Tahiti-Infos / vendredi 13 septembre 2018
Filiale du groupe français Eramet, la SLN a fermé le site d’extraction de Kouaoua (côte est de Nouvelle-Calédonie) le 14 août, estimant « ne plus être en mesure d’assurer la sécurité de son personnel et de ses installations ». La force majeure a été déclarée.
En raison de cette crise, l’industriel est en situation « difficile » pour atteindre son objectif de production de 57.000 tonnes de ferronickel en 2018, de même que celui de baisser son coût de production à 4,5 dollars la livre sur l’année, a-t-on appris de même source.
La décision de fermeture est intervenue après 10 incendies d’origine criminelle depuis avril du convoyeur du site, La Serpentine, qui descend le minerai de nickel de la mine au bord de mer et après le blocage des accès à la mine par une cinquantaine de jeunes pour des questions environnementales.
Ces jeunes protestent contre l’ouverture par la SLN de trois nouveaux gisements, suspendue par arrêté début septembre afin d’apaiser les esprits.
Dans ce conflit, les jeunes s’opposent aux chefs coutumiers kanak de la région, qui avaient par le passé donné leur feu vert à ces nouvelles exploitations.
Avec l’appui de l’État, une médiation est en cours mais elle n’a jusqu’alors pas abouti.
Vendredi, une commission minière communale, rassemblant autorités administratives, SLN et responsables coutumiers, a eu lieu à la mairie.
L’avis favorable au projet d’ouverture de mines a été confirmé et des discussions avec les jeunes ont été programmées.
L’issue de la réunion a toutefois été marquée par un incident grave: un responsable coutumier est décédé d’une crise cardiaque après avoir lu une virulente déclaration.
« Il y a une ambiance abominable entre les coutumiers et les jeunes, qui sont parfois leurs propres enfants ou des neveux et nièces« , a confié à l’AFP un employé sur mines.
Ce conflit qui touche quelque 400 salariés et prestataires, intervient alors que la SLN enregistre des pertes pour la sixième année consécutive et qu’un plan d’amélioration de la compétitivité, indispensable à la pérennité du premier employeur du Caillou, est en œuvre.
Les dégâts des incendies de La Serpentine ont par ailleurs été évalués à 1.6 million d’euros tandis que depuis le blocage du site, de nouveaux incendies et actes de vandalisme ont à nouveau touché le convoyeur.
Ce conflit lourd et complexe nourrit en outre les inquiétudes des autorités en Nouvelle-Calédonie, à quelques semaines du référendum sur l’indépendance le 4 novembre, qui pourrait cristalliser les tensions.
NdAtt. : on peut lire de quelques unes de ces attaques contre les sites miniers de SLN ici.