Publicacion Refractario / samedi 11 septembre 2021
Cette semaine, ça fait 8 ans que différents groupes de la Croix Noire Anarchiste (CNA) et d’autres individus à travers le monde ont pris l’initiative d’organiser une semaine de solidarité internationale avec les anarchistes emprisonné.e.s et que cette semaine coïncide avec le jour dans lequel on commémore l’assassinat légal des anarchistes Bartolomeo Vanzetti et Nicola Sacco par le gouvernement américain, en 1927.
L’histoire officielle, écrite par les puissant.e.s, avec la collaboration de la gauche démocratique progressiste et d’une partie de l’anarchisme, s’est chargée surtout de créer une image victimiste de Sacco et Vanzetti, lointaine de toute pratique illégaliste. Tout cela est renforcé par le fait que l’appareil judiciaire américain a reconnu que dans le procès pénal qui a condamné Sacco et Vanzetti il y a eu de nombreuses irrégularités et qu’ils seraient « innocents » d’un point de vue judiciaire (une information qui a été connue de nombreuses années après le meurtre des deux compagnons). Les compagnons n’avaient probablement aucun lien avec l’expropriation de South Braintree, une chose importante à savoir et à faire connaître, tout comme il est également important de souligner que Sacco et Vanzetti étaient des anarchistes d’action, qui propageaient des idées anti-autoritaires et employaient différentes pratiques illégales.
Sur le territoire que nous appelons les États-Unis, dans les premières années du XXe siècle, il existait plusieurs groupes anarchistes informels qui se consacraient aux expropriations et à la diffusion d’idées d’opposition à la domination. Nicola et Bartolomeo participaient activement à l’un de ces groupes, plus précisément celui qui tournait autour du journal « Cronaca Sovversiva ». L’« histoire officielle » a omis ces derniers éléments, tout comme elle s’est bien gardée de rappeler la solidarité internationale que les compagnons ont reçu en 1927. Les manifestations de refus du procès politique/légal/policier ont été nombreuses, dans différents endroits, et de la même manière les explosions n’ont pas manqué, pour Sacco et Vanzetti, dont l’une des plus connues est l’action qui a détruit le consulat italien à Buenos Aires.
Ce n’est pas un hasard que ceux qui soutiennent le pouvoir et ses faux critiques utilisent et falsifient l’histoire qui touche à Sacco et Vanzetti, bien sûr ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière.
Les appareils répressifs de l’État enfreignent constamment leur propre légalité : ils organisent des coups montés, ils violent, il torturent, etc. etc. Ces pratiques, pour nous qui prenons position en tant qu’ennemis de l’hégémonie du Pouvoir, ne devraient pas nous surprendre… Faire confiance à la légalité démocratique de l’État ne fait pas partie de mon parcours politique. Mais ce n’est pas pour cela que j’ai l’intention de considérer comme naturels les abus que, jour après jours, les pouvoirs de l’État accomplissent ; les faire connaître n’est pas la même chose qu’être une victime.
Une semaine de solidarité spécifique avec les prisonnier.e.s anarchistes, je la vois comme une occasion supplémentaire de rendre visible ce qui se passe derrière ces hauts murs. Pour moi, la prison est un autre champ de bataille, qui transparaît dans les choses les plus petites et les plus quotidiennes.
La première fois que j’ai mis mes pieds dans une prison c’était il y a longtemps, depuis je n’ai jamais cessé de ressentir la solidarité de mes compas, cette solidarité que j’ai eue dans une étreinte fraternelle ou dans une bel éclat de lumière contre quelque symbole du Pouvoir.
Quatre-vingt-quatorze ans après l’assassinat légal des anarchistes Sacco et Vanzetti, rien ni personne n’est oublié.
Ceux/celles qui se battent contre le pouvoir seront toujours dans nos souvenirs.
*****
Un dessin de Mónica, publié sur Buscando la Kalle, le 31 août 2021. La légende qui l’accompagne dit « Rien à croire, rien à espérer de la part de la justice »