Indymedia Nantes / mercredi 23 novembre 2016
Texte diffusé sous forme de tract et d’affiche ce mardi 22 novembre à la faculté de lettres de Besançon contre l’armée et tout ce qu’elle sert.
Guerre à l’armée !
Ce mardi 22 novembre, l’armée s’invite à la fac de lettres sous couvert de « recherche ». Christophe Lafaye, qui est à la fois réserviste au sein du 19ème Régiment (dont la base est à Besançon) et « chercheur » à Sciences po Aix, sera présent à l’université de lettres dans le cadre d’une conférence intitulée « L’Armée française en Afghanistan – Le génie au combat 2011/2012 ». Ses travaux ont bien sûr été récompensés par le ministère de la défense, signe que le pouvoir sait récompenser ses plus zélés serviteurs.
Son objectif est de venir transmettre à tout ce petit monde l’importance de « collecter et de sauvegarder l’expérience combattante ». Quand l’armée parle d’« expérience combattante », ça signifie en réalité piller et raser des territoires entiers, terroriser et massacrer la population (occupation militaire, viols de femmes et d’enfants, tortures, bombardements, etc…), que ce soit pour maintenir en place un régime dictatorial qui garantit à la France une quantité non négligeable de ressources et de matières premières (synonyme de croissance économique pour la Nation des droits de l’homme) ou pour assurer les activités des entreprises françaises à l’étranger. C’est cela même que les puissants appellent démocratie ou civilisation.
Le rôle de toute armée est aussi de maintenir sous contrôle la population sur le territoire national et de dissuader quiconque de se révolter. Pendant le mouvement contre la « loi travail », on a pu voir par exemple des patrouilles « Vigipirate » se déployer devant plusieurs facs et lycées bloqués. Aux frontières, comme par exemple dans le sud-est de la France, des groupes de militaires chassent les migrants et viennent renforcer les dispositifs matériels et humains existants contre tout indésirable.
L’État met les moyens pour soigner l’image de son armée et ainsi créer chez certains jeunes des vocations de futurs tortionnaires : campagnes de pub et de recrutement omniprésente dans l’espace urbain, les centres commerciaux [1], l’ensemble des médias (TV, journaux, radio…), mais aussi dans les écoles et les universités. Des entreprises se remplissent chaque jour les poches grâce à l’industrie militaire (Thalès, Verney-Carron, Dassault…). Partout, nous devons nous y opposer en mots et en actes !
Alors que viennent d’avoir lieu les commémorations patriotiques du 11 novembre de la Grande Boucherie de 14-18, lors de laquelle des millions de pauvres ont été réquisitionnés par les États pour les envoyer se faire massacrer, nous continuerons coûte que coûte à réaffirmer notre dégoût de l’armée, du militarisme, des frontières et des États.
A bas le bras armé kaki du capital !
Refusons leurs guerres, ne les laissons pas en paix !
[1] Courant avril 2016 à Besançon, l’armée de l’air a tenu durant deux semaines des stands dans la galerie commerciale de Chateaufarine, celle-ci étant la plus fréquentée de Besançon et de sa périphérie. Il y avait bien sûr des « joujous » grandeur nature pour les enfants (« Mirage 2000 » et divers engins de mort), ainsi que d’autres animations débiles et d’endoctrinement. La guerre, c’est tellement ludique !
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Concernant la conférence de Christophe Lafaye. D’abord, parlons des motifs de la présence de l’OTAN en Afghanistan de 2001 à 2014 : lutter contre les Talibans alors que c’est le camp occidental qui a financé leur développement durant les années 80 dans le contexte de la Guerre froide contre l’URSS ; soutenir les chefs de guerre de l’Alliance du Nord pourtant détestés par la population depuis leurs exactions dans tout le pays et leurs bombardements de Kaboul dans les années 90 ; installer au pouvoir des hommes de main des États-Unis tel que le président Hamid Karzai, ancien consultant du géant pétrolier californien Unocal. Ensuite sur les effets concrets de l’aide occidentale : plus d’une victime civile sur trois a résulté de la barbarie des forces de sécurité afghanes formées par l’OTAN ; le détournement de l’aide internationale pour le compte des narcotrafiquants a permis au pays de redevenir le premier pays producteur de pavot ; les formations progressistes tel que l’organisation révolutionnaire et féministe RAWA (qui malgré tout lutte fièrement depuis 1977) ont complètement été marginalisées. Enfin, il y a de quoi douter sérieusement du souci de l’État français pour la population afghane étant donné le sort que l’UE réserve à ses migrant-e-s (sachant que l’Afghanistan est le premier pays de provenance des mineurs non-accompagnés) : le plan de relocalisation des réfugié-e-s conclu au sein de l’Union ne les concerne pas ; 30% d’entre eux/elles n’y obtiennent pas le droit d’asile (20% en France) alors que les demandes ont augmenté de 350% depuis la « fin » de la guerre ; la Macédoine (une des principales « portes de l’Europe ») leur refuse l’entrée sur son territoire ; un accord UE-Afghanistan a même été signé pour organiser les retours forcés. Alors qu’au niveau médiatique le retrait de l’OTAN depuis 2014 laisse supposer une stabilisation du conflit, au contraire les victimes n’ont jamais été aussi nombreuses depuis 2009 que ces deux dernières années.
[le tract]