Le Figaro / Vendredi 29 septembre 2017
La SNCF fait un pas de plus dans la lutte contre la fraude. Depuis quelques semaines, ce sont des contrôleurs en civil qui posent problème aux fraudeurs. En effet, un véritable système de rabattage se met en place progressivement. Quelques contrôleurs «normaux» se placent à un bout de la rame, les fraudeurs souhaitent ainsi les éviter en changeant de wagon, et se retrouvent nez à nez avec d’autres contrôleurs… en civil. «L’objectif est de programmer des équipes mixtes civil / tenue commerciale, permettant ainsi de lutter efficacement contre la fuite des fraudeurs face aux contrôleurs», précise la SNCF, contactée par Le Figaro. Tout est parfaitement pensé pour qu’aucun fraudeur n’échappe aux griffes des agents de la SNCF. Pour le moment, ce test est exclusivement réservé à l’île-de-France, sur la région Paris-Est et Paris-Nord (RER B, RER D, lignes H et K), mais il est en cours de déploiement sur d’autres régions pour la fin de l’année.
La fraude: l’éternel combat de la SNCF
Depuis plusieurs années, la SNCF bataille contre la fraude. En effet, celle-ci représentait environ 366 millions d’euros de manque à gagner pour la société en 2013 (selon la Cour des comptes), un chiffre étourdissant. Cette nouvelle expérimentation anti-fraude ne fait donc que suivre le cours des choses.
Avec la hausse du prix des amendes en 2015, la SNCF commençait déjà à muscler son plan anti-fraude. Le tarif des amendes évoluait de 35 à 50 euros (en plus du prix du billet) pour un trajet de moins de 150km. Par ailleurs, en cas de retard de paiement, la facture peut désormais être majorée jusqu’à 375 euros. De quoi dissuader nombre de fraudeurs. Entre 2016 et 2019, la SNCF investit 49 millions d’euros pour lutter contre le phénomène en augmentant le nombre de portillons de sécurité, le nombre de contrôleurs ou en créant des campagnes de communication dissuasives.
Afin d’inciter les utilisateurs à valider systématiquement leurs pass Navigo, un affichage a été mis en place, indiquant qu’à chaque validation, un arbre est planté. «On ne ment pas, on a planté autant d’arbres que ce qui a été écrit», affirme Alain Krakovitch, directeur général de SNCF Transilien.
Enfin, la loi Savary, promulguée le 22 mars 2016, vient compliquer un peu plus le quotidien du fraudeur. Désormais, celui-ci doit systématiquement prouver son identité, et la loi prévoit notamment «la création d’un délit passible de deux mois d’emprisonnement et 3750 euros d’amende pour incitation à la fraude ou à l’incivilité».
«L’objectif est de passer de 9,5 millions d’euros de recettes annexes (recettes réalisées dans le cadre des régularisations des situations de fraude) en 2015 à 19 millions d’euros en 2019, soit un doublement sur la période», ajoute la SNCF.
Sur les trois millions d’usagers quotidiens en Île-de-France, le taux de fraude est de 8,4%, soit 250.000 usagers. Pour autant, ce chiffre est en baisse. En 2016, le taux de validation des tickets sur le réseau Transilien a augmenté de 9%, encourageant la SNCF à poursuivre ses efforts.