Ouest-France / mardi 16 juin 2015
Un arrêté préfectoral va le confirmer : le centre de la Gautrêche met la clé sur la porte jusqu’au 31 décembre. Entre incendie, conflit social et fugues, l’établissement connaît des épisodes houleux. C’est le dernier soubresaut en date au Centre éducatif fermé (Cef) de la Gautrêche, à La Jubaudière (Maine-et-Loire). Et il est brutal. Le 3 juin, le maire, Franck Aubin, avait déjà pris un arrêté de fermeture de ce site, établissement recevant du public. Et bientôt, ce sera au tour de la préfecture de prendre une décision similaire Décision imposant une « fermeture totale et temporaire jusqu’au 31 décembre 2015 », écrit dans un communiqué le gestionnaire du Cef, l’Association des cités du Secours catholique (ACSC).
Sous tutelle de la Protection judiciaire de la jeunesse, le centre accueille des adolescents de 12 à 17 ans, multirécidivistes, tous en placement judiciaire (aménagement de peine, contrôle judiciaire, sursis avec mise à l’épreuve…). La goutte d’eau qui a tout fait déborder : un incendie, le 28 mai, dans les murs du Cef. « Le soir même, on a vu qu’il s’agissait probablement d’un feu d’origine volontaire. Tous les systèmes de détection étaient détériorés », précise le maire. Le 2 juin, une commission de sécurité a rendu un avis défavorable, compte tenu des risques encourus par les neuf pensionnaires et le personnel. Ce sinistre n’est pas le premier incident à déplorer.
Début 2015, à trois reprises, des groupes de jeunes ont fugué, parfois en volant une voiture. À la même période, un conflit entre salariés aboutit au licenciement de la directrice. La situation est très tendue depuis quatre ou cinq ans. Une dizaine de salariés ont démissionné.
Dès son ouverture fin 2006, le Cef a connu quelques turbulences : fugues, démissions d’éducateurs débordés… Dans une lettre datée du 12 novembre 2012 que nous nous sommes procurée, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, avait écrit au contrôleur général des lieux de privation de liberté. Malgré des « constats positifs », elle demandait qu’une évaluation interne identifie « les points d’amélioration possibles du fonctionnement du centre ». À savoir : prise en charge, suivi des mineurs, temps d’échanges entre les agents du pôle éducatif et du pôle santé…
Franck Aubin ne cache pas sa lassitude : « Je ne remets pas en cause le Cef. Mais les choses ne s’arrangent pas. On ne peut pas jouer avec la sécurité. » La réglementation Perben de 2002 (prévoyant entre autres des alternatives à la prison) serait-elle inadaptée ? « Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, ce serait trop facile », répond le maire, qui attend de connaître les réactions des protagonistes, réunis ce matin lors d’un point-presse.
D’après nos informations, la plupart des pensionnaires du centre ont déjà été envoyés dans d’autres Cef ou des foyers spécialisés. Des réductions de peine pourraient intervenir. Ce week-end, il restait encore trois mineurs dans l’établissement, en attente d’un départ.
Quant aux salariés, l’association gestionnaire se conformera aux dispositions légales. Afin de permettre une réouverture du centre, elle pourrait « confier sa gestion à un autre opérateur ». La recherche de repreneurs potentiels demanderait cependant plusieurs mois.