démocratie. Cet État
démocratique qui de manière directe a déjà été responsable de la mort de plus de 5500 personnes.

L’État a le monopole de la violence, c’est la condition indispensable pour son existence. De son point de vue il ne peut pas y avoir autre chose que des associations, organisations et responsabilités communes. Ils amalgament les actions individuelles et essaient de les faire passer pour des conspirations collectives. Ils ne comprennent pas la liberté individuelle, et l’action qui peut naître d’une ou deux personnes.

Depuis le meurtre de notre compagnon Santiago ils ont essayé de donner corps à une organisation, mélangeant les mapuches et les anarchistes. Ils ont préparé le terrain pour progresser contre ceux qui non seulement sont contre un gouvernement, mais aussi contre l’État et le Capital.
Contre ceux/celles qui ne jouent pas à la politique et luttent pour une Révolution sociale qui change l’état des choses à sa racine.

Les temps sont durs et cela va empirer, mais nous reconnaissons que ça n’a jamais été facile, et les prochains mois vont nous faire découvrir beaucoup de choses de nous-mêmes, et c’est dans la solidarité acrate que nous devons nous appuyer pour ne pas faire partie de ce système corrompu. C’est une période où l’on devra s’appuyer sur les idées afin de penser avec clarté, et dans nos valeurs pour, avec la tête haute, continuer de crier : que vive l’anarchie !

Nous ne Demandons Rien.

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