Le Parisien / jeudi 23 septembre 2016
Les gendarmes avaient essuyé des dizaines de coups de feu lors des émeutes qui avaient éclaté pendant quatre nuits à Beaumont-sur-Oise et à Persan, après la mort d’Adama Traoré. Un homme âgé d’une trentaine d’années, soupçonné d’avoir ouvert le feu au fusil de chasse, a été interpellé par les gendarmes le 4 septembre dernier, puis mis en examen pour tentative d’assassinat. Le suspect, proche de la famille Traoré, connu pour des faits d’extorsion et de trafic de stupéfiant notamment, a été placé en détention provisoire. Les gendarmes de la section de recherche de Versailles (Yvelines), chargés de l’enquête sur commission rogatoire d’un juge d’instruction, l’ont identifié notamment grâce aux prélèvements ADN effectués sur les étuis retrouvés dans la cité après les émeutes. D’autres tireurs sont toujours activement recherchés par les enquêteurs.
Après la mort d’Adama Traoré, survenue le 19 juillet dernier après son interpellation, une vague de violence avait submergé les deux communes de Beaumont et de Persan. Pendant quatre nuits, les gendarmes ont essuyé au moins une soixantaine de coups de feu, tiré au fusil de chasse de calibre 12 pour une grande partie. Mais les enquêteurs ont pu déterminer que des projectiles de calibre 7.65 ou 22 long rifle avaient été utilisés contre eux, probablement avec des armes longues. Une première dans le Val-d’Oise depuis Villiers-le-Bel.
Douze gendarmes et un policier ont été blessés lors des émeutes par ces tirs d’armes à feux qui visaient le plus souvent les visages. Ils ont été touchés malgré les gilets pare-balles et les casques. Signe de la violence des affrontements, un fourgon de gendarmerie, parmi la dizaine visée par les tirs, présentait environ 400 impacts de plombs. Autant de tirs qui n’ont pas fait l’objet de ripostes des forces de l’ordre avec leurs armes de service. À ce jour 38 gendarmes ont déposé plainte pour tentative d’homicide. 16 plaintes pour menaces de morts ont été également déposées.
Pour retrouver les tireurs, les enquêteurs disposent de douilles récupérées sur place lors de plusieurs opérations de ratissages systématiques du quartier après les émeutes. Ils ont également saisi une des armes probablement utilisée, découverte dans une cache dans le quartier de Boyenval, avec ses cartouches. Toute une série de planques ont également permis de récupérer des engins incendiaires.
L’enquête sur la mort d’Adama Traoré est conduite par l’inspection générale de la gendarmerie. Malgré deux autopsies, qui relèvent l’absence de coups et un syndrome asphyxique, l’origine de la mort n’a pas pu être déterminée. Un rapport intermédiaire des analyses en cours évoque une maladie du muscle cardiaque. Cette instruction judiciaire pourrait être dépaysée à la demande de la famille Traoré.