Act for freedom now! / mercredi 3 février 2021
Texte des compas anarchistes internationaux, en solidarité
Depuis le 8 janvier 2021, Dimitris Koufondinas, révolutionnaire emprisonné en Grèce, est en grève de la faim, pour protester contre son transfert à la prison de Domokos, un enfer moderne à haute sécurité, censé être un tombeau pour les prisonnier.e.s les plus insoumis.e.s du système carcéral grec. Même selon les règles de l’État grec, il aurait dû être renvoyé à la prison de Korydallos, à Athènes. Il est en prison depuis 2002, condamné pour son appartenance à l’organisation révolutionnaire 17 Novembre, désormais démantelée, et les actions que celle-ci a mené.
Même si nous ne sommes pas d’accord avec la position théorique de ce groupe du passé, nous pensons qu’il est important de présenter une vue d’ensemble de cette organisation, qui a mené une campagne de guerrille urbaine qui s’est étalée sur plus de 27 ans, avec des braquages, des homicides et des attaques à la bombe contre l’État grec, contre des banques, des entreprises et qui a pris pour cible aussi les intérêts américains, turques et britanniques en Grèce, comme dans le cas de l’exécution de Richard Welch, un dirigeant de la CIA, et de Stephen Saunders, attaché militaire britannique. Parmi ses autres actions significatives il y a :
– 11 expropriations bancaires, pour un total de 3,5 millions de dollars
– l’homicide de Pantelis Petrou, directeur adjoint de la police anti-émeute (MAT)
– l’homicide de George Tsantes, directeur adjoint du Groupe d’entraide militaire grec-américain
– l’homicide de l’éditeur de journaux d’extrême droite Nikos Momferatos. La revendication laissé à côté de son corps accusait Momferatos d’entretenir des liens avec la CIA et disait que la Grèce « reste un régime fantoche dans les mains des impérialistes américains et de l’économie »
– l’homicide de Dimitris Angelopoulos, un de plus importants industriels grecs, parce que lui et les autres membres de « la classe de la lumpen-haute-bourgeoisie » étaient en train de piller la Grèce, aux dépenses des travailleurs
– l’homicide le plus significatif, par rapport au présent, a été celui du député de Néa Dimokratía Pavlos Bakoyannis, en septembre 1989. Il s’agissait du père de Kostas Bakoyannis, actuel maire d’Athènes, et mari de Dora Bakoyannis, née Mitsotakis, sœur de l’actuel Premier Ministre Kyrias Mitsotakis [elle a été elle aussi maire l’Athènes, ministre de la Culture et ministre des Affaires étrangers – elle et Kyrias sont les enfants de Konstantinos Mitsotakis, leader de Néa Dimokratía et Premier ministre de 1990 à 1993 ; NdAtt.]
– d’autres homicides, comme ceux du capitaine de la marine militaire états-unienne William Nordeen, attaché militaire à l’ambassade américaine, dont la voiture a été détruite par une bombe à quelques mètres de son habitation, et celui du sergent de l’armée de l’air états-unienne Ronald O. Stewart, tué par une bombé commandée à distance. Çetin Görgü, attaché de presse turc, a été tué par balles dans sa voiture et Ömer Haluk Sipahioğlu, coneiller de l’ambassade turque, a été tué par balles dans une rue d’Athènes. L’armateur Constantinos Peratikos a été tué par balles lors qu’il quittait son bureau.
