NdAtt. : la loi ELAN n’est pas encore passée, mais les expulsions de pauvres sont toujours monnaie courante. Avec souvent en rab’ le mépris des journaleux, dans des formules-oxymore comme « nomades sédentarisés », qui donnent à réfléchir (et à rager) si on se dit que c’est les flics qui viennent de détruire leur maison…
Le Parisien / jeudi 13 septembre 2018
L’intervention des forces de l’ordre, sur décision de justice, a débuté ce jeudi vers 7 heures du matin. Des nomades sédentarisés étaient présents en nombre pour protester contre cette opération surprise.
L’opération policière de ce jeudi a mis fin à huit années de conflit entre la mairie de Chelles et des gens du voyage sédentarisés. Dès 7 heures du matin, quelque 200 membres des forces de l’ordre ont entrepris l’expulsion d’une famille et la destruction de leurs habitations illégalement construites à Chelles, chemin de Courtry. L’opération s’est achevée en début d’après-midi. Cette intervention fait suite à une décision de justice. L’important dispositif déployé s’explique par une précédente opération, menée en octobre 2017 dans le quartier Chantereine. A l’époque, un policier avait été légèrement blessé et un nomade armé d’une barre de fer arrêté. Aucun blessé et aucune interpellation n’ont été recensés ce jeudi. Il s’agissait de « sécuriser l’expulsion d’une famille et mener la démolition des habitations qu’elle a irrégulièrement construite », indique la préfecture de Seine-et-Marne.
Cette opération d’envergure s’est déroulée dans une ambiance tendue. En représailles, des membres de la communauté ont mis le feu à une voiture garée dans une ruelle attenante au chemin de Courtry. Les pompiers ont éteint l’incendie vers 10 heures. Il s’agit d’un véhicule de police banalisé, qui stationnait en dehors du périmètre de sécurité. Plusieurs membres de la famille propriétaire du terrain ont été conduits au-delà d’un périmètre de sécurité. Ils ont vite été rejoints par une vingtaine de membres de leur communauté. « Nous n’avons même pas été prévenus, dénonce une proche de la famille expulsée. Une grand-mère de plus de 90 ans vit ici depuis dix-sept ans ! » L’opération de démolition s’est déroulée à l’abri des regards, masqués par un « barre-pont », une longue barrière de métal haute de plus de 2,50 m.
« Cette famille a cherché à se sédentariser en édifiant sur des terrains non constructibles plusieurs bâtiments d’habitation et aménagements en dépit de tout permis de construire », indique la préfecture. Dernièrement, « le tribunal de grande instance de Meaux a condamné les occupants au titre de plusieurs infractions au code de l’urbanisme et prononcé leur expulsion des lieux, poursuit la préfecture. La démolition de l’ensemble des ouvrages construits sur le site a également été décidée. »
Deux mobile-homes ont été détruits, de même qu’un pavillon de 200 m2 érigé sur le site.
« Ils ne nous ont même pas laissés le temps de sortir nos mobile-homes, ils n’étaient pas obligés de les détruire », peste une femme en colère.
Tout au long de la matinée, des proches de la famille expulsée ont proféré des insultes en direction des forces de l’ordre. Le maire de Chelles Brice Rabaste (LR) a aussi fait l’objet de menaces de la part de certains gens du voyage sédentarisés. La préfecture rappelle que ce secteur du quartier des Coudreaux « fait face à un phénomène d’implantation sauvage sur des terrains impropres à la construction depuis de nombreuses années ».