Libération / mardi 17 avril 2018
Un détenu de la prison ultrasécurisée de Condé-sur-Sarthe, dans l’agglomération d’Alençon, a été condamné mardi en correctionnelle à trois ans de prison supplémentaires pour avoir agressé à coups de stylo à la gorge un surveillant.
«C’est une agression intolérable. Il y a eu acharnement», a déclaré François Coudert, le procureur de la République d’Alençon lors de l’audience mardi. Le magistrat avait requis une peine plus lourde (cinq ans de prison) que celle finalement décidée par le tribunal correctionnel.
Le détenu de 35 ans, qui était libérable en octobre 2018 avant les faits, est condamné pour avoir le 7 février donné au moins deux coups de stylo à la gorge d’un surveillant et un coup de poing à l’articulation de la mâchoire. Le surveillant s’est vu prescrire 45 jours d’ITT.
Le détenu incarcéré depuis 2004 purgeait une peine de trois ans pour vol aggravé avant d’être condamné à plusieurs reprises pour des agressions en prison.
«Il voulait me crever. C’est ce que j’ai vu dans ses yeux», a déclaré à la barre Romain Marques, le surveillant agressé, âgé de 30 ans, à Condé depuis 2013. Il était policier auparavant.
Les faits sont intervenus dans une cellule du quartier disciplinaire, alors que quatre surveillants distribuaient au détenu son repas qu’il a refusé en expliquant craindre qu’on l’empoisonne.
A la barre, le prévenu a laissé entendre que c’est le surveillant qui l’avait agressé. «Il m’a donné un coup de pied par derrière qui m’a boulé par terre. C’est plus facile pour eux de dire que j’ai fait ça», a déclaré le détenu qui avait auparavant bénéficié sans incidents de trois permissions de sortie de trois jours, et avait un projet d’insertion. Mais l’examen médical du détenu ne relève aucune trace de coups, selon le tribunal.
L’avocat de la défense, Me Olivier Arnod, a dénoncé un «échec de l’institution pénitentiaire» et l’absence d’expertise psychiatrique.
Ouvert en 2013, le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe est avec l’établissement jumeau de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), ouvert en 2015, la prison la plus sécurisée de France. Ces deux prisons sont spécialisées dans l’accueil de détenus qui ont posé problème ailleurs. Condé, où doit ouvrir à partir de fin août, début septembre, un des premiers quartiers de prise en charge des personnes radicalisées (QPR), compte un peu moins de 120 détenus pour 204 places.