– en 1985, le groupe a fait exploser sa première bombe, visant un car de la police anti-émeute : une longue mèche a fait exploser un engin explosif assemblé à partir d’explosif de carrière volé. Un flic a été tué
– lors de sa première attaque de basse intensité, contre des propriétés, la 17N a placé des bombes contre quatre bureaux de perception des impôts
– en décembre 1989, la 17N a volé 114 roquettes anti-char, dans un dépôt de l’armée grecque à Sykourion, près de Larissa. Entre 1990 et 1999, la 17N a mené 24 attaques à la roquette, toutes sauf trois visant des biens plutôt que des êtres humains. En novembre 1990, une attaque à la roquette contre la limousine blindée de l’armateur Vardis Vardinogiannis a échoué. Ensuite il y a eu une attaque à la roquette contre un siège de British Petroleum. En mai 1991, une attaque à la roquette contre les bureaux de Siemens. En décembre 1991, contre Viohalco, une industrie lourde grecque. En 1991, la 17N a aussi visé avec une roquette un car de la police anti-émeute, en tuant un flic et en blessant 14. En mai 1994, ça a été le tour du bâtiment d’IBM. En mars 1995, deux roquettes contre la chaîne de télévision Mega Channel. Le groupe a utilisé une autre roquette pour attaquer une filiale d’American Citybank situé en centre ville, en provoquant des dégâts, mais aucune victime, étant donné que l’ogive n’a pas explosé. Cette roquette a été lancé par commande à distance, depuis une voiture garée devant la banque, en rue Drossopoulou, dans le quartier athénien de Kypseli.
– le 29 juin 2002, les autorités grecques ont capturé Savvas Xiros, blessé après une attaque explosive manquée contre la compagnie de ferry Minoan Flying Dolphins, au Pirée. La fouille de Xiros et son interrogatoire [effectué pendant qu’il était à peine conscient, blessé et étourdi par des fortes doses de médicaments ; note de Malacoda à la traduction italienne de ce texte] portent à la découverte de deux caches et à l’arrestation de six autres suspects, y compris deux frères de Savvas. Alexandros Giotopoulos, ancien étudiant en mathématique, âge de 58 ans et vivant en clandestinité depuis 1971, a été identifié comme le chef du groupe et arrêté le 17 juillet 2002 sur l’île de Lipsi. Le 5 septembre, Dimitris Koufondinas, considéré comme le chef opérationnel du groupe, s’est rendu aux autorités.
Des camarades grecques nous ont dit qu’à cause de son age (68 ans) l’état de santé de Dimitris s’est gravement détérioré, qu’il est souvent inconscient et qu’il peut sombrer dans le coma ou mourir. Il sera bientôt envoyé dans la section de l’hôpital destinée aux personnes mourantes.
Comme nos camarades grecs, nous voyons dans le choix de l’État grec d’isoler Koufondinas et de ne pas le transférer à la prison de Korydallos la tentative flagrante d’exterminer un révolutionnaire pour se venger de l’homicide de Pavlos Bakoyannis de la part de la 17N. En plus de cela, il y a l’attaque à la mémoire de la « lutte armée » qui a eu lieu non seulement contre l’État grec, mais aussi contre tous les systèmes de pouvoir, à un niveau international. Cela dans le but d’effacer la mémoire de ceux/celles qui osent utiliser la violence révolutionnaire contre eux, comme cela a été fait par des nombreux groupes révolutionnaires par le passé. Ce n’est pas une coïncidence si, après la « crise économique » et l’actuelle « pandémie », ceux qui contrôlent nos vie à niveau global essayent d’écraser les ruptures qui ont encore lieu, afin d’imposer à travers le monde un nouveau apparat encore plus répressif. Ils veulent effacer le souvenir du fait que la violence a été une menace pour eux. Exactement comme ils essayent, encore aujourd’hui, de diviser « violents » et « non-violent ».
Aujourd’hui plus que jamais, nous voulons agir sur un plan international, pour que personne ne reste isolée. Pour qu’ils ne puissent pas essayer de détruire notre mémoire, pour qu’il y ait une suite !
De la plus petite étincelle peut surgir une tempête qui ne sera jamais arrêtée.
Dimitris Koufondinas ! Le conflit continuera !
Force aux compagnons anarchistes qui sont eux aussi en grève de la faim : G. Dimitrakis et N. Maziotis !
Compas anarchistes internationaux, en solidarité