Objectif Gard / Lundi 11 décembre 2017
Ce vendredi 8 décembre, B. arrive tranquillement à la barre du tribunal correctionnel d’Alès. Cette brune de 35 ans, avec une mèche blonde sur le côté, est suspectée d’avoir tagué plusieurs bâtiments de la commune de Saint-Jean-du-Gard : la mairie, une banque, le marché couvert, un collège, une école maternelle, ainsi que la devanture d’un particulier. Dans la nuit du 5 au 6 septembre dernier, c’est grâce aux images d’une caméra de vidéosurveillance que la trentenaire à la mèche blonde est identifiée par un policier qui connait son appartenance à un mouvement anarchique.
Mais à la barre, B. nie les faits :
– Je ne me reconnais pas sur les photos, ce qui signifie que je n’ai pas commis les faits, dit-elle tout doucement, d’une voix fluette.
La présidente Annabelle Ledrapier est sceptique. Elle regarde à nouveau la photo, puis le visage de l’accusée et lui tend l’image :
– Là, vous ne vous reconnaissez pas ?
– Non !
– Vous avez des problèmes de vue ?, insiste la juge sans obtenir de réponse.
Le vice-procureur Sébastien Sider la reconnaît tout autant et rappelle à la prévenue qu’il y a d’autres moyens d’exprimer son mécontentement que par des tags. « On est au-delà de la liberté d’expression. Il y a ici des dégradations« , poursuit-il. Estimant qu’il est « inutile de frapper avec un marteau sur une mouche« , il demande 800 € d’amende dont la moitié avec sursis. L’avocat de B., Aurélien Vergani, trouve que c’est « le dossier de tous les raccourcis » :
– Parce qu’elle est aperçue dans la nuit du 5 au 6 septembre, elle serait responsable des 8 autres nuits où il y a eu des tags ? Ma cliente ne peut pas être inquiétée pour les 8 premières nuits.
L’avocat obtiendra la relaxe sur ce point. Il ne pourra en revanche rien faire pour les tags gribouillés sur la mairie de Saint-Jean-du-Gard. B. est condamnée à 170 heures de travail d’intérêt général et à 1 340 € d’amende à verser à la mairie de sa commune.