Le Numéro Zéro / dimanche 29 novembre 2020
Depuis des années, les luttes sociales et écologistes sont largement envisagées dans une stratégie défensive, comme ce fut le cas lors de la loi travail, les Z.A.D, le début du mouvement des gilets jaunes et plus récemment la lutte contre la réforme des retraites.
Par essence, la stratégie défensive ne peut pas mener à des victoires, au pire elle mène à des défaites et au mieux elle ne change rien.
La stratégie défensive reste tout de même importante, mais nous ne pourrons pas espérer obtenir un changement de société uniquement avec des stratégies défensives.
Il est donc essentiel de passer à une stratégie offensive si nous voulons voir s’opérer un changement de société.
Il existe de nombreuses stratégies offensives. Nous allons développer ici, la stratégie de la guérilla, comme horizon de lutte à venir.
Évidemment, avant de commencer à définir précisément une stratégie et des tactiques, il faudra réfléchir en amont aux problèmes de la société et à nos objectifs.
Quelles conditions pour déclencher une guérilla ?
La guérilla est une option à envisager si nous sommes moins fort·es que le camp adverse.
Il faut se rendre à l’évidence, la police est plus forte que nous actuellement.
Nous pouvons considérer que la police n’est pas de notre camp, puisqu’elle exécute les ordres de l’État et réprime nos luttes.
Pour déclencher une guérilla, il faut aussi être soutenu par une partie non-négligeable de la population, même si celle-ci ne viendra pas forcément au front de lutte.
Typiquement, une guérilla peut être déclenchée dans un état oligarchique et autoritaire, là où une grande partie de la population ne soutient pas ses dérives autoritaires.
À noter qu’une guérilla n’est pas synonyme d’une lutte armée, ou d’un conflit sanglant.
La guérilla est avant tout une stratégie, principalement constituée d’actions de sabotage, d’affrontements asymétriques, de communication et de résilience.
Voici quelques principes de cette stratégie :
Agir en furtivité, les actions doivent être de courte durée, ce qui empêchera le camp adverse de prendre le dessus sur la situation.
Éviter la confrontation face aux forces de police, qui disposent d’une importante force de répression. Le conflit asymétrique en votre faveur, est à prioriser.
À noter que les manifestations telles que nous les connaissons aujourd’hui en France ont quand même leur place dans une optique de guérilla.
Une répétition très intense des actions, et ce peu importe la grandeur de celles-ci. Il ne faut pas laisser de moment de répit à l’adversaire.
Mener des actions sur différentes cibles pour déstabiliser l’adversaire.
Faire en sorte que les actions soient communiquées publiquement notamment via les réseaux sociaux et divers médias. (le tout en ne compromettant pas la sécurité de l’action.)
Préparer les actions et suivre des plans bien préparés à l’avance, prévoir également des plans de secours.
Vous réduirez ainsi les risques que votre action soit confuse et tourne mal.
Agir par surprise à un moment ou un endroit inattendu.
Agir sur une vulnérabilité du camp adverse.
Se disperser immédiatement après l’action et réintégrer la vie « normale » pour éviter les représailles du camp adverse.
Faire un travail de renseignement sur les cibles (travail à faire de préférence par des personnes qui ne seront pas là au moment de l’action)
Former des groupes d’actions de très petites tailles (essayer de ne pas être plus de trois). Un nombre plus important augmentera les chances de compromettre votre sécurité, ainsi que le bon suivi du plan.
Mettre en place des initiatives résilientes et solidaires du front de lutte.
Une fois que la stratégie est établie, il faut désormais choisir les cibles.
Il faut réfléchir sur l’impact de l’action, ainsi que la facilité à la réaliser. Il est aussi important de réfléchir aux risques encourus et d’en prendre compte.
Pour choisir une cible de manière méthodique, il existe ces différentes questions :
Criticité : À quel point la cible est-elle critique vis-à-vis de votre objectif principal ?
Accessibilité : Est-il facile d’accéder à la cible ?
Réparabilité : Combien de temps faudra-t-il pour réparer la cible ?
Vulnérabilité : Est-il facile d’endommager la cible ?
Effet : Dans quelle mesure la perte de la cible va-t-elle nuire ?
Reconnaissance : La cible est-elle facile à identifier ?
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