La Nemesi / jeudi 6 avril 2023
Nous relayons la nouvelle d’une requête de surveillance spéciale à l’encontre d’un compagnon anarchiste, avec l’obligation de résider dans un petit village près de Spoleto, l’obligation de rester à la maison la nuit et de pointer chez les flics, tout cela pour la durée maximale prévue par la loi. Cette requête, qui lui a été notifiée seulement aujourd’hui (le 6 avril), dans le but évident de rendre difficile sa défense et toute initiative en solidarité avec lui, sera examinée le 18 avril par le tribunal de Pérouse.
La surveillance spéciale est une mesure préventive, qui a déjà fait ses preuves dans la répression de l’anarchisme révolutionnaire. La nouveauté de cette requête est qu’elle trouve son origine non pas dans une note informative des habituels ROS ou DIGOS, mais dans une note de février 2021 du Groupe d’investigation sur la criminalité organisée de la Guardia di Finanza [la police douanière et financière italienne ; NdT].
Selon ce qu’on peut lire dans leur paperasse, il s’agirait d’une enquête « dans le cadre de [leur] activité ordinaire », comme prévu par la réglementation antimafia de 2015, désormais élargie aussi au domaine de l’ainsi-dit antiterrorisme.
Bien que la note de la police financière conclue qu' »il n’y a aucune situation d’incohérence financière », le Parquet de Pérouse utilise comme prétexte ce document, ainsi que les antécédents de police et judiciaires du compagnon et ses procès encoure en cours, en plus que son opposition déclarée à se plier aux mesures d’émergence contre la Covid, pour en déduire son profil de dangerosité sociale et, du coup, demander une mesure préventive à son encontre.
La procureure Comodi ajoute à cette note une auto-citation, en faisant référence aux accusations d’origine prévues dans le cadre de l’opération Sibilla, pour laquelle elle avait demandé l’arrestation de huit compagnons, des mesures réduits par la suite à six contrôles judiciaires, dont la détention domiciliaire pour le compagnon en question – des mesures qui ont ensuite été révoquées à deux reprises, la dernière fois le 14 mars dernier. Comme c’est habituel dans ces circonstances, des accusations qui sont tombées dans la cadre d’une instruction sont présentées comme des « indices graves et actuels de la dangerosité sociale » du compagnon. Cependant, la très honnête procureure en vient à mentir, en soutenant que le Juge d’instruction aurait, à
l’origine [de l’opération Sibilla ; NdT] soutenu ses requêtes.
Le fait que, cette fois-ci, ce ne sont pas les habituels flics encagoulés du ROS ou de la DIGOS qui ont ramassé des indices incriminants est probablement dû à la volonté de ne pas provoquer une suspicion de conflit d’intérêts de la part de ceux qui, pendant plus de 15 ans, ont exprimé les attentions policières envers ce compagnon, en collectionnant aussi des nombreuses débâcles honteuses. Cela reste néanmoins dégueulasse qu’un compagnon qui travaille comme ouvrier, qui survit avec un salaire de prolétaire, soit sujet aux attentions des bien connues « Fiamme gialle » [la Guardia di finanza ; NdT], dont les tâches supposées seraient de découvrir les méfaits financiers des capitalistes.
Mais nous ne nous laissons pas duper par des tours de passe-passe. Cette requête a été faite précisément par la procureure Manuela Comodi, spécialisée dans les enquêtes contre les anarchistes, qui a récupéré un contrôle fiscal vieux de deux ans ; tour cela a lieu pendant les heures les plus dramatiques de la lutte ouverte par Alfredo Cospito avec sa grève de la faim. Cette requête se situe évidemment dans la lignée des initiatives contre-insurrectionnelles qui visent à garder les compagnons loin des rues.
En ce temps de guerre et de répression, sur ce front comme sur d’autres, nous n’acceptons pas la mise en garde de l’État.
Ombrie, 6 avril 2023