Le Parisien / jeudi 16 avril 2015
Ils sont « hyperfiers! » sourient-ils tous les trois. Charles, Antoine et Alexys recevront samedi à Bourg-la-Reine le prix du civisme de l’association nationale des membres de l’Ordre national du mérite. Cette distinction récompense des mineurs ayant fait preuve d’héroïsme, de courage ou de dévouement. « Le 28 novembre 2014, ils ont arrêté un malfrat en train d’échapper à des policiers de la Brigade anticriminalité », rappelle Bernard Wenden, le président de la section neuilléenne de l’association. Devant le Théâtre des Sablons où ils ont garé leurs deux-roues, les trois longilignes lycéens de Neuilly, âgés de 16 ans, se remémorent bien vite les circonstances de l’arrestation dans laquelle ils ont joué un rôle décisif. « On a vu passer un homme en train de courir, puis un policier avec un brassard orange, le visage ensanglanté, se souvient Antoine. On a proposé à ce dernier de le prendre à scooter. »
Ni une ni deux, l’agent grimpe derrière Antoine. Alexys embarque Charles, et voilà les deux bolides lancés à la poursuite du fuyard. « Il a pris la rue d’Orléans, raconte Antoine. J’ai demandé à mon passager si je pouvais y aller, car la rue est en sens interdit. » Le brigadier lui dit de foncer. Leur cible profite de la circulation dense pour faire demi-tour. Mauvais choix. Il tombe nez à nez avec le deuxième équipage de ces forces de l’ordre improvisées. Alexys klaxonne. « Ça l’a surpris, il s’est retourné et je lui ai mis direct une balayette, explique Charles, ceinture marron de judo. Il est tombé et on l’a maîtrisé. » Les justiciers ont néanmoins vécu un moment cocasse. « Le policier nous a remerciés, ajoute Alexys. Ses collègues arrivés après, ne sachant pas ce que nous avions fait, nous ont virés ! »
Cinq mois plus tard, les trois ados ne réalisent toujours pas leur comportement exceptionnel. « On a juste voulu aider », lâche Alexys sous son épaisse chevelure.Tous trois ont appris plus tard l’histoire complète. « Il y avait en fait deux malfaiteurs, précise Bernard Wenden. Trois hommes de la BAC les ont appréhendés pour une affaire de vol. L’un des deux a pris la fuite après avoir blessé le brigadier d’un coup de tête. » Les « trois héros », comme les qualifie Bernard Wenden, conservent le détachement propre à leur âge. « Nos parents nous ont dit qu’on avait bien agi, mais que cela aurait pu être dangereux », s’amuse Alexys. « J’avoue avoir pensé qu’il pouvait être armé », concède Charles, qui a malgré tout affronté l’agresseur du policier.