Deux saints manquent à l’appel ! Un vol très particulier de reliques s’est produit cet été dans la petite église de Magné. Personne n’a ébruité cette disparition et l’enquête se déroule dans la plus grande discrétion depuis la découverte fortuite du vol. Il remonte au cœur de l’été, fin juillet début août. C’est un bénévole de la paroisse qui s’en aperçoit. « Il vient ouvrir l’église de temps en temps car, depuis que nous avons eu des vols, elle n’était plus ouverte en permanence », explique Murielle Phelippon, maire de Magné qui a porté plainte.
« Le cierge pascal avait été volé, des petites croix aussi. Depuis on ne laissait pas ouverte. Mais là, c’est autre chose. Il a vu que les deux reliquaires qui sont accrochés au fond de l’église étaient vides. Il n’y avait plus les reliques dedans. Ce sont les os de Saint Porchaire et de Sainte Arthémie qui se trouvaient entourés dans un parchemin. On sait que les reliques étaient encore là le 28 juin, on les a vues sur les photos d’un baptême. »
Les voleurs se sont désintéressés des reliquaires, ces niches vitrées ouvragées dans lesquelles elles sont protégées et placées à la vue des fidèles.
A l’issue de l’inventaire des biens de l’église, ces reliques ont été versées dans le patrimoine de la commune, propriétaire de l’édifice. « Elles avaient été retrouvées au XVIIe siècle après avoir disparu. Peut-être que cette fois encore on les retrouvera mais dans deux cents ans », relève le maire sans trop y croire. La question du préjudice subi est épineuse car il est très difficile à estimer. « C’est n’importe quoi », réagit Thierry Allard, conservateur des antiquités et objets d’art de la Vienne. « Elles ont un intérêt historique, mais ça n’a pas de valeur. A moins qu’il n’existe des collectionneurs. » « Ce qui est sûr, c’est qu’ils savaient très bien ce qu’ils venaient chercher », estime le maire. Qui se cache derrière ce « ils », entre la piste des collectionneurs peu scrupuleux et les amateurs de messes noires. « C’est difficile de dire si c’est dans le même esprit que ce qui s’était passé à l’église de Naintré », reprend le conservateur. « Un ostensoir avait été vandalisé et des hosties dérobées. En tout cas, je ne vois pas l’intérêt de dérober des reliques du XVIIe qui se trouvent dans un parchemin datant du XIXe siècle. »
Depuis ce vol, l’église de Magné est désormais fermée. Elle ne sera plus ouverte que pour les rares offices et sur demande auprès de la mairie.
Si les vols d’objets religieux destinés à alimenter un marché parallèle sont fréquents, les vols de reliques le sont beaucoup moins… Enfin à notre époque. Au Moyen Age, la pratique était fréquente. Le culte des saints et les vertus attribuées à leurs restes étaient telles que ces vols étaient monnaie courante.