Anarchici Fiorentini / mercredi 4 juillet 2018
Aujourd’hui, 4 juillet, il y a eu la première audience du procès contre Ghespe [pour l’engin explosif posé devant une librairie fasciste de Florence, le 31 décembre 2016; NdAtt.]. Elle a peu duré, car les juges ont accepté la demande d’unifier son procès avec l’autre [une quarantaine d’autres compas, dont Paska et Giovanni, eux aussi actuellement en taule, sont inculpé.e.s de différents actes d’insoumission, que Paska liste ci-dessous; NdAtt.]; ils ont donc simplement renvoyé l’audience au 12 juillet, date de début du procès pour tou.te.s les autres. Les matons qui l’escortaient ont fait leur possible pour empêcher la communication entre lui et nous, faisant barrage avec leurs corps pour lui gêner la vue des nombreux.ses compas présent.e.s dans la salle. En tout cas, il ne peut pas ne pas avoir entendu les salutations, la chaleur et les cris de liberté qui lui ont été dédiés.
Nous renouvelons l’appel à une présence au tribunal le 12 juillet, pour passer le bonjour à Giova; il est probable que Ghespe sera lui aussi présent, à ce point.
Merci à tou.te.s ceux et celles qui sont venu.e.s d’un peu partout, du Nord, du Sud et de l’étranger : votre force et votre soutien sont d’une valeur incalculable.
Voici une déclaration de Paska, emprisonné dans la prison de Castrogno (Teramo), qui vient d’arriver :
La répression n’attaque pas, attaquons-la !
Salut à toutes et tous,
je me suis enfin décidé à écrire moi aussi quelques lignes sur ce petit manège répressif qui nous frappe, nous anarchistes, et qui est en train de garder en taule moi-même et deux autres compagnons.
Cela fait désormais 11 mois que nous sommes empêtrés dans leurs cages : pour Ghespe ça a été 11 mois en prison, pour moi 7 mois de prison et 4 avec assignation à résidence et retour obligatoire à la maison la nuit, pour Giova 2 mois de taule et 8 entre contrôle judiciaire, retour à la maison la nuit et pointages au comico.
Mais la « fameuse » opération Panico, entamée en janvier 2016 et qui a commencé à frapper le 31 janvier 2017, a en plus « fait cadeau » de jours de prison, d’assignations à résidence, d’obligations de rester à domicile, de retours obligatoires au domicile la nuit, de pointages, d’interdictions de territoire de la ville de Florence ou du quartier Galluzzo, là où il y avait le squat La Riottosa, expulsée avec une autre occupation anarchiste de la ville, Villa Panico.
Tout cela pour une série d’événements qui ont eu lieu en ville : un assaut au siège du groupe néonazi Casa Pound, deux engins explosifs placés devant les locaux de fascistes (dont un lors de la Saint-Sylvestre de 2016, quand un démineur a perdu une main et un œil – d’où l’accusation de tentative de meurtre pour laquelle nous sommes aujourd’hui trois à être en détention préventive), un rassemblement antimilitariste non autorisé, une manif sauvage, un cocktail Molotov contre la caserne des Carabinieri de Rovezzano à la suite de l’arrestation de deux compagnons et une compagnonne pour une rixe avec les flics devant un concert, des tags sur les murs de la ville… et enfin les délits liés à l’attaque de la Saint-Sylvestre, que les enquêteurs utilisent comme point central de l’affaire.
Une enquête dont le rythme répressif s’est beaucoup accéléré après le 1er janvier 2017, et dans laquelle il ne pouvait pas manquer une accusation d’association de malfaiteurs et quelques rebondissements incroyables : arrestations, libérations, contrôles judiciaires endurcis à cause de quelques tags, révisions, cassation, contre-révisions… juge d’instruction compétent, juge d’instruction incompétent, chefs de la police et services antiterrorisme, Unité opérationnelle de la police italienne (UOPI) et tutti quanti… Un bordel judiciaire qui vise à frapper certaines pratiques et celles/ceux qui les portent, parce que insoumis.e.s au système, mais plutôt ses ennemi.e.s.
Les méthodes d’enquête ont été des plus dégueulasses et des plus sordides, mais comment s’attendre à autre chose de la part de nos ennemis ? Plus précisément, pour justifier l’accusation de tentative d’homicide et les délits annexes (possession, fabrication et transport d’arme de guerre), qui touchent nous trois en prison et un autre compagnon, des écoutes de bribes de bavardages entre ami-e-s deviennent des preuves fondamentales, des fragments d’ADN prélevés au gré du hasard deviennent des signes indiscutables de culpabilité, des états d’âme émotifs et personnels deviennent des signes d’admission de culpabilité.
Pour ne pas parler de leur mesquine tentative, à travers tout ce papier qui ressemble plus au scénario d’un film qu’à un dossier judiciaire, de diviser les compagnon-ne-s sous enquête et les monter les un-e-s contre les autres. Tout cela pas seulement pour trouver ceux/celles qui, à leur avis, sont coupables de délits imputés, pour arrêter du monde et expulser des lieux, mais aussi pour essayer de se débarrasser du milieu anarchiste de Florence et le fragmenter encore plus.
Bien, perso, je me dis qu’ils ont essayé, bien qu’ils n’y soient pas du tout parvenus ; il y a encore du monde qui s’organise, discute et agit en ville et ceux/celles qui ont été frappé.e.s par la répression en cette période sont encore là, sur leurs positions, la tête haute; et je crois qu’ils/elles se disent consciemment « je pense que mon parcours est juste parce que j’ai raison ! ».
Leur répression nous a frappé.e.s, oui, mais ne nous a pas du tout annihilé, comme cela était prévu dans leur objectifs de départ.
Aujourd’hui, comment continuer ? Leur répression n’attaque pas, attaquons-la ! Il serait important enfin, à ce point, de recommencer, plutôt que de discuter et réfléchir de mille manières au sujet de la solidarité à apporter comme réponse à la répression, de ces pratiques qu’ils nous contestent et qui les dérangent beaucoup plus que nos discours théoriques.
Oublier cette année et demie de coups durs et repartir de là où ça leur a fait le plus de mal : pour nous, dans ces murs, en nous pliant le moins possible face à leur pouvoir, pour celles/ceux qui sont dehors « avec le choix des armes, qui est à toi, pour ce duel ».
Un bonjour, une énorme accolade et un cri chargé de rage et d’amour pour Ghespe et Giova !
Contre le pouvoir, contre l’autorité, pour la liberté !
Pour l’anarchie !
Paska
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Pour lui écrire :
Pierloreto Fallanca
Casa Circondariale di Teramo
Contrada Castrogno
64100 Teramo
Et voici aussi les adresses de Ghespe et Giova :
Salvatore Vespertino
Giovanni Ghezzi
Casa Circondariale di Sollicciano
via G. Minervini 2/R
50142 Firenze