Stop A412 (74) – Le comité genevois des Soulèvements de la Terre refait la déco d’une des entreprises du projet
Les Soulèvements de la Terre / vendredi 13 décembre 2024
Dans la nuit du 12 au 13 décembre, le comité local des Soulèvements de la Terre – Genève s’est rendu au siège de Groppi TP à Margencel (Haute-Savoie) pour lui refaire sa déco de Noël. Groppi avait annoncé fin octobre son partenariat avec AMEDEA (du groupe Eiffage) pour la construction de l’autoroute A412.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU COMITÉ GENEVOIS (SUISSE) DES SOULÈVEMENTS DE LA TERRE
Toutes les infos sur le projet : ici
Nous appelons Groppi à rompre immédiatement le contrat qui le lie à AMEDEA pour la construction de l’autoroute A412 !
Le 28 octobre, Groppi annonce qu’il est fier d’être co-traitant de la construction de l’A412, aux côtés d’AMEDEA (du groupe Eiffage). Il décrit le projet comme « ambitieux » et « contribu[ant] au développement de la Haute-Savoie ».
Nous tenions à lui rappeler que les ambitions du projet sont bien réelles et destructrices : artificialisation et parcellarisation des terrains agricoles, contribution à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, destruction d’habitats naturels, concurrence avec le rail (bien plus écologique), favorisation des intérêts industriels, dépouillage de la population locale.
Le développement de la Haute-Savoie ne se fera pas à ce prix-là !
Eiffage et Amedea dépendent de contrats avec de « petites entreprises » pour construire leur foutue autoroute. Celles-ci peuvent leur fournir de la main d’oeuvre et de la matière première locale. Eiffage est gagnant sur toute la ligne, Groppi s’en met plein les fouilles et c’est encore les mêmes qui trinquent : les paysan.ne.x.s, les habitant.e.x.s loc.ales.aux et les victimes du réchauffement climatique local et global.
Petit rappel : Groppi n’est pas une petite entreprise (même si c’est un bien plus petit poisson qu’Eiffage). Elle réalise un chiffre d’affaire de plusieurs dizaines de millions chaque année. Pour atteindre un chiffre d’affaire pareil, ils sélectionnent leurs projets non pas pour ce qu’ils sont mais pour combien d’argent ils vont leur rapporter. Cette nuit, nous leur avons rappelé que cette stratégie irresponsable a un prix.
L’A412 est au bénéfice d’une déclaration d’utilité publique mais il serait bien plus correct de la sanctionner d’un certificat d’intérêt privé.
Comment se fait-il que des entreprises meurtrières ne cessent d’augmenter leurs chiffres d’affaire alors même que la population mondiale fait face à l’inflation sanglante ?
L’A412 illustre une fois de plus cette tendance. C’est le groupe Eiffage, par l’intermédiaire d’AMEDEA, qui a décroché le jackpot avec le contrat de concession de 55 ans pour la construction et la maintien de l’autoroute entre Thonon et Machilly. Eiffage, c’est 21,8 milliards de chiffre d’affaires en 2023 et 1 milliard de bénéfices. 46% de son chiffre d’affaires vient des concessions. Pour l’A412, AMEDEA va investir environ 300 millions d’euros (pas une grande somme à son échelle). Ensuite, pendant des dizaines d’années, l’entreprise profitera un max grâce aux péages de ce contrat de concession totalement à son avantage.
Alors que les prix montent partout en France, les riches actionnaires d’Eiffage voient encore leurs dividendes augmenter.
Pour Groppi, les chiffres sont moins vertigineux, mais son chiffre d’affaire s’élève tout de même à plus de 23 millions en 2023 (+2,2% de plus qu’en 2022).
L’A412 est-elle nécessaire pour les habitant.e.x.s du Chablais ou pour les entreprises alliées aux empires de la construction telles qu’Evian ou les Papeteries du Léman ?
Les prix des péages de l’A412 ne sont pas encore connus mais ils devraient être aux alentours de 5 euros pour 16.5km (la longueur du tronçon), c’est-à-dire ni plus ni moins que la peau du cul. C’est d’autant plus révoltant que cet argent part directement dans les poches des privés sans aucune possibilité de redistribution ou investissement dans des politiques solidaires.
Il est évident que cette autoroute bénéficie bien plus à d‘immenses entreprises qu’au Chablais et à ses habitant.e.x.s. Ne prenons que l’exemple d’Evian qui extrait 1,5 milliards de litres d’eau et met en circulation entre 140 et 180 camions par jour (chiffre qui pourrait encore augmenter avec l’A412). Alors même qu’ils n’utilisent pas tous les créneaux de fret ferroviaire qui leur sont attribués.
Dans le même temps, 75% des déplacements des habitant.e.x.s dans le Chablais sont d’une longueure égale ou inférieure à 3 km.
L’A412 est au bénéfice d’une déclaration d’utilité publique mais il serait bien plus correct de la sanctionner d’un certificat d’intérêt privé.
Comment tolérer que ces intérêts privés motivés uniquement par la croissance économique soient priorisés par l’Etat ?
Tous les coups sont permis pour engranger des millions. C’est comme ça qu’on pourrait résumer le business model d’Eiffage.
Il faut bien dire que l’Etat se plie en quatre pour lui accorder tous les avantages possibles et imaginables : revente des sociétés étatiques en 2006, accord entre l’Etat et les concessionaires extrêmement avantageux pour les privés en 2015 et des concessions-éternités qui sont pourtant critiquées même par la Cour des comptes et le Sénat (c’est-à-dire pas exactement des gauchistes).
Malgré tout ça, Eiffage ose annoncer que ces investissements représentent des risques pour eux et qu’ils sont prêts à assumer les pertes potentielles. Peut-on appeler ça autrement que du foutage de gueule ?
Comment rester silencieux.ses alors que l’on sait combien de recours ont été contournés par la justice française afin de réaliser les rêves d‘Eiffage et de ses complices ?
Les oppositions à l’autoroute sont multiples et fortes : le projet a plus de trente ans et les voix contestataires continuent à être invisibilisées.
Des alternatives existent pourtant, telles que le renforcement des services de transports publics. La construction de l’autoroute empêcherait la construction d’une deuxième voie de train, nécessaire pour les croisements et bloquerait donc l’augmentation de la fréquence des liaisons entre Thônon et Genève.
La déclaration d’utilité publique date de 2019, c’est-à-dire un moment où le Léman Express n’était même pas encore entré en service. Ainsi, toutes les décisions de justice validant le projet et son utilité reposent sur une situation tronquée.
Nous appelons Groppi à rompre immédiatement le contrat qui le lie à AMEDEA pour la construction de l’autoroute A412 !