Ouest France / mercredi 1er avril 2015
Trois détenus devant le tribunal pour violence
L’un des prévenus, tous incarcérés au centre pénitentiaire, a roué de coups deux surveillants, jeudi sur une coursive. Les deux autres ont comparu pour complicité.
En gilet pare-balles et casques lourds, une escorte de onze policiers a accompagné trois détenus du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe au palais de justice, ce mercredi. Un Antillais de 29 ans a comparu pour violences envers deux surveillants, jeudi soir sur une coursive de la maison centrale 2.
Les deux autres, un Ornais et un Franco-Brésilien, âgés de 25 et 27 ans, ont été présentés au tribunal correctionnel pour complicité. Il leur a été reproché d’avoir retenu par l’épaule l’un des deux surveillants pour l’empêcher d’intervenir. Bilan : des contusions, des hématomes et une fracture du doigt.
Menottés aux mains et aux chevilles, les trois prévenus ont demandé un délai pour préparer leur défense. Condamné à de nombreuses reprises et libérable en 2019, le premier conteste avoir commis ces violences avec l’aide d’une arme, à savoir une poignée de musculation. Il demande son transfert, « partout sauf à Condé ! » Après avoir insulté le substitut du procureur, il est évacué de la salle.
Les deux autres sont en prison pour vols, extorsion, outrage, dégradation (23 mentions au casier judiciaire) et pour vol avec violences ayant entraîné la mort. Ils sont libérables en 2020 et 2028. « Y a le temps », lâche en souriant le plus lourdement condamné.
« J’aurai ma justice ! »
Le Franco-Brésilien dénonce des brutalités : « Hier soir, les surveillants m’ont menotté, frappé au sol et ouvert le crâne ! » dit-il en montrant une blessure à son front. L’homme se tourne vers la salle, où deux représentants du personnel et le directeur du centre pénitentiaire assistent à l’audience. « Il y a de bons et de mauvais surveillants, c’est toujours avec les mêmes qu’on a des problèmes. Je ne les oublierai pas ! Quand je vais sortir, moi aussi j’aurai ma justice ! »
Son voisin acquiesce : « Pour comprendre ce qui se passe à Condé, il faut y venir. Quand ça pète, les surveillants sont en première ligne, c’est leur job. Mais il y a un grand malaise. Et la direction ferme les yeux. »
L’affaire est renvoyée au 29 avril. À la sortie du palais de justice, Emmanuel Baudin, secrétaire interrégional de Force Ouvrière pénitentiaire, n’est pas surpris par le comportement et les menaces des prévenus. « Ils se montent la tête entre eux. Mais la vidéo de l’agression des collègues sera diffusée à l’audience. Et tout sera dit. »