Le Parisien / lundi 22 janvier 2018
Depuis l’ouverture d’une nouvelle unité début décembre, 26 retenus administratifs se sont évadés.
La passoire. Voilà comment est surnommée en toute simplicité la nouvelle unité du Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, située dans le bois du même nom. Selon nos informations, 26 retenus s’en sont échappés depuis son ouverture le 6 décembre. Il y a quelques jours, la Préfecture de police l’a du reste fermée. Mais les évasions n’en finissent pas. « Des retenus fracturent des portes de l’unité la plus proche pour se rendre dans la nouvelle, soupire un fonctionnaire. C’est tellement simple quand on est à l’intérieur ». Dernier exemple en date dans la nuit dimanche à lundi avec trois évasions. Et c’était déjà le cas quelques jours avant.
Cette fameuse « unité modulaire », où étaient retenues une soixantaine de personnes, a ouvert en catastrophe, au lendemain d’une évasion ratée qui s’était terminée par un incendie spectaculaire.
« Le problème de l’unité modulaire, c’est qu’elle donne quasiment dans la rue, peste un fonctionnaire. Il suffit de casser une porte et de sauter une grille de 2,50 m pour se retrouver dehors. » « Les policiers sont tellement peu nombreux dans le CRA qu’ils ne peuvent pas surveiller correctement les retenus, ajoute le représentant d’Unité SGP Police. Et surtout, ils n’y sont même plus en sécurité. »
Le 31 décembre dernier, une grande évasion a même eu lieu dans l’unité passoire. « La veille, une dizaine de personnes étaient venues retirer leurs effets personnels au coffre, persifle un fonctionnaire. On se doutait bien qu’ils préparaient une évasion. » Les évadés parviennent à embrouiller un agent de propreté et lui volent son badge magnétique permettant d’ouvrir les portes. « Ils lui ont fait le coup du bonneteau », résume un policier. Dehors, des voitures attendent. Bilan : 17 évasions en une fois.
La Préfecture de police confirme qu’elle « a constaté ces dernières semaines que des personnes retenues avaient délibérément quitté le CRA de Vincennes en dépit de la surveillance du site ». Et de préciser que « des instructions ont été données aux effectifs de police sur place de renforcer la sécurité et la surveillance des bâtiments. » Suffisant pour que la passoire n’en soit plus une ? « Par ailleurs des mesures de rénovation immobilière et de modernisation des locaux sont actuellement en cours », ajoute la Préfecture de police.
Les personnes qui se trouvaient dans la passoire ont été transférées dans l’ancienne unité incendiée, qui vient d’être réparée.