Till all are free / mardi 29 août 2023
J’aimerais pouvoir me transformer en loup, de façon à pouvoir enfoncer mes crocs dans le ventre de la société, dans une orgie de destruction.
Bruno Filippi
D’un quelque coin des taules chiliennes.
Ayant terminé mes heures quotidiennes de promenade, je me lance de ma cellule dans l’écriture de ces quelques lignes, dans le but de trouver un bref moment de liberté qui interrompra ma réalité carcérale.
Si je pense à la solidarité anarchiste, la première chose qui me vient à l’esprit est mon arrivée en prison, quand mes compagnons, qui étaient déjà pris en otages à cause de différentes raisons politiques, se sont chargés de m’orienter et m’ont donné les instruments pour survivre dans ce monde hostile et indiffèrent.
La solidarité anarchiste montre clairement que la prison n’est pas la fin du chemin de la lutte, mais sa continuation. Les liens entre les prisonnier.es et des compas aux idées similaires, dehors, permettent aux détenu.es de continuer à participer à des initiatives ou à mettre en place des projets, ainsi qu’aux contributions de diffèrent.es compas [de sortir (?) ; NdAtt.]. De cette façon, il y a un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur qui enrichit l’anarchie et la garde vivante, à une époque où les États modernes perfectionnent les mécanises de contrôle, de surveillance et de répression.
C’est pourquoi le caractère internationaliste de la solidarité anarchiste est important aussi. La solidarité anarchiste où chaque coup, chaque action de propagande à travers le monde est de l’oxygène dans les veines du prisonnier, lui donne de la force pour suivre le chemin de la lutte et pour garder un esprit combatif.
Je suis profondément reconnaissant pour l’aide qui m’a été apporté par les compas de l’International Anarchist Defense Fund [Fond international de défense anarchiste]. Ça fait cinq mois que j’ai été privé de ma précieuse liberté, le 29 mars. Et, à l’approche de mon procès, les dépenses augmentent. Je suis reconnaissant pour l’aide désintéressé et pour l’engagement fidèle à la cause. J’aimerais pouvoir me transformer en loup, de façon à pouvoir enfoncer mes crocs dans le ventre de la société, dans une orgie de destruction.
Je lance un appel à la solidarité avec le compagnon Alfredo Cospito, qui continue à subir le harcèlement et la censure, aux mains de l’État italien, avec les compas emprisonné.es dans les taules grecques, avec Mónica et Francisco, qui restent droit.es, la tête haute, sans regrets ni hésitations, malgré leur procès et le danger de plus de 100 ans de prison, et avec Aldo et Lucas, prisonniers anarchistes accusés d’avoir fabriqué un engin explosif et de l’avoir placé à la direction nationale de l’administration pénitentiaire.
Ambro
prisonnier anarchiste
Centro Detención Preventiva Santiago 1
Chili
août 2023